Personnage historique national d’Harriet Tubman (vers 1822-1913)
Harriet Tubman est une figure majeure du marronnage, de l’abolitionnisme et du droit des femmes aux Etats Unis. Elle connut l’esclavage, s’en libéra et devint une activiste de l’abolition et de tous les combats pour la justice et l’égalité.
Harriet Tubman, née Araminta Ross ,militante anti esclavagiste, abolitionniste et antiraciste américaine.
Harriet Tubman, née Araminta Ross vers juillet 1822 et morte le 10 mars 1913 à Auburn, est une militante anti esclavagiste, abolitionniste et antiraciste américaine, puis féministe et militante des droits civiques.
Harriet Tubman est une figure majeure du marronnage, de l’abolitionnisme et du droit des femmes aux Etats Unis. Elle connut l’esclavage, s’en libéra et devint une activiste de l’abolition et de tous les combats pour la justice et l’égalité.
Harriet Tubman a été désignée comme un personnage historique national en 2005.
Importance historique : a conduit de nombreux réfugiés fuyant l’esclavage aux États-Unis; devenue le visage public du « chemin de fer » clandestin en Amérique du Nord britannique.
Tubman (v. 1822–1913)Née dans une plantation du Maryland, Harriet Tubman a fui l’esclavage pour devenir l’une des grandes héroïnes du XIXe siècle. Au prix de périlleuses traversées secrètes, la plus célèbre figure du chemin de fer clandestin a conduit bon nombre de personnes qu’elle a arrachées à l’esclavage aux États-Unis vers la sécurité et la liberté au Canada. Elle les a aidées à s’y établir tout en jouant un rôle clé dans la campagne anti esclavagiste. Elle devint l’image publique du chemin de fer clandestin en Amérique du Nord britannique, attirant l’attention et de nombreux dons en faveur du mouvement abolitionniste.
Née au Maryland en 1820 ou 1821 dans une famille d’esclaves, Harriet Ross était vouée à une existence de cruauté et d’adversité. Or, à sa mort près de cent ans plus tard, cette femme que les gens appelaient « the Black Moses » (la Moïse noire), était devenue l’une des plus grandes héroïnes du mouvement abolitionniste aux États Unis et en Amérique du Nord britannique.Harriet Tubman a acquis sa liberté en 1849, lorsqu’elle s’est enfuie à Philadelphie de crainte d’être vendue à des esclavagistes des États du Sud. Elle a alors quitté son mari, John Tubman, un Noir affranchi qui refusait de l’accompagner dans sa fuite.
Elle a repris le chemin du Sud peu après, cette fois pour aider d’autres esclaves à trouver asile au Nord, un périple qu’elle allait répéter 19 fois malgré le danger que représentait la récompense de 40 000 $ offerte pour sa capture. Harriet Tubman est la « conductrice » la mieux connue du chemin de fer clandestin, ayant conduit environ 300 esclaves en lieu sûr. Jamais elle n’a été capturée.
Ses rapports avec le Canada ont débuté après l’adoption par les États-Unis du Fugitive Slave Act (loi sur les esclaves fugitifs américains) de 1850, qui faisait qu’il était risqué pour les Afro-Américains de demeurer dans les États du Nord des États Unis. Avec beaucoup de courage, cette femme a conduit de nombreux réfugiés fuyant l’esclavage aux États-Unis vers un lieu où ils seraient en sûreté, à St. Catharines, dans le Canada-Ouest, l’Ontario actuel.
Harriet Tubman s’est elle-même établie à St. Catharines, en 1851. Tandis qu’elle portait assistance aux réfugiés installés dans la Province du Canada, cette femme est devenue un des personnages les plus influents du mouvement abolitionniste. Elle était un membre influent de la Refugee Slaves’ Friends Society de St. Catharines, un organisme interracial formé en 1852 qui était aussi le corps auxiliaire local de la Anti Slavery Society of Canada.
En 1858, Harriet Tubman est retournée aux États-Unis pour s’établir près de ses vieux parents, qu’elle avait aidés à fuir le Maryland une année plus tôt. Elle y poursuivra ses activités pendant près de 50 ans, soit jusqu’à sa mort en 1913.
L’apport le plus important de Harriet Tubman à la cause antiesclavagiste au Canada aura peut être été de prêter son nom au mouvement abolitionniste. Elle est devenue le visage public du chemin de fer clandestin en Amérique du Nord britannique, attirant l’attention du mouvement abolitionniste ainsi que les subsides de donateurs. Sa présence au Canada Ouest a conféré à cette région de la crédibilité comme terre d’asile pour les Noirs fuyant l’esclavage, incitant de ce fait un plus grand nombre de réfugiés à traverser la frontière.
Esclave aux Etats-Unis, elle s’est libérée de ses chaînes, avant d’aider des centaines d’esclaves à s’échapper et de s’engager contre l’esclavagisme lors de la guerre de Sécession. Portrait d’Harriet Tubman, la « Moïse noire » de l’Amérique.
Harriet Tubman naît vers 1822, dans une plantation du Maryland, au sein d’une fratrie de neuf enfants. Mais la famille est séparée et dispersée dans plusieurs plantations. Enfant, Harriet est témoin d’une scène marquante : sa mère menace un commerçant blanc venu acheter l’une de ses filles. La transaction est annulée et l’acte de résistance de sa mère inspire Harriet.
À 6 ans, elle est “louée” à une dame, Miss Susan qui la maltraite régulièrement. Très jeune, Harriet développe une ferveur religieuse quasi mystique.
Anouk Bloch-Henry, autrice d’une biographie sur Harriet Tubman : « Elle avait reçu un poids sur la tête quand elle était adolescente, à 12 ou 13 ans, et ce poids lui avait causé des crises d’épilepsie, elle a eu des crises d’épilepsie toute sa vie, elle s’endormait par moments. Elle avait des intuitions elle faisait des rêves prémonitoires, elle avait des hallucinations, elle avait l’impression d’entendre Dieu. Une sorte de Jeanne d’Arc un peu à l’américaine. »
À cause de sa blessure, elle craint d’être revendue à une autre plantation et envisage une évasion à pied vers la Pennsylvanie, l’un des premiers États américains à avoir aboli l’esclavage. Elle est aidée par « l’underground railroad », chemin de fer clandestin qui aide les esclaves à fuir vers le Nord. Le réseau est composé de Noirs libres, d’anciens esclaves et des Quakers, une communauté religieuse qui milite contre l’esclavage.
Anouk Bloch-Henry : « Comme le chemin de fer, le vrai a été installé aux Etats-Unis depuis peu, ils ont utilisé cette métaphore qui leur permettait d’avoir des discussions codées. Par exemple, un chef de station, c’est quelqu’un qui hébergeait les esclaves en fuite, un conducteur, c’était celui qui les emmenait d’un endroit à un autre. Donc ça leur permettait d’avoir des discussions devant d’autres gens sans être pris. »
À peine installée en Pennsylvanie, Harriet décide de repartir pour libérer sa famille et d’autres esclaves. Mais en 1850 une loi est votée pour punir tous ceux qui aident les esclaves à fuir Harriet, pousse alors plus au Nord, et convoie les esclaves jusqu’au Canada. On estime qu’elle sauve ainsi 300 esclaves, en 20 voyages, sans jamais perdre une seule personne en route. Sa notoriété attire les chasseurs de primes qui veulent la capturer, mais ses exploits redonnent aussi espoir aux esclaves qui voient en elle une nouvelle Moïse.
Un rôle important pendant la guerre de Sécession
Lorsque la guerre de Sécession éclate, Harriet s’engage aux côtés des troupes de l’Union infirmière, cuisinière, éclaireuse et espionne. Son courage et sa détermination inspirent le respect jusqu’aux plus gradés de l’État-major unioniste. Elle participe à un important raid nordiste sur la rivière Combahee, en Caroline du Sud, durant lequel 3 bateaux à vapeur nordistes permettent à des centaines d’esclaves de s’échapper. Malgré son implication, elle attend 30 ans avant de toucher une pension militaire et vit dans le dénuement toute sa vie.
Figure respectée, Harriet Tubman s’engage aussi aux côtés des suffragistes et milite pour le droit de vote des femmes avec Susan B Anthony.
Harriet Tubman meurt à 91 ans dans une propriété qu’elle a acquise, aux côtés de sa famille et de ses amis. Elle reçoit les honneurs militaires lors de son enterrement. Si l’histoire d’Harriet Tubman est très documentée, c’est aussi l’un des seuls récits de femmes esclaves à être arrivé jusqu’à nous. Depuis 1990, aux États-Unis, le « Harriet Tubman day » est célébré tous les 10 mars. Barack Obama avait promis de faire figurer le visage d’Harriet sur les billets de 20 dollars un projet finalement annulé par son successeur, Donald Trump.
Anouk Bloch-Henry : « Ils voulaient s’enfuir, comme les Hébreux s’étaient enfuis. Quand quelqu’un avait l’intention de s’évader, il se passait l’information au travers de gospels qui reprenaient des éléments de la Bible. Ils disaient par exemple : demain, je vais traverser le Jourdain et je vais bientôt arriver en Terre promise.”
Il existe de nombreuses statues commémoratives d’Harriet Tubman aux Etats Unis disséminées à travers le pays, ce qui témoigne du statut iconique que la militante a acquis dans la mémoire nationale américaine. Le biopic Harriet de Kasi Lemmons sorti en 2019 alimente l’image d’une « Moïse du peuple noir », un symbolisme biblique déjà présent dans les chants des esclaves, ainsi que dans l’imaginaire de la militante : d’après Delphine Louis-Dimitrov « Tubman elle-même comparait la mission divine dont elle se sentait investie à celle de Moïse ».
Jean Moliere . Source: Harriet Tubman, la « Moïse noire »
- Biographie d’Harriet Tubman
- Les Routes de l’esclavage, Catherine Coquery-Vidrovitch, Albin Michel, 2021 pp. 205-206
- La commémoration de l’esclavage dans l’espace public aux États-Unis : une amnésie sélective ?, article de la revue Ethnologie française, Lawrence Aje, 2020
- A propos du film Harriet