Une équipe « resserrée d’une trentaine de membres » sera nommée la semaine prochaine pour tenir compte « de la conjoncture économique mondiale », a annoncé le président Alassane Ouattara.
Le premier ministre ivoirien Patrick Achi a présenté mercredi 13 avril sa démission ainsi que celle de son gouvernement, et une nouvelle équipe « resserrée d’une trentaine de membres » sera nommée la semaine prochaine pour tenir compte « de la conjoncture économique mondiale », a annoncé le président Alassane Ouattara.
Un remaniement ministériel était attendu depuis plusieurs mois en Côte d’Ivoire, l’exécutif voulant mettre en place une équipe gouvernementale plus restreinte. « En effet, il est impératif de réduire les dépenses de l’Etat tout en les réorientant vers la résilience sociale et sécuritaire », a fait savoir le chef de l’Etat.
Comme de nombreux pays du continent, la Côte d’Ivoire fait face à une inflation des prix des produits de première nécessité qui frappe les ménages les plus pauvres. Le gouvernement a plafonné en mars les prix d’une vingtaine de produits comme le riz ou le sucre. Le pays est par ailleurs confronté à la menace jihadiste dans sa partie nord, qui s’étend depuis le Mali et le Burkina Faso voisins, en proie depuis plusieurs années à la violence de groupes liés à Al-Qaida et le groupe Etat Islamique.
Alassane Ouattara rebat les cartes
Patrick Achi sera-t-il reconduit à son poste la semaine prochaine ? Ce n’est pas certain. Mardi 19 avril, le président Ouattara doit réunir les parlementaires en congrès dans la capitale politique Yamoussoukro pour un discours sur l’état de la nation. Selon le site d’information en ligne Africa Intelligence, il pourrait annoncer à cette occasion la nomination d’un vice-président, un poste prévu par la Constitution, mais vacant depuis près de deux ans. Patrick Achi, dont les relations sont bonnes avec le président ivoirien, pourrait hériter du titre.
« Cela peut être un moment opportun pour M. Ouattara de rebattre les cartes en positionnant plusieurs lieutenants : un vice-président, un premier ministre, un secrétaire général à la présidence, quitte à observer par la suite lequel est le plus présidentiable », décrypte le politologue Sylvain N’Guessan.
Les prochaines élections en Côte d’Ivoire, municipales et régionales, doivent se tenir en 2023. La présidentielle doit, quant à elle, avoir lieu en 2025. La question de la succession d’Alassane Ouattara se pose déjà dans les rangs du parti au pouvoir, bien que le chef de l’Etat ne se soit pas encore officiellement prononcé sur sa volonté ou non de briguer un quatrième mandat.
M. Achi a été nommé en mars 2021 après le décès des suites d’un cancer de son prédécesseur, Hamed Bakayoko, qui avait lui-même succédé à Amadou Gon Coulibaly, mort en juillet 2020. Métis né le 17 novembre 1955 à Paris d’un père ivoirien originaire du sud du pays et d’une mère française, il est un transfuge du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), l’ancien parti unique.
A la tête de son gouvernement, M. Achi a notamment conduit le dialogue politique avec l’opposition, deux mois et demi de débats pour « renforcer la culture démocratique », après les violences électorales de la présidentielle de 2020 qui avaient fait 85 morts et 500 blessés.
Source : Le Monde