18 mai 2024
Paris - France
POLITIQUE

Son gouvernement formé, Alassane Ouattara va ouvrir une séquence « réconciliation »

 

Le président ivoirien Alassane Ouattara s’apprête à libérer plusieurs dizaines de prisonniers, parmi lesquels figurent des partisans de Gbagbo, Bédié et Soro. Dans le même temps, les discussions entamées pour le retour de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire avancent à grands pas.

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Le président ivoirien Alassane Ouattara. ©Luc Gnago/Reuters

« Ce troisième mandat sera celui de la réconciliation nationale », répète à l’envi depuis début avril l’entourage d’Alassane Ouattara. Une affirmation que devrait tenter de traduire en actes le chef de l’Etat ivoirien dans les toutes prochaines semaines : il travaille à la libération de plus d’une dizaine de militants de l’opposition incarcérés. Une première liste de noms doit lui être présentée avant la fin du mois d’avril pour une officialisation dans le milieu du mois de mai. Cette première séquence doit incarner la »réconciliation nationale » annoncée depuis sa réélection par Alassane Ouattara, et sera orchestrée de manière millimétrée.

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COTE D’IVOIRE : Son gouvernement formé, Alassane Ouattara va ouvrir une séquence « réconciliation »

Parmi les prisonniers qui pourraient être libérés figurent plusieurs cadres du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) d’Henri Konan Bédié dit « HKB », dont Narcisse N’dri, ancien directeur de cabinet de HKB, et Anges Félix N’Dakpri, baron de la formation à Toumodi (Centre). Les deux hommes avaient été arrêtés en novembre 2020, alors que le PDCI avait largement contesté la réélection d’Alassane Ouattara et avait appelé à la « désobéissance civile ». Le cas de plus d’une dizaine de militants du Front populaire ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo est également à l’étude. Plusieurs partisans du FPI emprisonnés après les violences post-électorales du second tour de la présidentielle de 2011 pourraient être ainsi libérés.

Le dossier des militants de Générations et peuples solidaires (GPS), le mouvement de l’ancien président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro, est plus épineux. Une vingtaine d’activistes ont été emprisonnés en décembre 2019 pour « atteinte à la sûreté de l’Etat » dans la foulée du retour avorté de l’ancien leader étudiant à Abidjan. En septembre dernier, Ouattara avait déjà ordonné la libération de neuf d’entre eux, dont Kanigui Soro, Louqimane Camara et Soumaïla Yao. Plusieurs lieutenants de Soro restent derrière les barreaux, comme Souleymane Kamagaté, alias « Soul to Soul », Rigobert Porlo Soro, Simon Soro et le député Alain Lobognon. Le cas de Soro, objet de la vindicte de l’entourage présidentiel pour ses appels à un coup d’Etat, divise. Aucune décision concernant ses militants n’a encore été arrêtée.

Retour de Gbagbo : la primature à la manœuvre

L’annonce de libération des militants pourrait être suivie par le retour de l’ancien président Laurent Gbagbo – acquitté définitivement le 31 mars par la Cour pénale internationale (CPI) – ainsi que de Charles Blé Goudé.

Après avoir donné son feu vert (voir nos révélations du 02/04/21) à ce retour, Ouattara a chargé mi-avril le nouveau chef du gouvernement Patrick Achi de superviser le dossier. Ce dernier doit recevoir dans les prochains jours le secrétaire général du FPI, Assoa Adou – désigné par Gbagbo depuis cet automne pour discuter avec les autorités ivoiriennes – pour évoquer le sujet.

En amont, plusieurs émissaires du président ivoirien ont déjà fait discrètement le déplacement à Bruxelles, où réside Laurent Gbagbo, pour le rencontrer. Le

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COTE D’IVOIRE : Son gouvernement formé, Alassane Ouattara va ouvrir une séquence « réconciliation »

scénario d’un retour de l’ancien chef de l’Etat ivoirien à la fin du mois de mai tient la corde à ce jour, mais reste tributaire de l’avancée des discussions en cours. Ces dernières portent toujours sur les différents aménagements et dispositions (émoluments, frais de déplacement, sécurité rapprochée, etc.) garantis à Laurent Gbagbo en tant qu’ancien chef d’Etat. Il pourrait notamment réclamer la rétroactivité de ses émoluments – soit 9 584 580 francs CFA (14 500 euros) par mois – dont il ne jouit depuis 2011. Une somme qui pourrait s’élever à près de 1,7 million d’euros.

D’ores et déjà, Alassane Ouattara a ouvert le 7 avril le premier conseil de son nouveau gouvernement en déclarant que « des dispositions seront prises pour que Laurent Gbagbo bénéficie, conformément aux textes en vigueur, des avantages et indemnités dus aux anciens présidents de la République ».

S’il n’a pas la main sur le dossier, le ministre de la réconciliation nationale Kouadio Konan Bertin devrait néanmoins faire le déplacement à Bruxelles au début du mois de mai. Pour autant, aucun entretien téléphonique n’est à ce jour prévu entre Ouattara et Gbagbo.

Pas d’ouverture au gouvernement

Ces gestes d’ouverture, qui seront activement mis en scène, ne devraient nullement déboucher sur une entrée de l’opposition au gouvernement. Depuis les élections législatives du 6 mars – dont est sorti victorieux le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) -, le président ivoirien s’estime en position de force et a très tôt exclu toute hypothèse en ce sens. Lors du dernier remaniement, aucun maroquin n’avait été proposé à l’opposition.

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