Le gendarme participait à une opération de lutte contre l’orpaillage illégal en Guyane.
Un gendarme du GIGN a été tué lors d’une mission de lutte contre l’orpaillage illégal en Guyane, samedi 25 mars. « Le Maréchal des logis-chef Arnaud Blanc est tombé sous le feu », a annoncé Emmanuel Macron sur Twitter. Le président de la République a salué « avec émotion son courage et son engagement ». « Mes condoléances à sa compagne et ses deux enfants, à sa famille et ses camarades », a-t-il ajouté.
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a également exprimé sa « très vive émotion » sur Twitter, adressant ses « sincères condoléances et tout mon soutien à sa famille, à ses proches et à ses camarades ». Un peu plus tôt dans la journée, le site Actu17 rapportait qu’un militaire de l’antenne du groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) avait été tué par balle lors d’une opération, dans la nuit de vendredi à samedi.
Le groupe s’est « fait prendre à partie par une bande armée », a appris France Télévisions auprès de la gendarmerie, qui précise qu’Arnaud Blanc a été « mortellement touché par balle ». Le gendarme était sous-officier de gendarmerie de l’antenne GIGN de Cayenne
et participait à « une mission avec nos forces armées à Maripasoula (à la frontière ouest avec le Suriname) afin de lutter contre l’orpaillage illégal », précise l’Elysée dans un communiqué. Le gendarme était engagé depuis 2009 au sein de la gendarmerie nationale et servait à Cayenne depuis 2019.
500 sites illégaux
L’armée et la gendarmerie mènent régulièrement de grandes opérations de démantèlement des sites d’orpaillage illégal dans le cadre de la mission Harpie, lancée en 2008 par Nicolas Sarkozy, alors chef de l’État.
De fin octobre à début décembre 2022, jusqu’à 500 militaires avaient ainsi été mobilisés pendant sept semaines afin de «neutraliser» les principaux sites clandestins d’extraction d’or.
Cinquante tonnes de matériel et de denrées diverses, 30.000 litres de carburant, 12 km de tuyaux de chantier, six concasseurs, 90 groupes électrogènes, 37 quads, 15 pirogues et leurs moteurs avaient été saisis. Soit un préjudice financier d’environ 4 millions d’euros, selon la préfecture, pour les garimpeiros (terme désignant les orpailleurs brésiliens illégaux en Guyane).
Selon les chiffres d’un rapport parlementaire publié en juillet 2021, la gendarmerie de Guyane estime à 8600 environ le nombre de mineurs clandestins, «en situation irrégulière sur le territoire» pour l’essentiel.
Quelque 500 sites d’orpaillage illégal seraient toujours actifs, selon l’Observatoire de l’activité minière (OAM), dont 150 situés au cœur du Parc national amazonien, créé en 2007 pour protéger la forêt amazonienne et sa biodiversité. La Guyane est recouverte «à 95 % d’une forêt dense, une partie de la forêt amazonienne, qui rend les opérations de maintien de l’ordre et d’éradication du fléau de l’orpaillage illégal complexes», déplorait le rapport.
En 2022, les autorités françaises ont mené plus de 1000 patrouilles en forêt contre l’orpaillage illégal, saisissant 59 kilos de mercure et 5 kilos d’or, selon un bilan de la préfecture. D’après les opérateurs miniers locaux, 10 tonnes d’or seraient extraites illégalement de Guyane chaque année par les «garimpeiros».
Pour séparer l’or du minerai, les mineurs clandestins utilisent par ailleurs une grande quantité de mercure, métal toxique qui pollue les sols et les cours d’eau, et favorise la déforestation.
La lutte contre ce phénomène est également compliquée par son caractère transfrontalier, les orpailleurs agissant de part et d’autre des fleuves Oyapock et Maroni, frontières entre le département français et, respectivement, le Brésil et le Suriname.
Au Brésil, le président Lula, qui a succédé début 2023 à Jair Bolsonaro, ouvertement hostile à la protection de l’environnement, a relancé la répression de l’orpaillage illégal en Amazonie.
AFP