8 décembre 2025
Paris - France
ECONOMIE

ôte d’Ivoire : quels sont les acteurs au cœur de la crise électrique ?

Le secteur de l’électricité ivoirien traverse une grave crise. Un plan de délestage, qui concerne entreprises et particuliers, est en cours. De nombreux acteurs sont mobilisés, en attendant un retour à la normale dans deux mois.

Comment un pays qui a augmenté sa production d’électricité de 60 % en dix ans – au point d’en exporter une partie chez ses voisins – peut-il se retrouver en situation de délestage ?

En Côte d’Ivoire, 180 entreprises et des millions de foyers – à Abidjan et à l’intérieur du pays – sont soumis depuis plus d’un mois à des coupures pour pallier un déficit estimé à 200 MW, conséquence de pannes en cascade sur le réseau thermique (qui représente 60 % de la production totale) et d’investissements qui ont pris du retard notamment en raison de la crise sanitaire du Covid-19.

D’ICI À DEUX MOIS, LA SITUATION SERA REDEVENUE NORMALE

Le nouveau ministre des Mines, du Pétrole et de l’Énergie, Thomas Camara, qui pilote la gestion de cette crise inédite depuis le milieu des années 1980, préfère employer le terme de « rationnement ». « Nos équipes sont sur le terrain et mettent tout en œuvre pour réduire le temps d’indisponibilité de l’électricité. Une grosse turbine à gaz est en construction sur le réseau thermique, et les travaux sont accélérés. Nous assurons à la population que, d’ici à deux mois, la situation sera redevenue normale », a-t-il affirmé.

À LIRE Côte d’Ivoire : les délestages électriques, un « coût » dur pour les entreprises

Environ 180 entreprises ivoiriennes subissent des coupures d’électricité, pour combler un déficit de 100 à 200 mégawatts. Une situation inédite.

Des coupures de courant de plus en plus longues, de plus en plus fréquentes et de plus en plus étendues sur le territoire. Depuis une quinzaine de jours, le sujet alimente les conversations des Ivoiriens qui ne se rappellent pas avoir vécu une telle situation depuis longtemps et s’en inquiètent.

D’autant que la Compagnie ivoirienne d’électricité (CIE) a averti ses plus de deux millions de clients le 5 mai, dans un communiqué, que « pour remédier à cette situation, des travaux urgents en vue du renforcement (des) centrales et de l’augmentation de (la) production de gaz nécessaire (à leurs) fonctionnements sont en train d’être effectués ».

Électricité : la Côte d’Ivoire branche ses voisins

Le complexe hydroélectrique de Soubré, le plus important du pays (275 MW), a été construit par le groupe chinois Sinohydro et mis en service en 2017.

Alors que le marché commun de l’électricité s’organise, la Côte d’Ivoire, qui aura doublé sa puissance installée d’ici à 2020, entend accroître ses exportations dans la sous-région.

Après avoir consenti 7 000 milliards de F CFA d’investissement (plus de 10 milliards d’euros) entre 2011 et 2017 pour le programme de renforcement de son parc énergétique, la Côte d’Ivoire compte doubler sa puissance installée d’ici à la fin 2020.

« Le plan d’investissement du secteur de l’électricité a déjà permis d’engranger des résultats spectaculaires. Le parc de production a progressé de plus 60 % de 2011 à 2017, ­passant de 1 391 mégawatts [MW] à 2 199 MW », résume Amidou Traoré, le patron de Côte d’Ivoire Énergies (CI-Energies), la société publique chargée de la gestion du secteur.

Pôle énergétique régional

Depuis le démarrage du complexe hydroélectrique de Soubré à la mi-2017, la puissance installée a augmenté de 275 MW. Elle devrait atteindre 4 000 MW en 2020 et de 6 000 MW en 2030. Parallèlement, près de 200 milliards de F CFA sont mobilisés pour restructurer et renforcer les réseaux de distribution.

De quoi permettre à la Côte d’Ivoire de consolider son rôle de pôle énergétique régional et d’accroître ses exportations d’électricité vers le Ghana, le Burkina, le Mali, le Togo et le Bénin, qui avaient déjà doublé de 2015 à 2016, passant de 855 GWh à plus de 1 650 GWh, grâce à la mise en service des cycles combinés des centrales Azito et de Ciprel.

Le projet d’interconnexion des réseaux de transport d’énergie électrique de Côte d’Ivoire, Liberia, Sierra Leone et Guinée (CLSG), dont le coût est estimé à 450 millions de dollars, vise la construction et l’exploitation d’une ligne à très haute tension (225 kilovolts) de 1 300 km de long.

Premières centrales solaires

Pour conforter ces objectifs d’exportation et répondre aux impératifs de développement durable, les autorités ivoiriennes diversifient les sources de production.

« Nous avons des projets en cours de construction dans les énergies renouvelables pour plus de 400 MW », précise Amidou Traoré. L’objectif à l’horizon 2030 est un mix énergétique composé à 60 % d’énergie fossile et à 40 % d’énergie renouvelable, dont au moins 6 % d’énergie solaire photovoltaïque.


>> À LIRE – Énergie : les ambitions régionales de la Côte d’Ivoire


Parmi les projets en partenariat public-privé les plus avancés, citons ceux des premières centrales solaires du pays à Korhogo (Nord) : Korhogo Solaire, filiale du marocain Nova Power (25 MW, pour un coût estimé à 24 milliards de F CFA), et Poro Power 1 (66 MW, environ 47 milliards de F CFA).

Enfin, Biokala, filiale de l’agro-industriel ivoirien Sifca, et son partenaire français EDF préparent la construction à Aboisso (sud-est) d’une centrale biomasse, à partir de palmier à huile (46 MW, 105 milliards de F CFA), dont la première phase, de 23 MW, devrait être opérationnelle à la fin de 2020

JA

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