Le groupe Al-Shabab, lié à l’État islamique, a investi la ville de Palma en début de semaine, causant l’évacuation du personnel et le stoppage de l’activité sur place du géant français de l’énergie.
Des rebelles ont été repérés ces derniers jours à proximité du site de Total, selon une source de sécurité. Par ailleurs, des milliers de personnes qui ont fui Palma ont afflué depuis neuf jours vers le site de la péninsule d’Afungi. Malgré plusieurs évacuations par bateau vers le port de Pemba, à plus de 200 km, le nombre des déplacés n’a cessé de gonfler. Vendredi, près de 15.000 personnes se trouvaient dans la concession gazière, plusieurs milliers aux portes mêmes du site. Les groupes armés, connus localement sous le nom d’Al-Shabab («les jeunes» en arabe), ravagent la province pauvre mais riche en gaz naturel du Cabo Delgado, frontalière de la Tanzanie, depuis plus de trois ans.
Evacuation partielle en décembre
Décrite comme un «Fort Apache», la future exploitation gazière, qui devait être opérationnelle d’ici 2024, est désormais sous la protection de l’armée mozambicaine. Depuis plusieurs jours, les militaires tentent de reprendre Palma, tombée aux mains des rebelles dans la nuit du 26 au 27 mars. Le commandant Chongo Vidigal, qui coordonne l’opération militaire, avait assuré jeudi que le projet gazier était «protégé».
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Le géant énergétique français n’a pas déploré de victimes et le site n’a pas été directement visé. Mais les travaux étaient déjà suspendus depuis fin décembre à la suite d’une série d’attaques jihadistes à proximité. Une partie du personnel avait déjà été évacuée. Le jour même de l’attaque, le géant français avait annoncé la reprise des travaux de construction sur le site. Selon les experts, étant donnée l’ampleur de l’attaque et la préparation nécessaire, il semble peu probable qu’elle soit liée à cette annonce
Au total plus de 9100 personnes ont été déplacées par l’attaque, selon Organisation internationale pour les migrations (OIM). Sur les plus de 110.000 vivant dans la zone de Palma, 40% avaient déjà fui les violences dans d’autres parties de la province, selon l’ONU.
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Beaucoup de personnes qui ont fui Palma, sur des bateaux de pêche ou à pied, ont été recueillies par les Nations unies et les ONG, déshydratées, pieds nus et en état de choc, après plusieurs jours passés dans la brousse sans rien à boire ni manger. L’ONG Acled recensait déjà 2600 morts avant l’attaque de Palma, dont la moitié de civils. Les violences sont aussi à l’origine d’une crise humanitaire, qui risque encore de s’aggraver, avec plus de 670.000 personnes forcées à quitter leur foyer, selon l’ONU.

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