À l’issue des élections locales du 2 septembre, le parti de l’ancien président, rentré à Abidjan en 2021, n’a pas réalisé le retour triomphal tant espéré par ses militants.
Deux communes sur 201 et aucune région sur 31. C’est le maigre score obtenu par le Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA–CI) de Laurent Gbagbo après la publication des résultats des élections locales du 2 septembre par la Commission électorale indépendante (CEI). À Ouragahio, au nord de Gagnoa, ville de naissance et fief historique de l’ancien président, Pierre Dacoury–Tabley est sorti vainqueur avec 51,46% des suffrages. Antoine Kanga Kacou tire également son épingle du jeu à M’Batto, dans le Moronou, situé dans le centre–est du pays.
Bien loin du mot d’ordre lancé par Laurent Gbagbo, qui avait exhorté les militants à «< aller gagner les élections », cest locales ressemblent à un rendez–vous manqué pour le PPA- Cl. Plusieurs membres de l’entourage de l’ancien président ont été tenus en échec. À commencer par son fils, le député Michel Gbagbo, qui partait à la reconquête de Yopougon, considéré comme un fief pro–Gbagbo.
Défaite à Yopougon
Après un scrutin très disputé, il a finalement été battu par Adama Bictogo, le candidat du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP, au pouvoir). Alors que le président de l’Assemblée nationale
célébrait sa victoire, ses deux adversaires, eux, criaient à la
fraude. Michel Gbagbo et le candidat du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), Dia Houphouët Augustin Yohou, ont. annoncé dimanche soir lors d’une conférence de presse
conjointe qu’ils ne reconnaissaient pas la victoire de Bictogo.
et dénoncé un «< hold–up électoral ».
Adama Bictogo remporte le match de Yopougon, l’opposition conteste
Pour le directeur de campagne de Michel Gbagbo, Bertin
Kouassi Kouadio, « des cartes d’électeurs ont été distribuées à des non–électeurs pour participer au vote dans plusieurs bureaux de vote à travers Yopougon ». Il a également mentionné << de violentes répressions accompagnées de nombreuses menaces verbales proférées à l’encontre des représentants des bureaux de vote et des superviseurs des candidats de l’opposition ». À Yopougon, l’opposition – et donc le PPA–CI – a pâti de sa division et de son absence d’accord pour constituer une liste commune. Avec Dial Houphouët à 19,38 % et Gbagbo à 35,38 %, leurs deux listes. avaient de quoi battre Bictogo, qui l’a emporté avec 44,32 %
des voix.
Victoire dans la Nawa
Dans les autres communes d’Abidjan, les candidats du PPA–CI
n’ont pas réussi à faire le poids face à ceux du PDCI et du RHDP. À Port–Bouët, par exemple, le porte–parole du parti, Justin Katinan Koné, est arrivé en troisième position avec 15,64 %.
S’il n’a remporté que deux communes sur ses propres listes,
le parti de l’ancien président a tout de même remporté quelques victoires grâce à ses alliances avec le PDCI. Dix communes, dont les têtes de listes étaient issues de l’ancien parti unique, ont ainsi été gagnées. C’est également grâce à une alliance avec le PDCI que le parti a réussi à battre l’ancien ministre des Eaux et Forêts, Alain–Richard Donwahi,
aux élections régionales dans la Nawa.
Faible score dans l’ouest
Dans le Cavally, le président du groupe parlementaire du
PPA–CI et président exécutif du parti, Hubert Oulaye, s’est
incliné face à Anne Désirée Ouloto, la ministre de la Fonction publique. Sa désignation par Laurent Gbagbo pour diriger son nouveau parti avait été perçue comme un geste à l’égard
de l’ouest, où la coalition pro–Gbagbo Ensemble pour la démocratie et la souveraineté (EDS) avait obtenu aux législatives de 2021 sept des huit députés requis pour former un groupe parlementaire.
En Côte d’Ivoire, Hubert Oulaye défie Anne Désirée Ouloto, alias << Maman Bulldozer >>
Mais cette fois, dans les quatre communes de la région, le RHDP est arrivé en tête dans deux d’entre elles: Guiglo et Taï. L’alliance de l’opposition, elle, a remporté les deux. autres, à savoir Toulepleu et Blolequin. Hubert Oulaye a lui aussi dénoncé de nombreuses irrégularités et a déclaré ne pas reconnaître la victoire de son adversaire.
Vers un changement de stratégie ?
Un autre poids lourd du PPA–CI à s’être incliné est Georges Armand Ouégnin dans le Sud–Comoé. Dans le Haut- Sassandra, l’alliance entre Stéphane Kipré, ex–gendre de Laurent Gbagbo, et le président de région PDCI sortant, Alphonse Djédjé Mady, a été battue par le ministre de la Promotion de la jeunesse, Mamadou Touré. Après l’annonce. des résultats, Stéphane Kipré a félicité son adversaire et a reconnu sa défaite.
Quelles seront les conséquences politiques de ces résultats pour le PPA–CI ? Pour l’heure, aucune communication. officielle n’a été faite par le parti, qui comptait reprendre son combat pour la réinscription de Laurent Gbagbo sur les listes électorales après les locales.
Pour sa première participation à des élections depuis sa création, en octobre 2021, le parti de Laurent Gbagbo comptait jauger son implantation et son poids sur le plan.
national avant la présidentielle de 2025. Son faible score aux locales devrait conduire les cadres du parti à redéfinir leur stratégie face au raz de marée du RHDP, qui a remporté 123 communes et 25 régions. Le PDCI, lui, tire son épingle du jeu après le décès de son chef emblématique, Henri Konan. Bédié, tandis que les indépendants créent la surprise en se hissant à la tête de 41 communes et d’une région.
JM.Source :JA.