A compter de ce lundi 24 novembre, les dirigeants européens et africains se réunissent pendant deux jours dans la capitale angolaise. Leur sommet doit permettre de renforcer les liens économiques et sécuritaires entre les deux continents, sur fond de compétition mondiale accrue.
« Près de 80 chefs d’État et de gouvernement sont attendus ce lundi 24 novembre à Luanda. La capitale de l’Angola accueille [pendant quarante-huit heures] le sommet conjoint de l’Union africaine et de l’Union européenne » [RFI].
« Septième rassemblement du genre, ce [rendez-vous] intervient après une réunion du G20 en Afrique du Sud où un boycott américain a mis en lumière les fractures géopolitiques« , observe France 24.
« À l’occasion des 25 ans de leur partenariat, les dirigeants des deux continents entendent redéfinir leur coopération dans des domaines stratégiques comme la paix, le commerce, la santé et le multilatéralisme » [Africa News Agency].
Rester en pole position face à la concurrence
Ce sommet revêt une importance particulière pour l’UE, avec l’enjeu de « conserver son rôle de principal partenaire du continent. L’Afrique est redevenue un terrain de bataille diplomatique, où la Chine, les États-Unis et la Russie se disputent ses minerais, son potentiel énergétique et son soutien politique« , souligne France 24.
D’autant que « le commerce entre l’UE et l’Afrique est en baisse. Il s’est élevé à environ 355 milliards d’euros en 2024, soit plus de 100 milliards de moins que l’année précédente« , pointe L’Opinion. L’Union reste toutefois « le premier fournisseur d’investissements directs étrangers sur le continent et son principal partenaire commercial » [France 24].
Le choix de l’Angola n’a rien d’anodin. « Géant de l’énergie et centre logistique » stratégique [Deutsche Welle], le pays est aussi au centre d’un « héritage colonial difficile à ignorer » [Politico]. « L’Union africaine, [présidée par] le dirigeant angolais João Lourenço […], a fait des réparations liées à l’esclavage et aux crimes coloniaux son thème de travail pour l’année« , relate le média en ligne.
De nombreux enjeux stratégiques
Pendant ces deux jours, les dirigeants européens et africains aborderont de nombreux sujets. « Il sera d’un côté question de paix, de sécurité, de gouvernance et de multilatéralisme. L’occasion d’évoquer les crises, les conflits sur les deux continents, comme l’Ukraine, le Soudan ou encore le Sahel« , note RFI. « Puis les dirigeants se retrouveront autour des questions […] de migrations et de mobilité« , précise la radio internationale.
« Les chefs d’État et de gouvernement discuteront [notamment] des moyens de juguler l’immigration illégale vers l’Europe, un thème qui a nourri ces dernières années le discours et les gains électoraux de nombreux partis d’extrême droite sur le Vieux Continent » [Africa Radio].
« Notre objectif pour ce sommet historique est la poursuite d’un partenariat entre l’UE et l’Afrique robuste, équilibré et tourné vers l’avenir. […] Ensemble, nous pouvons relever les défis mondiaux et faire émerger des opportunités partagées« , a déclaré le président du Conseil européen, António Costa, en amont de cet événement [Africa News Agency].
Parmi tous ces enjeux, « le renforcement du commerce sera sans doute la priorité, alors que les tarifs américains affectent les deux continents« , relate France 24. L’Union européenne compte notamment sur son « Global Gateway » : une stratégie annoncée en 2021 qui vise à mobiliser plus de 300 milliards d’euros d’investissements d’ici 2027, dont 150 milliards pour l’Afrique« , rappelle RFI.
Or « on est encore très loin du compte« , déplore L’Opinion, pour qui l’un des objectifs est avant tout d' »éviter que Luanda soit, une fois de plus, un sommet fait de vœux pieux« .
L’investissement comme maître-mot
« Cela nécessitera des investissements dans les infrastructures, l’énergie et des projets industriels qui créent de l’emploi et soutiennent la croissance économique en Afrique – [sans compter] un éloignement des simples déclarations de bonnes intentions » [France 24]. « L’Afrique n’attend pas de nouvelles déclarations mais des engagements crédibles et réalisables« , a affirmé le porte-parole de l’Union africaine, Nuur Mohamud Sheekh, poursuit le média.
« Ces jours-ci, tout discours sur les infrastructures en Angola se tourne inévitablement vers le corridor du Lobito, le projet phare d’infrastructure du pays« , avance la Deutsche Welle. « Financé par l’UE et les États-Unis, [ce dernier] vise à moderniser [une ligne] ferroviaire reliant le port angolais de Lobito à la République démocratique du Congo » [Politico].
Si le projet estimé à « un milliard de dollars » accuse d’importants retards dans sa mise en œuvre, « des trains circulent déjà le long de la route tant convoitée, transportant principalement du cuivre des mines congolaises » [Deutsche Welle].
Les minerais critiques apparaissent aujourd’hui comme le nerf de la guerre dans la compétition mondiale. Ainsi, « l’UE cherchera également [lors de ce sommet] à sécuriser les minerais critiques nécessaires à sa transition écologique et à réduire sa dépendance vis-à-vis de la Chine pour les terres rares, essentielles aux technologies et produits électroniques« , appuie France 24. Dans ce contexte, la Commission européenne a annoncé la présentation, d’ici la fin de l’année, de son plan RESourceEU, destiné à sécuriser l’approvisionnement de l’Union dans ce secteur stratégique.
Si les diplomates européens « se sont efforcés de présenter ces projets comme des partenariats ‘gagnant-gagnant’, les critiques rétorquent que le schéma reproduit certaines pratiques extractives de l’époque coloniale et n’a pas encore apporté d’améliorations significatives aux communautés locales« , conclut le média.


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