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Entre la fidélité partisane et la loyauté républicaine : le choix de Bassirou Diomaye Faye

Les chroniques de la participation citoyenne
« Gouverner, c’est choisir. » — Pierre Mendès France
Le destin d’un chef d’État se joue souvent dans le silence de ses dilemmes intérieurs là où la fidélité au parti rencontre la responsabilité envers la nation. Bassirou Diomaye Faye, Président du Sénégal, se trouve aujourd’hui à cette croisée des chemins. S’il reste prisonnier de la fidélité partisane, il perdra la République. Mais s’il choisit la République, il sauvera la postérité. Ce n’est pas une simple opposition politique, c’est une épreuve philosophique — celle de la grandeur face aux fidélités restreintes.
La refondation du Sénégal ne doit plus être un slogan, encore moins une promesse électorale. Elle doit devenir une œuvre. Et toute œuvre durable se fonde sur une éthique du courage d’État. Or, comme l’écrivait André Malraux : « La politique, ce n’est pas l’art du possible mais celui de rendre possible ce qui est nécessaire. » Ce qui est nécessaire aujourd’hui c’est de reconstruire la confiance, de redonner sens à la parole publique et d’instituer un État au service de tous, non d’un parti, fût-il celui de la victoire.
Le piège des fidélités partisanes
La fidélité partisane est une valeur lorsqu’elle reste ancrée dans la loyauté morale et la cohérence idéologique. Mais elle devient un piège lorsque, transformée en dogme, elle enferme le chef dans une logique de clan. Le pouvoir, s’il n’est pas mis au service du bien commun, se transforme en cercle fermé d’intérêts convergents en oubliant que « la République ne reconnaît ni amis ni ennemis, seulement des citoyens ».
L’histoire africaine contemporaine regorge de présidents tombés dans le piège de la gratitude partisane : ceux qui confondent leurs compagnons de route avec la boussole de l’État. Pourtant, la République n’est pas une dette à payer, c’est une mission à accomplir. Comme le disait Montesquieu : « Il faut que le pouvoir arrête le pouvoir. » En d’autres termes, l’État doit toujours transcender les logiques de parti pour devenir l’arbitre du collectif.
La République comme exigence morale
Bassirou Diomaye Faye est arrivé au pouvoir avec une promesse de rupture et d’espoir. Mais la rupture n’est pas une posture c’est une discipline. Le Sénégal n’a pas besoin d’un messie, ni d’un miracle, mais d’un homme d’État capable de préférer la complexité au confort, la méthode à la ferveur, la vérité à la popularité. « La vérité n’est pas toujours populaire, mais elle est toujours nécessaire », écrivait Vaclav Havel, ce président écrivain qui transforma la Tchécoslovaquie sans renier son humanisme.
La vraie refondation du Sénégal passera par une transformation des institutions, une réhabilitation de la fonction publique, une moralisation des pratiques politiques et un ancrage de la justice sociale. Ce chantier n’appelle pas des applaudissements mais du labeur ; pas des slogans mais des décisions courageuses. Gouverner, c’est parfois déplaire pour mieux servir.
Le courage d’État comme acte de maturité
Le courage d’État n’est pas la témérité. C’est la lucidité d’agir pour le long terme même au risque de perdre des soutiens à court terme. Charles de Gaulle l’avait résumé avec élégance : « La politique de la France ne se fait pas à la corbeille. » La politique du Sénégal ne devrait pas non plus se faire à la permanence d’un parti. Elle se fait dans les écoles, les hôpitaux, les campagnes, les usines et dans le regard de ceux qui espèrent sans trop y croire encore.
Bassirou Diomaye Faye devra s’élever au-dessus des fidélités affectives pour bâtir une fidélité institutionnelle. Non pas trahir ses compagnons mais leur rappeler que le projet initial n’était pas de prendre le pouvoir mais de transformer le pays. L’histoire, disait Camus, « n’avance que lorsque les hommes refusent la servitude du mensonge. »
De la promesse à l’œuvre
Le Sénégal ne réclame ni miracle ni populisme. Il réclame la rigueur, la mesure, la cohérence. Il réclame un État stratège, une économie inclusive, une administration au service du citoyen. La République n’est pas un héritage à défendre c’est une architecture à bâtir chaque jour avec des mains propres et une vision claire.
Bassirou Diomaye Faye a l’opportunité d’inscrire son nom parmi les bâtisseurs pas les gestionnaires. L’histoire ne retiendra pas celui qui a gagné une élection mais celui qui a su refonder une nation. Et comme le disait Nelson Mandela : « Ce qui compte, ce n’est pas le pouvoir que nous détenons mais ce que nous en faisons pour servir les autres. »
Le choix est désormais devant lui : être le président d’un parti ou le président d’une République. Entre fidélité et postérité, il n’y a qu’un pas — celui du courage.
Alioune Cheikh  Anta Sankara Ndiaye
Expert en développement international
Ecrivain de la transformation
Militant de la transformation national
« Il faut transformer,encore transformer,toujours transformer »
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