Attaque de Boko Haram : le Tchad appelle la communauté internationale à l’aide
Un assaut est survenu dans la nuit du 27 au 28 octobre dans une zone d’îlots à proximité du lac Tchad, près des frontières avec le Cameroun et le Nigeria, où les groupes djihadistes multiplient les violences depuis 2023.
Une quarantaine de militaires tombés, selon un bilan provisoire diffusé lundi 28 octobre par la présidence tchadienne, et des dizaines de blessés selon d’autres sources. L’attaque perpétrée dans la nuit du dimanche 27 au lundi 28 octobre par des insurgés islamistes contre la garnison de Barkaram, commune de la province du lac Tchad au cœur d’une zone marécageuse et à la lisière de la frontière nigériane, a été “dévastatrice”, selon Linfodrome.
Après avoir pénétré dans ce poste avancé de l’armée tchadienne et ouvert le feu, les assaillants ont “[récupéré] des armes et [incendié] des véhicules”, poursuit le site d’information ivoirien, précisant que le commandant de cette unité de 200 hommes fait partie des militaires tués.
L’attaque a été imputée par la présidence du Tchad à Boko Haram. La mort en 2021 de “son emblématique chef, le ‘chacal’ Abubakar Shekau”, avait sonné le glas de cette époque où il “attaquait à tout bout de champ des régions du Nigeria, opérant des rapts, tuant et appliquant la Charia”, rappelle Aujourd’hui au Faso. Divisée par “un schisme profond”, l’organisation avait alors vu une partie de ses combattants rallier sa branche dissidente, le groupe État islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap).
Un nouveau chef veut sortir de l’ombre
Bakura Modu, soupçonné d’être le nouveau chef de Boko Haram, “tente depuis de s’émanciper de l’ombre de Shekau” et a effectué à partir de 2023 “quelques équipées autour du Lac Tchad où il a ses quartiers”, ajoute le quotidien burkinabé.
“L’attaque de ce casernement militaire tchadien vient rappeler que Boko Haram n’a pas poussé ses derniers spasmes, loin de là ! Bakura tente d’exister par lui-même. À moins que l’attaque de Barkaram de ce dimanche 27 octobre vers 22 h 15 ne soit aussi l’œuvre d’une autre katiba [groupe de combattants] affiliée à Boko Haram, dans ce genre de mouvement, la scissiparité accouchant de sous-chefs.”
“Signe de la gravité de la situation, le président [du Tchad] Mahamat Idriss Déby Itno, toutes affaires cessantes, s’est rendu sur les lieux” le 28 octobre, relève Le Pays. La dernière attaque d’envergure contre l’armée tchadienne remonte à 2020. Une centaine de soldats avaient péri. Idriss Déby père avait alors lancé, en représailles, l’opération “colère de Bohoma”, qui fut selon le quotidien ouagalais “un véritable succès”.
Son fils Mahamat Idriss Déby, qui lui a succédé après sa mort le 20 avril 2021, “a donné [lundi 28 octobre] le coup d’envoi de l’opération Haskanite pour poursuivre et traquer les assaillants jusque dans leurs derniers retranchements”, indique le communiqué de la présidence.
“J’ai décidé de traquer ces illuminés jusqu’à leur dernière base […]. Ils vont voir dans quelques jours la foudre de l’armée nationale tchadienne”, a ajouté, martial, le chef de l’État, cité par le site tchadien Alwihdainfo.
Le titre souligne par ailleurs dans un autre article que trois jours de deuil national ont été décrétés du mardi 29 octobre à minuit jusqu’au vendredi 1er novembre 2024 à minuit.
Deux millions de déplacés depuis 2009
Le président Déby s’est rapproché de Moscou ces derniers mois, mais les échanges entre les deux pays sur un possible renforcement de leur coopération économique et militaire ne se sont pas encore concrétisés.
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Les soldats tchadiens sont fréquemment ciblés par les attaques de Boko Haram dans la région du Lac Tchad, vaste étendue d’eau et de marécage parsemée d’îlots qui abrite les combattants du groupe jihadiste ou de sa branche dissidente, l’État Islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap, selon l’acronyme en anglais).
L’insurrection de Boko Haram est apparue en 2009 au Nigeria, où elle a fait depuis quelque 40 000 morts et plus de deux millions de déplacés, avant de se propager dans les pays frontaliers.
En mars 2020, le groupe avait mené une offensive sanglante sur une autre base militaire de la région du lac Tchad, faisant une centaine de morts – les plus lourdes pertes jamais enregistrées par l’armée tchadienne.
Comme à l’époque, trois jours de deuil national ont été décrétés à partir de mardi, avec drapeaux en berne et interdiction de toute activité à caractère festif.
Jean Moliere/AFP
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