19 mai 2024
Paris - France
ECONOMIE

Des maires de l’opposition se rebellent contre la fermeture des commerces non-essentiels

Le nouveau confinement est en place depuis moins de 24 heures et déjà, plusieurs municipalités se rebellent. Des maires de gauche, de droite et d’extrême droite ont annoncé ce vendredi prendre des arrêtés municipaux afin d’autoriser l’ouverture des commerces dits « non-essentiels » dans leurs villes, estimant cette mesure injustifiée ou discriminatoire par rapport aux grandes enseignes. Ces arrêts pourraient toutefois être retoqués car jugés « illégaux » par les préfets.

De son côté, l’Association des maires de France (AMF) appelle le gouvernement à « revoir rapidement la définition de commerce de première nécessité et de l’élargir », notamment aux librairies et au salon de coiffure.

· Perpignan (Pyrénées-Orientales)

L’élu du Rassemblement National Louis Aliot a jugé que la fermeture des petits commerces du centre-ville de Perpignan était « totalement incohérente et va à l’encontre de l’égalité de traitement des commerces. » Lors d’une conférence de presse, l’édile a donc annoncé la réouverture des magasins non alimentaires de sa ville, en déclarant:

« Il n’y a pas plus de risque à fréquenter les boutiques de la ville qui appliquent parfaitement les protocoles de sécurité, que d’être contaminé dans les grandes surfaces. »

· Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire)

Le maire Les Républicains Gilles Platret a annoncé dans un post Facebook avoir pris un arrêté semblable, s’en expliquant ensuite sur notre antenne:

« Le décret tel qu’il a été pris par le pouvoir, crée des conditions qui propagent la contamination. Les supermarchés ne sont pas en capacité d’empêcher cela alors que les petits commerçants, dans leurs échoppes, dans leurs boutiques, sont en capacité de leur faire. C’est du bon sens, ce n’est pas une rébellion », assure-t-il.

· Migennes (Yonne) et Decize (Nièvre)

François Boucher (LR), élu de la commune de Migennes, dans l’Yonne, a également pris un arrêté pour autoriser les petits commerces à ouvrir dans sa commune, estimant que l’actuel protocole va à l’encontre d’une « égalité de traitement »:

« Vous rentrez dans les grandes surfaces, vous achetez aussi bien de l’habillement que de l’électroménager, que tout ce qui se trouve dans les centres-villes. Donc il y a un problème de fond, qu’il faut impérativement que l’État règle », s’est-il justifié auprès de nos confrères de France Bleu.

La maire socialiste de Decize (Nièvre), Justine Guyot, considère également qu’il y a « une rupture d’égalité » entre les petites enseignes et les grandes surfaces et a donc pris le même arrêté. Dans une interview au Journal du Centrel’élue espère que sa décision fera « boule de neige »:

« Ça peut faire boule de neige et faire bouger les choses si les maires montent ainsi au créneau », espère-t-il.

· Fresnay-sur-Sarthe (Sarthe)

« C’est une décision de bon sens, une décision de traitement identique sur le même territoire. J’ai un supermarché qui peut ouvrir tous ses rayons et j’ai une dizaine de petits commerçants qui ont déjà fermé pendant plus de deux mois et qui sont encore obligés de fermer. On ne comprend pas cette décision », s’indigne Fabienne Labrette-Menager, maire LR de Fresnay-sur-Sarthe, auprès de BFMTV.

Cette dernière demande donc que la grande distribution ne vende que de l’alimentaire.

Problème, ces arrêtés doivent être transmis au préfet qui peut lui, tout à fait demander son annulation auprès du juge administratif. C’est justement ce qu’a fait Julien Charles, préfet de Saône-et-Loire, qui a porté l’affaire devant le tribunal administratif de Dijon ce jour.

Article original publié sur BFMTV.com

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Pour Elles

Reconfinement : la fermeture des librairies, un choix “profondément injuste”

Reconfinement : la fermeture des librairies, un choix “profondément injuste”
 

Parmi les multiples mesures de reconfinement détaillées jeudi soir, la fermeture des librairies préoccupe le milieu culturel français. Les syndicats du secteur ne comprennent pas ce choix et des initiatives sont organisées pour soutenir une profession déjà éprouvée économiquement par le confinement du printemps dernier.

Les libraires indépendants font grise mine, vendredi 30 octobre, au premier jour du reconfinement en France. Exclus de la liste officielle des magasins de vente pouvant poursuivre leur activité sous certaines conditions, les professionnels du secteur ne comprennent pas ce choix de leur faire refermer boutique. “Puisque les théâtres et les cinémas sont fermés, la librairie est le dernier endroit où on peut avoir accès à la culture”, explique Anne Martelle, présidente du Syndicat de la librairie française (SLF), contactée par France 24. “C’est une activité culturelle peu risquée, et c’est dommage de ne pas la maintenir.”

Ces derniers jours, le milieu culturel n’a pourtant pas ménagé ses efforts pour faire valoir le cas particulier des librairies auprès des autorités. Les principaux syndicats du secteur ont publié un communiqué commun, le 28 octobre, demandant de les “laisse(r) ouvertes pour que le confinement social ne soit pas aussi un isolement culturel”. Des artistes ont aussi apporté leur soutien dans cette lutte, que ce soit à renfort de dessin pour l’auteur Riad Sattouf, sur Twitter, ou à renfort de bons mots pour l’humoriste Alex Vizorek, sur France Inter.

Une pétition doit même être lancée, vendredi, par François Busnel, journaliste et critique littéraire qui anime l’émission La Grande Librairie sur France 5. Fermer les librairies, c’est nous « priver du meilleur bataillon pour affronter l’obscurantisme », a-t-il expliqué à Franceinfo, au lendemain de l’attaque terroriste de la basilique de Nice. « Il y a des millions de personnes dans ce pays, et on l’a vu juste après le premier confinement, qui ont envie de lire, qui ont besoin de lire. Fermer les librairies, c’est condamner tout un pan de l’économie culturelle, sans doute à vaciller, pour certains à disparaître », a souligné François Busnel. Le critique littéraire demande à ce que le président Emmanuel Macron reçoive le syndicat des libraires de France, le Syndicat national des éditeurs, et les écrivains, pour qu’ils puissent plaider en faveur d’une réouverture.

“À une époque où on vit des moments d’isolement, de tension, le livre nous fait réfléchir sur l’importance de la lecture et de la compréhension de la vie humaine dans toutes ses composantes, plaide Vincent Montagne, président du Syndicat national de l’édition (SNE), contacté par France 24. C’est un bien fondamental, essentiel pour l’homme qui ne peut pas se contenter uniquement de nourriture.”

La concurrence d’Amazon et des Fnac-Darty

Les organisateurs de prix littéraires tentent aussi de peser dans la balance pour maintenir les librairies ouvertes : le prestigieux prix Goncourt a, par exemple, été “remis à une date indéterminée puisque le 10 novembre les librairies ne seront pas ouvertes”, a annoncé jeudi soir à l’AFP Françoise Rossinot, déléguée générale de l’Académie Goncourt.

“Pour les académiciens, il n’est pas question de remettre (ce prix) pour qu’il bénéficie à d’autres plateformes de vente », a-t-elle aussi expliqué. Au moment où les librairies doivent refermer, la vente de livres va en effet pouvoir se poursuivre en ligne – notamment par Amazon – ainsi que dans les hypermarchés et les Fnac-Darty – l’enseigne maintient ses magasins ouverts, s’appuyant sur une dérogation lui permettant de subvenir aux besoins des salariés en télétravail.

“C’est vraiment une grande punition, un incroyable cadeau offert à Amazon et à Fnac-Darty à un moment où on est à quelques semaines de Noël, regrette Anne Martelle. C’est l’incompréhension la plus totale qui règne chez les libraires, on trouve cela profondément injuste.” Face à la polémique montante avec les libraires, la Fnac a annoncé, vendredi en fin de journée, fermer « l’ensemble des rayons culture » de ses magasins pour quinze jours.

Outre ce qu’ils estiment être une concurrence déloyale dans la situation sanitaire actuelle, les libraires jouent un rôle de promotion, qui n’est pas assuré par les autres acteurs du marché du livre. ”Les librairies indépendantes permettent de mettre en avant un certain nombre de nouveautés, de livres qui ont une courte durée de vie et ayant besoin de prendre leur élan, rappelle Vincent Montagne. On ne peut pas que se concentrer sur les best-sellers.”

Perspective financière sombre avant Noël

Cette nouvelle fermeture des librairies pourrait aussi ébranler le secteur, même si l’exécutif a promis de faire un point sur la situation des magasins fermés dans quinze jours. En 2020, les boutiques de livres ont déjà connu “une perte d’exploitation de deux mois et demi” avec le précédent confinement, selon Anne Martelle. Le mois de novembre devrait bientôt s’ajouter au tableau de ces pertes, d’autant plus dans une période où, précise la présidente du SLF, “les achats des fêtes de Noël représentent 25 % du chiffre d’affaires annuel des librairies en temps normal”.

La perspective ne s’annonçait, pourtant, pas aussi sombre il y a quelques mois : les librairies ont connu un rebond des ventes de livres avec le déconfinement et ont bénéficié d’une aide de 25 millions d’euros votée par le Centre national du livre pour leur permettre de faire face à leurs difficultés économiques.

Le click-and-collect mis en avant pour les magasins fermés pendant le reconfinement connaît aussi ses limites en librairie. Déjà mise en place lors du premier confinement, cette pratique – consistant à acheter à distance et à venir retirer sa commande à l’entrée du magasin – ne représenterait qu’à peu près 10 % du chiffres d’affaires des librairies, selon les syndicats du secteur.

Les libraires, outre le confinement, ont enfin une marge de manœuvre financière réduite à cause de l’encadrement du prix du livre par la loi Lang. “Le moindre problème type confinement peut donc très vite faire dévisser (une boutique)”, explique Anne Martelle. Pour Vincent Montagne, “il y a un grand risque que des points de ventes ne soient pas rouverts à Noël. On prend un risque culturel considérable”.

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