12 mai 2024
Paris - France
JUSTICE

ôte d’Ivoire – Procès Guillaume Soro : « Moi, je ne suis qu’un exécutant »

Le procès des proches de Guillaume Soro, soupçonnés d’être impliqués à des degrés divers dans un « complot » dirigé contre l’État ivoirien, se poursuit à Abidjan. Une partie de sa garde rapprochée, dont son chef, a été entendue jeudi.

À la barre, l’ancien chef de la garde rapprochée de Guillaume Soro, le commandant Jean-Baptiste Kouamé Kassé, l’assure, il a cédé à la panique ce 23 décembre 2019, marqué par un assaut des forces de l’ordre et une série d’arrestations dans les locaux de Générations et peuple solidaires (GPS, mouvement politique de l’ancien président de l’Assemblée).

– « La présence des armes [au siège du GPS] était-elle régulière selon vous ? » lui demande le président du tribunal criminel, ce jeudi 27 mai.
– « C’était régulier », confirme-t-il.
– « Dans ce cas, pourquoi les avoir prises pour les jeter dans la lagune ? Que craigniez-vous ? ».
– « C’est après que je me suis rendu compte que j’avais fait une bêtise », admet Jean-Baptiste Kouamé Kassé, qui affirme avoir agi « à titre privé » pour éviter « que d’autres les prennent ».

Le président cherche à sa savoir si le but de la manœuvre n’était pas de les récupérer plus tard.
– « L’eau détruit les armes », assure Jean-Baptiste Kouamé Kassé.
– « Pourquoi les avoir jeté en cachette ? ».
– « Je ne les ai pas jetées en cachette ».
– « Alors pourquoi être allé si loin, à Assinie, alors qu’il y a de l’eau à Abidjan, il y a la mer à Port-Bouët ».
– « C’est pas venu comme ça dans ma tête d’aller à Port-Bouët, j’avais l’habitude d’allerAssinie-Mafia », se défend l’accusé.

Côte d’Ivoire : pourquoi les avocats de Guillaume Soro refusent de participer au procès

Guillaume Soro, le 28 janvier 2020 à Paris lors d’une intervention devant des journalistes.

Les défenseurs de l’ancien président de l’Assemblée nationale ont annoncé leur refus de participer au procès de Guillaume Soro et d’une vingtaine de ses proches. Celui-ci s’ouvre ce 19 mai à Abidjan.

C’est un procès particulièrement attendu qui doit s’ouvrir ce 19 mai devant le tribunal criminel d’Abidjan. Celui de Guillaume Soro et d’une vingtaine de ses proches et de militants de Générations et peuples solidaires (GPS), qui devront répondre des charges d’ « atteinte à la sureté de l’État », de « complot » et de « diffusion de fausses informations ».

Mais ce procès se tiendra en l’absence de Guillaume Soro, en exil depuis son retour avorté de décembre 2019, et de ses avocats. Selon nos informations, les défenseurs de l’ancien président de l’Assemblée nationale ont en effet fait savoir, par un courrier adressé au président et aux juges du tribunal, qu’ils ne « prêteront pas leur concours au simulacre de procès ».

Côte d’Ivoire : avant le procès des pro-Soro, Alain Lobognon se met en retrait de la politique

Alain Lobognon, ancien ministre des Sports.

Guillaume Soro et une vingtaine de ses proches seront jugés ce mercredi pour atteinte à l’autorité de l’État. Parmi eux, le député Alain Lobognon, incarcéré depuis décembre 2019, qui annonce prendre ses distances avec son ancienne formation politique.

Il a choisi de « comparaître en homme politique affublé d’aucune appartenance politique ». À quelques jours de l’ouverture de son procès, l’ancien député Alain Lobognon a annoncé sa démission de toutes les instances du Mouvement pour la promotion des valeurs nouvelles en Côte d’Ivoire (MVCI), un mouvement un temps proche de celui de Guillaume Soro, Générations et peuples solidaires (GPS).

L’ancien ministre des Sports d’Alassane Ouattara affirme, dans un communiqué signé de son porte-parole, Jean-Paul Beugrefoh, avoir « partagé joie et plaisir de militer aux côtés de plusieurs amis, frères et camarades pour l’engagement de valeurs nouvelles en Côte d’Ivoire » et partir « le cœur léger, sans regret ni rancœur ». Se définissant comme un « prisonnier politique », il affirme vouloir « disposer de sa totale liberté, au moment où va s’ouvrir le procès ».

L’espoir d’un geste politique

Emprisonné depuis le mois de décembre 2019, Alain Lobognon comparaitra en effet ce mercredi 19 mai devant le tribunal criminel d’Abidjan pour répondre des charges d’atteinte à l’autorité de l’État, de complot et de diffusion de fausses informations tendant à jeter le discrédit sur les institutions et le moral des populations.

Il encoure la prison à vie mais son épouse, Amira Lobognon, le dit « serein », impatient d’en découdre avec la justice et de pouvoir enfin s’expliquer. « Il attend ce procès depuis des mois », assure-t-elle, expliquant espérer « un geste du président » afin que son mari « retrouve ses enfants et sa famille ». Dans ce procès, l’ancien député a décidé de ne pas être représenté par un avocat « compte tenu des violations des procédures constitutionnelles et judiciaires », précise-t-elle.

Le « clan soroïste » en procès

L’ancien président de l’Assemblée nationale Guillaume Soro, en exil depuis sa tentative de retour avorté à Abidjan le 23 décembre 2019 et sous le coup d’un mandat d’arrêt international, est également poursuivi dans ce dossier, ainsi qu’une vingtaine de ses proches. Parmi eux, ses frères cadets, Rigobert et Simon Soro, ainsi que son ancien directeur de protocole, Souleymane Kamagaté, dit « Soul to Soul » – ils sont incarcérés en Côte d’Ivoire. Également poursuivis, son avocate, l’ancienne ministre Affoussiata Bamba Lamine, son ex-directeur de la communication, Moussa Touré, son aide de camp, Abdoulaye Fofana, et l’ancien député Issiaka Fofana sont pour leur part en exil.

C’est donc le procès du clan Soro qui s’apprête à s’ouvrir à Abidjan, alors que GPS est exsangue. Outre les cadres en exil ou incarcérés, certains ont choisi de rallier le camp présidentiel, à l’image de Kanigui Soro Mamadou, qui avait rallié Alassane Ouattara juste avant la présidentielle d’octobre 2020, ou encore d’Alphonse Soro, qui a annoncé qu’il soutenait désormais le chef de l’État.

Dans le même temps, tandis que les tractations sont toujours en cours en vue du retour de l’ancien président Laurent Gbagbo à Abidjan, les gestes d’apaisement se multiplient entre Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié, le président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire PDCI), laissant entrevoir une marginalisation accrue de l’ancien chef de la rébellion des Forces nouvelles sur la scène politique ivoirienne.

En avril 2020, ce dernier avait été reconnu coupable de recel de deniers publics détournés et de blanchiment de capitaux. Il a été condamné à 20 ans de prison ferme, à 4,5 milliards de francs CFA d’amende et à la privation de ses droits civiques pour une période de cinq ans.

JA

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