Plus d’un mois après l’attaque menée par des groupes armés djihadistes à Palma, au Mozambique, plus de 30 000 personnes ont été forcées de fuir selon l’Onu.
Sur les quelque 75 000 habitants (dont beaucoup de réfugiés déjà) que comptait cette ville portuaire, plus d’un tiers, soit 30 000 personnes, « sont partis » depuis ce raid revendiqué par le groupe État islamique, a affirmé à l’AFP Laura Tomm-Bonde, cheffe de mission de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) au Mozambique.
Le nombre de déplacés progresse chaque jour
Plus de 20 000 autres seraient installés dans le village de Quitunda, à une dizaine de km de Palma et jouxtant l’énorme site gazier piloté par le groupe français Total, où toute activité est désormais suspendue.
Les groupes djihadistes terrorisent depuis fin 2017 la province du Cabo Delgado, pauvre mais riche en gaz naturel, frontalière avec la Tanzanie. Ils exercent une violence spectaculaire pour marquer les esprits.
Ces nouveaux déplacements, depuis l’attaque de Palma, portent désormais à 700 000 le nombre de personnes arrachées à leurs foyers, selon le gouvernement et les ONG.
Pour Laura Tomm-Bonde, ce chiffre est à comparer aux 100 000 déplacés en janvier 2020 : ce bond montre la gravité de la crise, dit-elle. « Le nombre de personnes déplacées continue d’augmenter de jour en jour », dit-elle. « On pense que des milliers continuent à se déplacer à travers des forêts denses ».
Le directeur des urgences de l’OIM, Jeff Labovitz, actuellement au Mozambique, a déclaré qu’environ 60 000 de ces personnes se trouvaient dans des zones inatteignables pour les agences d’aide.
Des centaines d’enfants traumatisés
À Genève, plus tôt dans la journée, le Haut-Commissariat aux réfugiés s’est dit « profondément inquiet des conséquences humanitaires liées à l’escalade rapide des violences » dans la zone.
Il a alerté sur le sort de familles séparées dans leur fuite. « Des centaines d’enfants sont arrivés traumatisés et épuisés après avoir été séparés de leur famille », a déclaré Babar Baloch.
Les personnes déplacées « arrivent sans rien, souvent avec des problèmes de santé y compris des blessures et souffrant de malnutrition sévère », a-t-il ajouté.
« Des gens continuent de fuir Palma, mais avec seulement de rares voies d’évacuation encore ouvertes, nous nous inquiétons qu’ils ne soient pas en mesure de quitter cette zone », a souligné Babar Baloch.
Le raid contre Palma a marqué une intensification majeure dans une guérilla lancée en 2017 par des groupes jihadistes connus localement sous le nom d’al-Shabab.
Les violences ont fait au moins 2 800 morts, selon les calculs de l’ONG américaine Acled, dont près de la moitié de civils.

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