Budget 2026 : Un rejet historique après des débats à rallonge, les enseignements
Même le débat budgétaire le plus long de la Ve République n’aura pas permis aux députés de se mettre d’accord.
Erreur 404, budget introuvable à l’Assemblé. Aucun député, sauf un, n’a validé la partie recettes du projet de loi finances de l’État, dans la nuit du vendredi au samedi 22 novembre. Un scrutin historique dans l’hémicycle, qui a pour conséquence de balayer immédiatement l’ensemble du PLF lequel, avec sa partie dépenses, se voit envoyé directement au Sénat dans sa version initiale.
De mémoire de spécialistes, le moment est inédit ainsi que l’illustre la capture d’écran du résultat du scrutin partagé à foison. Personne, sauf le député LIOT Harold Huwart, n’a voulu soutenir ce PLF « Frankenstein ». Et pourtant, a rappelé la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, c’est « le plus long débat budgétaire que la Ve République ait pour le moment connu » à savoir 125 heures.
Les victoires symboliques dont se gargarisaient les groupes de gauche comme de droite ces dernières semaines, se sont envolées. De fait, tous les amendements votés pendant les débats, et régulièrement dans des attelages bigarrés, sont expurgés de la copie envoyée au Sénat. Disparaissent ainsi la taxe sur les multinationales défendue par LFI, la suppression du gel du barème de l’impôt votée grâce à un amendement de Laurent Wauquiez, ou encore la défiscalisation de la pension alimentaire pour les personnes qui la reçoivent.
La méthode Lecornu en échec ?
Malgré les victoires engrangées par amendement, ce samedi matin, les députés LFI et du Rassemblement national se félicitent d’avoir rejeté en bloc le budget des macronistes. « Si on veut bien se rappeler que le vote du budget est censé déterminer qui est dans la majorité et qui est dans l’opposition, le vote du PLF 2026 est sans appel. Le Macronisme vient définitivement de se dissoudre », cingle notamment l’insoumis Éric Coquerel. Les troupes Ensemble pour la République et le MoDem, vestiges sur socle commun, se sont majoritairement abstenues vendredi soir sur un texte jugé « dénaturé ». Les députés Les Républicains et Horizons (le parti d’Édouard Philippe) ont eux voté contre.
S’il y a quelques jours encore, le Premier ministre Sébastien Lecornu martelait qu’il s’agissait du budget des députés et non pas celui de l’exécutif, les réactions de Roland Lescure et Amélie de Montchalin accusent surtout la « stratégie destructrice » et « cynique » des « extrêmes » qui « ont voté ensemble des mesures inopérantes pour un budget insincère ».
Le jeu parlementaire vendu par Matignon pour s’éviter une censure du PS, avait certes peu de chance d’aboutir alors que le RN et LFI réclament un retour aux urnes via une nouvelle dissolution ou la démission du président, le rejet du PLF en première lecture fragilise le gouvernement. En attestent d’ailleurs les messages de pis-aller des mêmes Roland Lescure et Amélie de Montchalin, toujours convaincus qu’« un compromis est possible ». « Je ne céderai pas à la résignation. Nous ne sommes qu’à mi-chemin de la navette parlementaire et nous voyons que quand le débat a lieu des consensus peuvent aboutir », veut croire la ministre des Comptes publics, encore persuadée qu’une « majorité » peut se former dans les prochaines semaines.
Le PS est patient, jusqu’à quand ?
Le passage au Sénat, dominé par la droite et le centre, à partir de la proposition initiale, risque de faire basculer le PLF plus à droite. Viendra ensuite l’heure d’une commission mixte paritaire dont on voit mal aujourd’hui comment elle pourrait être conclusive et encore comment son texte pourrait ensuite être voté à l’Assemblée. De quoi éloigner un peu plus l’adoption d’un budget par une majorité avant le 31 décembre. Quant à la loi spéciale, elle ne fera que repousser l’échéance de la nécessité de trouver un compromis. À moins de passer par un 49-3 ou des ordonnances, deux options encore rejetées à ce stade par Sébastien Lecornu.
Vendredi soir, à la tribune de l’Assemblée, le chef de file des députés socialistes à l’Assemblée, Boris Vallaud a offert un peu de répit à l’exécutif, promettant que le PS continuera à « chercher le compromis ». Jusqu’à quand ?
