La grande majorité des écoles en Haïti imposent des restrictions à la chevelure crépue. Les cheveux “grenn” [littéralement “graines” en créole haïtien] sont “plus difficiles à coiffer en grandissant et ne sont pas très beau à voir”, explique la directrice de l’école mixte Union des cœurs, Anne Sydoma Zamor Vilpigue.

L’un des cas les plus fréquents que la normalienne dit rencontrer concerne celui de parents trop occupés pour surveiller comment leurs enfants vont à l’école :

“Ces élèves arrivent donc avec leurs cheveux non coiffés. Et, même quand ils peuvent ne pas l’être en réalité, leurs cheveux paraissent sales.”

“Si on a les cheveux très crépus, rapporte D.J., scolarisé au Collège canado-haïtien depuis 2016, les responsables mettront davantage de pression pour qu’on les coupe, parce qu’ils paraissent plus laids à leurs yeux comparés aux cheveux d’autres élèves, qui sont plus soyeux ou bouclés.”

La sociologue martiniquaise Juliette Sméralda traduit ce regard négatif porté sur le cheveu crépu comme un rejet du type de cheveu en question. Pour asseoir son argumentaire, dans une entrevue avec AyiboPost, l’autrice de Peau noire, cheveu crépu [éd. Jasor, 2005] remonte à l’époque coloniale.

Le problème, selon elle, survient avec le choc de civilisations lorsque l’Européen autodécrit comme Blanc pénètre l’univers du Noir avec arrogance et agressivité, puis se permet de regarder le cheveu crépu avec horreur et mépris.

Ce problème remonte à très loin, analyse la sociologue :

“Les Noirs qui sont à la tête des institutions aujourd’hui sont [parfois] les substituts des Blancs à l’époque des plantations.”

Symbole d’identité culturelle

Ils dirigent des institutions qui parfois remontent à l’époque coloniale. Voilà pourquoi ils vont avoir tendance à “forcer leurs pairs à rentrer dans un corps qui n’est pas le leur”.

Pour les filles en milieu scolaire, la coiffure afro est l’interdiction qui revient le plus. Or elle est un symbole d’identité culturelle.

Ayibopost