Le bref : Sommet 2022 des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique Sud) en Chine.
Ces deux derniers jours, la presse indienne faisait la Une sur le sommet des BRICS, le groupe des 5 plus grands pays en voie de développement dans le monde : Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du sud.
Les BRICS, 5 pays mais plus du tiers de la population mondiale
Ils représentent 41 % de la population mondiale, 24 % du PIB mondial et 16 % du commerce mondial. Le sommet est accueilli par la Chine en mode virtuel et a pour thème « Favoriser un partenariat de qualité entre les BRICS, ouvrir une nouvelle ère pour le développement mondial« .
Lors de la cérémonie d’ouverture mercredi soir, Narendra Modi a insisté sur le rôle des BRICS dans la reprise économique après la pandémie de Covid-19 et a présenté l’Inde comme un partenaire économique solide et une destination pour les investissements dans un grand nombre de domaines, notamment la technologie, l’innovation et les start-ups.
Vladimir Poutine a déclaré que des négociations étaient en cours pour ouvrir des chaînes de magasins indiennes en Russie. Il a également ajouté que les exportations de pétrole russe vers l’Inde ont connu une augmentation notable.
Xi Jinping a déclaré que les sanctions politisent et militarisent l’économie.
Jair Bolsonaro a lui uniquement parlé des réussites de son pays.
La presse indienne et internationale ne s’est pas fait écho de la déclaration du président sud africain..
Le torchon brûle entre le Kremlin et l’Elysée.
La présence à un sommet du groupe des BRICS d’un dirigeant ayant adopté une politique « hostile » envers la Russie serait inappropriée, a déclaré ce jeudi le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov, cité par l’agence RIA.
L’information a été confirmée par Mme Colonna, lors d’une conférence de presse tenue lundi 19 juin avec son homologue Naledi Pandor. “Nous n’en avons pas parlé aujourd’hui, mais nous en avions parlé le 26 mai” dernier, à l’occasion de la visite de la cheffe de la diplomatie sud-africaine à Paris. La responsable française a justifié la volonté du président de participer à ce prochain sommet des BRICS par la nécessité de “dialoguer”. “Il nous semble que dialoguer est toujours positif, même quand on n’est pas 100% d’accord sur tout. Il faut parler pour se comprendre et pour trouver des solutions”, a-t-elle expliqué, relayée par RFI. “Nous réfléchissons à haute voix, mais c’est évidemment une décision que les pays concernés sont seuls à même de prendre”.
Naledi Pandor n’a pas écarté la possibilité d’une telle visite. “Si cela se produisait, ce serait une innovation au sein du modèle de participation des BRICS actuel, mais cela pourrait amplifier la portée mondiale du forum des BRICS”, a-t-elle déclaré. Mais quelles sont les chances d’une participation de Macron à ce sommet ?
D’un côté, la cheffe de la diplomatie française exige une invitation “dans le plein respect du droit international”. Un clin d’œil à une possible présence du président russe Vladimir Poutine, visé par un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour “crime de guerre”. Allié traditionnel du Kremlin, Pretoria, membre de la CPI, est supposé interpeller le président russe s’il se rendait en Afrique du Sud, qui a toujours refusé de condamner Moscou depuis le début de la guerre en Ukraine.
Pour Moscou, Macron n’est pas le bienvenu
D’un autre côté, la décision finale qui revient à Ramaphosa en sa qualité de président de la “puissance invitante”, doit justement mettre dans la balance la réaction de la Russie, peu emballée par la demande du chef de l’Élysée. Le message est clair: “Les chefs des États qui mènent une politique hostile à l’égard de la Russie ne sont pas les bienvenus au sommet des BRICS”, écrit Sputnik. C’est le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Ryabkov qui a exprimé la position officielle russe à Pretoria.
« Il est clair que les chefs des États qui mènent une politique aussi hostile et inacceptable pour nous, qui arguent avec tant d’insistance et avec conviction que la Russie doit être isolée sur le plan international, qui partagent la ligne de l’ensemble de l’OTAN prônant notre prétendue défaite stratégique, un tel leader n’est pas convenable en tant qu’invité des BRICS”, a-t-il dit, espérant que cette position “sera pleinement acceptée ».
Si Macron assistait au prochain sommet des BRICS, il serait le premier dirigeant d’un pays du G7 à le faire. Le chef de l’Elysée partage avec les autres dirigeants des BRICS le projet de refondre l’ordre financier et géopolitique actuel, mais les approches semblent très différentes. Les BRICS se tournent vers une dédollarisation tandis que la France accueille ces jeudi 22 et vendredi 23 juin 2023 le sommet pour un “nouveau pacte financier” à Paris, avec pour objectif de “poser les bases d’un nouveau système financier mondial, et de mieux armer en priorité les États fragiles contre le changement climatique et la pauvreté”.
Le chef de l’Élysée a aussi des relations ambiguës avec les pays membres de cette organisation, particulièrement la Russie et la Chine. Si la France a maintes fois appelé à des négociations de paix entre Moscou et Kiev, elle est également l’un des principaux fournisseurs de l’Ukraine en armes lourdes et équipements militaires. Lors de sa visite en Chine en avril 2023, première rivale des États-Unis, il a appelé l’Union Européenne à ne pas être “suiviste” de Washington, particulièrement sur la question taïwanaise. Un mois plus tard, il co-signe un communiqué des dirigeants du G7 qualifiant la Chine de “plus grand défi pour la sécurité et la prospérité mondiales”.
“Intermédiaire” entre le Nord et le Sud
À travers cette demande d’invitation au sommet des BRICS, tout comme l’organisation du sommet pour un “nouveau pacte financier” à Paris ou son appel à un “ordre mondial unique” en novembre 2022 depuis la capitale thaïlandaise Bangkok à l’occasion sommet de la Coopération économique pour l’Asie-Pacifique (APEC), Emmanuel Macron remet sa casquette d”’intermédiaire” entre les pays du Nord et du Sud. Il avait déjà appelé en septembre 2022 à “bâtir un nouveau contrat entre le Nord et le Sud” pour “éviter la fracture du monde”.
Si son approche est qualifiée par un professeur à Science-Po, Bertrand Badie, de “vieille vision gaullienne”, ce dernier reconnaît à Macron “une lucidité de comprendre que la sortie des crises actuelles passe par un ciblage préférentiel des pays du Sud et en particulier des émergents”.
En tout cas, la décision d’inviter ou pas son homologue français est attendue de la part du président sud-africain, Cyril Ramaphosa, présent ces deux jours à Paris à l’occasion du sommet pour “un nouveau pacte financier”.
JM/AFP