06 Mai 2012. Parallèlement aux réjouissances qui éclatent en France suite à l’élection de François Hollande, les partisans de Laurent Gbagbo célébraient à leur manière, la chute du candidat de l’Union pour la Majorité Présidentielle (UMP), Nicolas Sarkozy, dont le rôle fut déterminant pour l’éviction du pouvoir de l’ex chef d’état Ivoirien, Laurent Gbagbo.
Avec l’arrivée à l’Elysée d’un dirigeant Socialiste, issu de la même famille politique que leur leader, les pro-Gbagbo se rêvaient déjà à un retournement de situation qui favoriserait l’accélération de la procédure de remise en liberté du fondateur du Front Populaire Ivoirien (FPI).
Ce qu’ignoraient manifestement les partisans du prédécesseur d’Alassane Ouattara, c’est l’orientation politique de l’ex chargé de mission de François Mitterand, et surtout, le peu de sympathie qu’il a envers Laurent Gbagbo qu’il déclarait »infréquentable » le 05 Octobre 2004, suite au rôle présumé joué par le dirigeant Ivoirien dans l’affaire Julia, du nom de député de l’UMP, initiateur d’une mission parallèle de sauvetage d’otages Français en Irak.
Le 20 Août 2004, deux journalistes Français, Christian Chesnot et Georges Malbrunot sont enlevés dans l’exercice de leur mission dans une Irak, prise dans le tourbillon de la résistance des partisans de Saddam Husseïn contre l’occupation de la coalition pro-Américaine.
Le député de droite décide à partir de ses contacts dans les milieux Baasistes Irakiens d’entreprendre une médiation parallèle à celle menée par les autorités Françaises, pour faire libérer les otages. Le 05 Septembre, avec la caution de l’Elysée, alors dirigé par Jacques Chirac, le commando diplomatique de Didier Julia s’envole pour l’Irak, à partir de l’avion présidentiel Ivoirien qui atterrit à Amman, en Jordanie voisine.
Le 21 Septembre, l’opération »Julia » tourne court à quelques pas de son aboutissement, avec une annonce de l’Armée Islamique de la Libération, de l’annulation de la mise en liberté des otages, suite à l’assassinat de deux Oulémas dans la même journée, après une rencontre avec un émissaire du Quai d’Orsay. Quelques jours plus tard le 29 Septembre, le député relance son initiative en débarquant cette fois en Syrie.
Le 1er Octobre, le transfert effectif des otages géolocalisés en Syrie en compagnie de Philippe Brett, proche collaborateur de Didier Julia, échoue in extremis. Le même soir, Le député admet l’échec de sa tentative, invoquant l’intensification des bombardements Américains contre les Islamistes. A gauche, François Hollande, alors premier secrétaire du Parti Socialiste (PS) perd patience et réclame, le 03 Octobre, une action plus concrète du Gouvernement. Deux jours plus tard, il déclarait Laurent Gbagbo »infréquentable ».
Détail important: certains médias Ivoirienne évoquaient même un financement direct d’Abidjan à hauteur d’1.5 milliards FCFA pour couvrir les frais de l’opération, à laquelle l’état Français hésitait à se mêler. Tentative désespérée de s’attirer les faveurs du régime de droite au pouvoir à Paris ou manipulation des chiffres?
Toujours est-t-il que cette affaire a lourdement affectée l’image qu’avait la nouvelle classe dirigeante du PS Français du régime Ivoirien. Par ailleurs, faut-t-il rappeler qu’avec la débâcle de l’ex premier ministre Français et parrain politique de Laurent Gbagbo, Lionel Jospin à la présidentielle de 2002, c’est toute l’ancienne garde du Parti Socialiste Français, qui s’est retrouvé supplanté par la relève incarnée par François Hollande ou encore, son ex compagne, Ségolène Royale.
Défenseur de la gauche libérale et proche des méthodes des systèmes libéraux, François Hollande n’était alors pas le candidat idéal pour contribuer activement à la libération de Laurent Gbagbo, qu’il s’était d’ailleurs remarquablement gardé de soutenir au plus fort de la crise postélectorale, en tant que dirigeant du parti socialiste.
Comme il fallait s’y attendre, le successeur de Nicolas Sarkozy a quitté sa présidence sans avancée majeure dans le dossier Laurent Gbagbo et Charles Blé Goude. Aujourd’hui libre après près de 10 années de procédure judiciaire, Laurent Gbagbo et son ex codétenu de la prison de Scheveningen, peuvent remercier leurs conseils, qui ont su faire usage de dextérité pour démonter les arguments de l’accusation contre eux.
Raoul Mobio (via Opera News )
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