18 mai 2024
Paris - France
AFRIQUE INTERNATIONAL

Sahel : les accusations de viols commis par des soldats tchadiens fragilisent la Force conjointe du G5

Les allégations d’agressions sexuelles perpétrées dans l’ouest du Niger ont été confirmées par le Tchad et la force antiterroriste sahélienne.

Le témoignage est glaçant. « Ils se sont introduits dans notre case, ont tenu en respect mon mari avec une arme et, ensuite, ils se sont livrés à leur sale besogne, à tour de rôle. » Le visage à peine dissimulé par un voile de couleur vive, une jeune femme ose raconter son viol, au micro de la chaîne de télévision Canal 3 Niger. Un reportage diffusé début avril qui a choqué l’opinion publique de ce pays d’Afrique de l’Ouest, où les agressions sexuelles restent taboues.

Les nuits des 27 et 28 mars, les habitants de Tera, une localité de l’Ouest nigérien, ont cru au cauchemar. Comme la mère de famille qui a témoigné, au moins deux autres habitantes, dont une fillette de 11 ans et une femme enceinte, auraient été violées par des soldats tchadiens de la Force conjointe du G5 Sahel (FC-G5S). Celle-ci compte 5 000 militaires originaires de Mauritanie, du Mali, du Niger, du Burkina Faso et du Tchad, déployés depuis 2017 pour lutter contre le terrorisme au Sahel.

« Quelques éléments tchadiens », selon le maire de Tera, seraient responsables des agressions sexuelles lors de ces deux nuits d’horreur. Ivres et armées, ces « brebis galeuses » seraient devenues « totalement incontrôlables », semant la terreur dans les foyers et menaçant avec leurs armes à feu les maris pendant qu’ils violaient leurs femmes.

Le bilan diverge selon les sources : trois viols selon le maire, une dizaine selon Moussa Hamidou Talibi, rapporteur général de la Commission nationale des droits humains (CNDH) du Niger. « D’autres femmes n’ont pas voulu témoigner pour éviter la stigmatisation qu’entraîne souvent la dénonciation d’agressions sexuelles dans notre société. Mais leurs maris nous l’ont confirmé », assure-t-il.

« Protecteurs transformés en bourreaux »

Le 2 avril, la CNDH a publié un rapport de mission embarrassant pour les soldats. Expertise médico-légale à l’appui et en collaboration avec les autorités judiciaires locales, la commission a récolté des preuves, sur le terrain, permettant de confirmer les allégations de viols. Sur les réseaux sociaux, les rumeurs allaient bon train depuis plusieurs jours.

Le lendemain de cette publication, le ministère tchadien des affaires étrangères et la Force conjointe du G5 Sahel ont confirmé que trois viols avaient bien été commis par certains soldats du 8e bataillon du contingent tchadien basé à Tera. « Les auteurs sont déjà arrêtés et subiront les sanctions qui s’imposent », a assuré la diplomatie tchadienne. La Force conjointe a annoncé, de son côté, l’ouverture d’une enquête pénale et la saisie de sa brigade prévôtale de Tera.

 

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