Afin de repousser les incursions des nombreux groupes combattants actifs au Sahel, Abidjan songe à déployer et coordonner des systèmes de détection aux frontières et des solutions de surveillance terrestres et aériennes. Le français Thales et le chinois Huawei courtisent activement l‘état–major.
Alarmé par la multiplication des incursions, au nord de la Côte d‘Ivoire, de groupes combattants actifs au Burkina Faso, le général Lassina Doumbia, chef d‘état–major général des armées ivoiriennes, a demandé à ses équipes de commencer à plancher sur un vaste projet de sécurisation de la zone. Afin de renforcer la surveillance déjà exercée par les bataillons des Forces armées de Côte d‘Ivoire (FACI) et de gendarmerie qui y sont déployés, l‘état–major réfléchit à la mise en place de systèmes de détection aux frontières ainsi qu‘à l‘acquisition de drones d‘observation, d‘une autonomie minimale de quatre heures, pour mener à bien des missions de reconnaissance (Intelligence, Surveillance & Reconnaissance, ISR).
Une réflexion activement encouragée par l‘industriel français Thales et son concurrent chinois Huawei qui, sans attendre un appel à projets, ont d‘ores et déjà approché l‘état–major et soumis des offres préliminaires. Plusieurs paramètres cruciaux du projet, en particulier l‘ampleur du périmètre à sécuriser, font actuellement l‘objet de négociations entre l‘état–major et les industriels. Ceux–ci n‘ont en outre aucune visibilité sur le budget que prévoit d‘y affecter le ministre de la défense Téné Birahima Ouattara.
Rivalité franco–chinoise
La proposition soumise par Thales met l‘accent sur la coordination automatisée entre les senseurs et caméras installés sur la frontière ainsi que les systèmes de radars et de drones. Thales a d‘ailleurs commencé courant 2020 à équiper l‘armée française avec 210 mini–drones de reconnaissance de type Spy‘Ranger 550 afin d‘accroître ses capacités de renseignement et sa réactivité. En Côte d‘Ivoire, l‘industriel équipe déjà la gendarmerie avec ses radios de combat, en espérant étendre son contrat à l‘armée de terre (AI du 14/06/21). Dans le domaine civil, sa filiale signalisation est par ailleurs associée au chantier de train TER.
Le géant chinois Huawei collabore quant à lui plus activement que son concurrent avec les autorités ivoiriennes dans le civil. Il a bénéficié dans ce domaine de
u réseau africain de l‘ancien ministre français de l‘écologie et de l‘énergie Jean-Louis Borloo, qui a été administrateur de Huawei France de 2016 à 2018. En octobre 2020, Li Yungao, vice–président de Huawei pour l‘Afrique de l‘Ouest, a signé avec Abidjan un mémorandum d‘entente visant à mettre en place une stratégie de développement du très haut débit dans le pays (Huawei a déjà installé 1 000 km de fibre optique entre Abidjan et le port de San Pedro). Bien que des tensions aient vu le jour en 2016 entre les autorités ivoiriennes et la firme chinoise pour des soupçons de malfaçons dans l‘exécution du contrat d‘installation de la fibre optique, cette dernière reste aujourd‘hui un acteur incontournable.
Début juin, Huawei prenait ainsi une part active au salon d‘armement et de sécurité ShieldAfrica ainsi qu‘à la première édition du Cyber Africa Forum (CAF) qui se sont tenus à Abidjan. La société y a fait la part belle à ses outils dédiés à la safe city, notamment à travers ses technologies de vidéosurveillance urbaine et de reconnaissance faciale qui ont d‘ores et déjà séduit les autorités marocaines.
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