Coup de force en Guinée-Bissau : retour sur la destitution du président Embaló
Tout s’est passé très vite : le 27 novembre, quelques heures avant l’annonce des premiers résultats de l’élection présidentielle qui s’était déroulée trois jours plus tôt, des militaires ont arrêté le chef de l’État, Umaro Sissoco Embaló, suspendu le processus électoral et dit prendre « le contrôle total du pays ». Retour en trois points sur ces événements :
Ce qu’il s’est passé. C’est le chef de l’État lui-même qui a prévenu la presse de son sort. Mercredi, à 13 h 27, il a appelé François Soudan, le directeur de la rédaction de Jeune Afrique, pour lui annoncer que des militaires ont fait irruption au palais, alors qu’il se trouvait dans son bureau, et qu’ils l’ont arrêté. S’il dit ne pas savoir précisément qui est à la tête du putsch, il suggère qu’il pourrait s’agir du chef d’état-major de l’armée de terre, et ajoute que son arrestation intervient alors que la commission électorale s’apprêtait à proclamer sa victoire.
Qui dirige ? C’est un « Haut Commandement militaire pour la restauration de la sécurité nationale et de l’ordre public » qui a dit avoir destitué le chef de l’État. Cette annonce a été faite via un communiqué lu depuis le siège de l’état-major des armées par le brigadier général Denis N’Canha, le 27 novembre. Toutefois, le lendemain, ce n’est pas lui, mais le major-général Horta N’Tam qui a été investi président de la transition. Il avait officié, à partir de septembre 2023, comme chef d’état-major particulier du président avant de devenir chef d’état-major de l’armée de terre.
Où est le président destitué ? Umaro Sissoco Embaló a quitté le pays, le 27 novembre au soir, pour rejoindre le Sénégal, « sain et sauf », à bord d’un vol affrété par le gouvernement sénégalais, a indiqué Dakar. Le ministère sénégalais des Affaires étrangères a précisé que le président, Bassirou Diomaye Faye, avait participé à un sommet extraordinaire de la Cedeao – en visioconférence – sur la situation en Guinée-Bissau.
Au sommet du G20, le multilatéralisme sous pression
« Coup de maître ». À peine le G20 ouvert, à Johannesburg, la présidence, menée par Cyril Ramaphosa, a annoncé l’adoption d’une déclaration commune des chefs d’État. Non sans remous. En effet, l’Argentine s’est désolidarisée du groupe après avoir déclaré « se distinguer de l’approche partielle reflétée dans le document » concernant la situation « au Moyen-Orient ». Mais cette réaction était attendue et le président sud-africain a réussi à la contrecarrer en faisant voter la déclaration avant.
Fin d’un cycle. Si Emmanuel Macron faisait référence au multilatéralisme et à la difficulté des pays membres à « avoir une même vision pour gérer les conflits », cette image s’applique aussi à la rotation des pays hôtes. Après l’Inde (2023), le Brésil (2024) et l’Afrique du Sud (2025), les pays du Nord vont reprendre la main. À commencer par les États-Unis qui comptent avant toute chose défendre leurs intérêts au risque de mettre à mal les avancées sur les questions de changement climatique ou de lutte contre les inégalités. Les guerres commerciales et la lutte pour l’accès aux minerais rares font partie des grandes menaces qui pèsent sur le multilatéralisme.
Au Sénégal, le duo de l’exécutif en pleine tourmente
Un avant et un après-8 novembre, comme l’écrit Mehdi Ba dans son éditorial qui tire les enseignements du « terameeting » du Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko. « Cet “après” s’est incarné en un clash inédit entre les deux têtes de l’exécutif sénégalais » autour de la présidence de Pastef, explique le journaliste. « Le litige survenu en novembre marque un net crescendo. Le duel s’y exprime en effet par écrit, urbi et orbi, et le camp Sonko rappelle explicitement, à cette occasion, que c’est bien ce dernier qui tient le parti sans le soutien duquel le carrosse de Bassirou Diomaye Faye redeviendrait citrouille si, d’aventure, les heurts entre les deux hommes devaient atteindre un point de non-retour. »
La question qui agite l’exécutif sénégalais est la suivante : « En plein bras de fer avec Ousmane Sonko au sujet de la coordination de la coalition “Diomaye Président” qui l’a porté au pouvoir, Bassirou Diomaye Faye pourrait-il finalement avoir ses propres ambitions ? » Et quid de celles de son Premier ministre, définitivement condamné le 1ᵉʳ juillet par la Cour suprême de Dakar à six mois de prison avec sursis et 200 millions de F CFA de dommages et intérêts ? Reconnu coupable de diffamation contre Mame MBaye Niang en janvier 2024, Ousmane Sonko avait déposé une requête en rabat d’arrêt pour faire annuler la décision. Sans succès.
2029 en ligne de mire. Depuis, Ousmane Sonko a réintégré les listes électorales à la faveur de la loi d’amnistie votée en mars 2024. Une source à la présidence affirme que Bassirou Diomaye Faye ne remet pas en question l’éligibilité de celui qui fut son mentor pendant plus de dix ans. « Rien de ce qu’annoncent les gens sur la question d’éligibilité n’est vrai, et Ousmane Sonko est éligible à 100 % », insiste ce conseiller présidentiel.
Les dessous de l’euphorie boursière au Maroc
IPO retentissante. « Le géant du BTP SGTM s’apprête à réaliser une IPO retentissante à Casablanca. Effectuée par voie de cession de 20 % de son capital pour 5,04 milliards de dirhams (470 millions d’euros), cette introduction – la première cotation est prévue pour le 16 décembre – sera la deuxième plus importante dans l’histoire de la Bourse du royaume », explique Bilal Mousjid.
Exemple à suivre. Différentes par leurs activités et leur taille, la SGTM, propriété de la famille Kabbaj, et Cash Plus, détenue par les familles Amar et Tazi, de l’entreprise Richbond, sont toutes deux des entreprises familiales, autrefois peu enclines à s’ouvrir à la Bourse. Mais la santé florissante de la place boursière casablancaise explique « cet engouement des entreprises familiales pour l’institution, un phénomène relativement nouveau », souligne le journaliste au service économie.
Objectif 300. « Cette euphorie est cependant à nuancer, conclut l’article. Le royaume reste encore loin des 300 entreprises cotées, un objectif recommandé par le Nouveau modèle de développement à l’horizon 2035, mais qu’il ne devrait pas atteindre au rythme actuel [une à deux IPO par an et 77 entreprises cotées au total]. »
. BOAD : les coulisses de la transformation menée par Serge Ekué
Djoliba. Sous l’impulsion de Serge Ekué, qui a pris les rênes de la BOAD en 2020, l’institution suit un plan stratégique quinquennal dont la première phase arrive à échéance, l’occasion de dresser un bilan. Baptisé Djoliba, l’appellation en langue mandingue du fleuve Niger, son ambition est de transformer la BOAD pour en faire « une banque de référence pour un impact durable sur l’intégration et la transformation de l’Afrique de l’Ouest », explique Thaïs Brouck.
Maturité record. Dans le cadre de ce plan qui se concentre sur cinq secteurs clés (infrastructures, agriculture, énergie, logement et tourisme, santé et éducation), l’institution a réalisé avec succès, le 9 octobre, « un emprunt obligataire de 1 milliard d’euros avec une maturité de quinze ans, soit la plus longue jamais obtenue par une banque de développement africaine. Mais ce dont Serge Ekué est le plus fier, c’est d’avoir réussi à doubler les fonds propres de la BOAD sans diluer l’actionnariat et en faisant en sorte que l’opération pèse le moins possible sur les finances publiques, déjà contraintes, des États actionnaires », détaille le journaliste de Jeune Afrique.
2026-2031. « Une sixième verticale, consacrée à l’intelligence artificielle, sera ajoutée, et celle sur l’énergie sera renforcée », pour la seconde phase du plan stratégique. »C’est le secteur des secteurs. Si vous n’avez pas d’énergie, vous n’avez pas d’infrastructures ; si vous n’avez pas d’énergie, vous n’avez pas d’agriculture ; si vous n’avez pas d’énergie, vous n’avez pas de santé ; si vous n’avez pas d’énergie, vous n’avez rien », martèle le président Ekué

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