14 mai 2024
Paris - France
JUSTICE

Une voix militaire dissonante au procès du bombardement du camp français de Bouaké

« J’ai toujours pensé que c’était un accident », « je suis conscient que mon avis a toujours été très minoritaire sur ce plan-là », concède le colonel retraité. « Je n’étais pas sur place, c’est un raisonnement » reconnait-il encore, tout en avançant deux arguments : que l’erreur de tir est « envisageable » puisque le camp « se trouvait à quelques 1 200 m » d’une position rebelle déjà visée ; et que malgré la crise, une action « aussi grossière et massive » et stratégiquement contreproductive du pouvoir ivoirien contre la France lui parait « aberrante ».

Luc Perron de Revel se distingue aussi par ses critiques de la réaction française. À commencer par la destruction des avions Soukhoï, pourtant en train d’être réarmés. « Je pense qu’une action diplomatique extrêmement forte aurait permis d’empêcher tout risque sur les forces françaises, et ne pas détruire aurait permis de saisir pièces à conviction et pilotes, et nous ne serions pas ici aujourd’hui ». Il ajoute : « l’ordre a été donné sans envisager une minute les conséquences. Les mesures n’ont pas été prises pour protéger les ressortissants, je crois que ça a été une erreur. »

Et des erreurs, il en voit d’autres ensuite, comme « la destruction des hélicoptères dans l’enceinte du palais de Yamoussoukro, qui a relancé de façon extraordinaire les Patriotes » ou « se mettre en place autour de l’hôtel Ivoire, qui était une impasse et n’avait pas d’importance stratégique militaire » dit-il.

De manière générale, l’erreur a été selon lui « de ne rien faire en relation avec les diplomates » : « les militaires ont pris la main alors qu’il y avait certainement une autre manière de traiter ce que je considère comme un accident », conclut-il.
 Laura Martel. RFI
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