En Côte d’Ivoire, l’opposition tente l’union à sept mois de l’élection présidentielle.
Le paysage politique du pays se divise désormais en trois blocs : le camp présidentiel, l’opposition réunie au sein de la Coalition pour l’alternance pacifique et celle incarnée par le parti de Laurent Gbagbo.
À quelques mois de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire, les opposants d’Alassane Ouattara ont annoncé le 10 mars la création d’une coalition. L’un d’entre eux a manqué à l’appel : l’ancien président Laurent Gbagbo.
COALITION POUR L’ALTERNANCE EN CÔTE D’IVOIRE
Danièle Boni–Claverie (1er rang à droite) à côté de Tidjane Thiam, Simone Ehivet Gbagbo (1er rang au centre) et Charles Blé Goudé (1er rang à gauche) assistent au lancement de la coalition pour l’alternance pacifique en Côte d’Ivoire à Abidjan (CPA–CI), le 10 mars 2025.
près un premier rapprochement, début août, qui avait pris la forme d’une déclaration commune pour exiger une réforme électorale, les partis d’opposition ivoiriens ont
franchi un nouveau pas, ce 10 mars, en officialisant la création d’une coalition baptisée << Coalition pour l’alternance pacifique–Côte d’Ivoire » (CAP–CI).
Présentée comme «non idéologique, dédiée à la promotion de réformes électorales et à la consolidation de la démocratie en Côte d’Ivoire », elle s’est fixée pour principaux objectifs de << garantir des élections inclusives, libres, justes, transparentes et apaisées en octobre 2025, conformément aux standards internationaux », « défendre l’État de droit, la démocratie et les libertés fondamentales >> et << promouvoir la réconciliation nationale, l’unité nationale et la paix >>.
À quelques mois de l’élection présidentielle, les adversaires d’Alassane Ouattara se sont ainsi trouvé «< un cadre permanent de concertation et d’actions unitaires >>. Parmi la quinzaine de partis signataires: le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) de Tidjane Thiam, le Congrès panafricain pour la justice et l’égalité des peuples (Cojep) de Charles Blé Goudé, le Front populaire ivoirien (FPI) de Pascal Affi N’Guessan ou encore le Mouvement des générations capables (MGC) de Simone Ehivet Gbagbo. Un grand absent s’est fait remarquer,
Laurent Gbagbo, dont le Parti des peuples africains–Côte d’Ivoire (PPA–CI) avait pourtant signé la déclaration du mois d’août.
Coalition <<< ouverte >>
Candidat à l’élection présidentielle mais inéligible en raison d’une condamnation par la justice de son pays en 2018, l’ancien président avait été à l’origine d’un appel << à toutes les forces politiques, à tous ceux qui pensent que ce gouvernement ne doit plus être là», lors d’un meeting en juillet dernier dans la commune de Bonoua, sur les terres de son ex–épouse, Simone Ehivet Gbagbo.
Candidat à l’élection présidentielle mais inéligible en raison d’une condamnation par la justice de son pays en 2018, l’ancien président avait été à l’origine d’un appel << à toutes les forces politiques, à tous ceux qui pensent que ce gouvernement ne doit plus être là», lors d’un meeting en juillet dernier dans la commune de Bonoua, sur les terres de son ex–épouse, Simone Ehivet Gbagbo.
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<<<Nous travaillons depuis un certain temps autour de cet appel. C’est un travail long et méthodique », explique à Jeune Afrique le président exécutif du PPA–CI, Sébastien Dano Djédjé, sans toutefois exclure que sa formation politique rejoigne dans les prochains mois le CAP–CI. Le PPA–CI, qui s’active pour la réinscription de son leader sur les listes électorales, partage en effet avec cette nouvelle coalition un certain nombre d’objectifs comme celui de << proposer des réformes électorales essentielles pour garantir un scrutin crédible et apaisé»>.
Si tel était le cas, Gbagbo retrouverait, au sein de cette plateforme, d’anciens camarades de lutte avec qui les relations sont rompues depuis plusieurs années comme Pascal Affi N’Guessan, candidat à la présidentielle et qui s’était un temps allié avec le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) d’Alassane Ouattara, et Charles Blé Goudé. Ce dernier n’a pas souhaité commenter l’absence du PPA–CI mais, selon lui, la coalition reste << ouverte »>.
Côte d’Ivoire : face à Tidjane Thiam, Laurent Gbagbo fait bande à part depuis Bruxelles
<< Tous ceux qui estiment qu’il nous faut une élection inclusive, une réforme du système électoral, qui ne
veulent pas revivre 2011, 2015 et tout ce que vous savez, tous ceux qui veulent que l’on ait une élection paisible, tous ceux–là vont nous rejoindre », assure l’ancien leader des Jeunes patriotes, définitivement acquitté par la Cour pénale internationale (CPI) en 2021 où il avait été jugé pour crimes contre l’humanité à la suite des violences post–électorales de 2010-2011 avec son mentor Laurent Gbagbo.
À l’instar de ce dernier, Charles Blé Goudé s’est aussi déclaré candidat à la présidentielle, mais demeure inéligible en raison, lui aussi, d’une condamnation en Côte d’Ivoire. Depuis plusieurs mois, il avait opéré un rapprochement avec Simone Ehivet Gbagbo après qu’elle a lancé son appel << pour la réforme de la commission électorale, l’inclusivité du prochain scrutin et l’établissement d’un dialogue politique avec le pouvoir en place>>.
<< Date historique >>
L’ancienne première dame, également candidate à la présidentielle, a été propulsée porte–parole du CAP–CI, coalition dont la présidence a été attribuée à Tidjane Thiam. Un peu plus d’un an après avoir pris les rênes du PDCI, l’ancien patron de Prudential, puis de Credit Suisse, devrait être prochainement désigné pour représenter sa formation lors d’une convention dont la date reste à définir, face à Jean–Louis Billon, qui n’a jamais fait mystère de ses ambitions présidentielles.
«Je sais que je traduis la pensée de tous mes collègues en disant que je suis déterminé à tout mettre en œuvre pour que la paix règne en Côte d’Ivoire », a–t–il affirmé lors du lancement de la coalition au siège de son parti, saluant << une date historique ». Selon lui, «< il n’y a pas de fatalité dans ce domaine», donnant l’exemple du Sénégal et du Ghana comme réussites de l‘«< alternance pacifique »>.
Thiam a récemment annoncé son intention de renoncer à la nationalité française, une condition préalable obligatoire pour briguer la magistrature suprême, mais se
trouve embourbé depuis plusieurs jours dans une polémique relative à sa double nationalité.
Présidentielle en Côte d’Ivoire: Laurent Gbagbo, une lutte perpétuelle et un «< goût d’inachevé >>
Cette union débouchera–t–elle sur une candidature commune pour l’élection présidentielle d’octobre prochain ou, tout du moins, sur des accords de
désistement ? Nul doute que la question sera au cœur de prochaines discussions des leaders de l’opposition qui tous attendent, par ailleurs, de connaître la décision du
chef de l’État Alassane Ouattara quant à son avenir politique.
Jean Moliere. source JA
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