18 mai 2024
Paris - France
AFRIQUE INTERNATIONAL

Mali-France : contesté, Paris se recentre sur Takuba

RELAIS. Face aux accusations de bavure, la ministre des Armées, en déplacement au Mali avec ses homologues tchèque et estonien, mise sur la force européenne.

Cette visite de deux jours au Mali n’aurait pas pu tomber au plus mauvais moment pour la ministre des Armées, Florence Parly. En effet, elle intervient, quelques heures seulement après la publication d’un rapport de la Mission des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) d’après lequel l’armée française aurait commis une bavure lors du bombardement aérien à proximité du village de Bounti le 3 janvier, tuant dix-neuf civils, outre trois djihadistes qui assistaient à un mariage. Ce que Paris réfute avec vigueur. Alors que le rapport constitue la plus grave mise en cause d’une opération française par les Nations unies depuis le début de l’engagement de Paris au Sahel.

Florence Parly réfute toute bavure des militaires français

Sur place, la ministre des Armées a une nouvelle fois réfuté ces conclusions, en maintenant que « les forces armées françaises [avaient] effectué une frappe aérienne ciblant un groupe armé terroriste identifié comme tel ». « Il y a aussi une guerre dans le domaine informationnel et notre ennemi […] exploite toutes les polémiques possibles », a-t-elle affirmé, en ajoutant : « Je ne peux pas admettre que l’honneur de nos soldats puisse ainsi être sali. » Sept organisations de défense des droits humains, en France et au Mali, ont exhorté jeudi la France et le Mali à mener une enquête indépendante et transparente. « Il me semble que l’enquête qui a été menée par les Nations unies est indépendante », a répondu Mme Parly, en disant espérer que le point de vue de Paris sera pris en compte. « Nous transmettrons l’ensemble de nos observations et remarques au département concerné des Nations unies », a-t-elle ajouté. Les trois ministres ont rencontré le président de la transition Bah Ndaw et le ministre malien de la Défense, Sadio Camara. Car, dans cette affaire, l’armée malienne est sur la ligne de Paris. Florence Parly a déjà annoncé que la France avait engagé des demandes de « clarification » au siège de l’ONU, à New York. Dans l’autre volet de sa mission, la ministre des Armées s’est adressée aux soldats de Barkhane.

Les Européens en renfort

En pleine polémique, la ministre française des Armées n’a pas fait le déplacement seule. Prévu de longue date, ce voyage effectué avec ses homologues estonien Kalle Laanet et tchèque Lubomir Metnar avait pour objectif d’affirmer la « pleine capacité opérationnelle » de la task force Takuba,(qui signifie « sabre » en tamachek) un regroupement inédit de forces spéciales composé de soldats français, tchèques, estoniens, suédois et italiens. Paris compte beaucoup sur ce « laboratoire d’intégration au combat des partenaires européens », selon Mme Parly, pour partager avec ses partenaires le fardeau de la lutte contre les djihadistes liés à Al-Qaïda et au groupe État islamique. « Cette étape est majeure d’un point de vue tactique et opérationnel, il s’agit également d’un symbole fort » a précisé un communiqué du ministère français des Armées.

L’avenir de l’opération Barkhane en question à N’Djamena

Source:  Le Point

X