Petites confidences et grandes intrigues. Chaque jeudi, Africa Intelligence plonge dans les coulisses des palais du continent et au–delà.
Afrique de l’Ouest – Le conclave d’Alassane Ouattara, Bassirou Diomaye Faye et Umaro Sissoco Embaló sur l’Uemoa
Les chefs d’État de l’Union économique et monétaire Ouest–africaine (Uemoa) ont profité du sommet de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), qui s’est tenu à Abuja, le 15 décembre, pour mener de discrètes consultations.
Comme annoncé par Africa Intelligence, ils se sont retrouvés la veille pour évoquer les graves problèmes auxquels est confrontée l’organisation (AI du 13/12/24). L’entretien s’est tenu en présence des présidents Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire), Bassirou Diomaye Faye (Sénégal), Umaro Sissoco Embaló (Guinée- Bissau), du chef de la diplomatie togolaise, Robert Dussey, et du ministre des finances béninois, Romuald Wadagni. Les échanges – modérés par Alassane
Ouattara, qui assure depuis 2022 l’intérim de la présidence de l’Uemoa – ont notamment porté sur les difficultés rencontrées par les pays de l’organisation à
emprunter sur les marchés régionaux et internationaux. Sur ces derniers, ils font face à des taux particulièrement élevés.
Le cas des trois pays de l’Alliance des États du Sahel (AES: Burkina Faso, Mali et Niger) a également figuré au cœur de la rencontre. Les trois juntes rechignent à régler leurs contributions obligatoires calculées selon le PIB de chaque État membre. Le Mali accuse ainsi une dette cumulée auprès de l’Uemoa estimée à près de 114 milliards de francs CFA (174 millions d’euros), depuis 2020. Poliment invité à régulariser sa situation, le Mali s’est jusqu’à présent contenté d’une fin de non–recevoir. Fin 2024, Niamey et Ouagadougou ont toutefois consenti à régler une partie de leur cotisation.
Gabon – Pascaline Bongo se tourne vers Denis Sassou–Nguesso
Pascaline Bongo rassemble ses soutiens pour tenter de défendre l’avenir de la holding familiale, Delta Synergie. Le mois dernier, la task force gabonaise chargée de l’apurement de la dette de l’État avait demandé à la holding de céder ses parts au sein de BGFIBank Holding Corp, dont les dividendes assurent le tiers des revenus de Delta Synergie, et donc de la famille Bongo (AI du 29/11/24).
La matriarche est soutenue par la plupart de ses frères et sœurs, dont le président déchu Ali Bongo (2009- 2023), l’ancien patron de la Direction générale des services spéciaux (DGSS) de la Garde républicaine gabonaise, Fréderic Bongo, Arthur Bongo ou encore Christian Bongo. Les 14 et 15 décembre, Pascaline Bongo est également allée chercher des soutiens du côté de Brazzaville, où elle a été reçue par le président Denis Sassou–Nguesso. Petit–fils et conseiller de ce dernier, Omar–Denis Junior Bongo (ODJB) est désormais en rupture avec le président gabonais, Brice Clotaire Oligui Nguema, alors qu’il avait assuré, lors des premiers mois de la transition, la bonne entente de l’axe Brazzaville–Libreville.
ODJB, déjà agacé par la reprise en main par l’État des résidences privées de son défunt père Omar Bongo (1967-2009), voit un acharnement dans la tentative de
Libreville de capter les parts de BGFIBank Holding Corp détenues par Delta Synergie. Denis Sassou–Nguesso n’est pas parvenu à apaiser la situation lors de son entretien avec son homologue gabonais, en marge de la réouverture de la cathédrale Notre–Dame, à Paris, le 6 décembre. Les deux chefs d’État, qui conservent un contact direct, y ont également abordé l’avenir du PDG de la BGFIBank, Henri–Claude Oyima, qu’Oligui souhaite voir partir. Denis Sassou–Nguesso, dont le clan détient de nombreuses participations au sein de BGFIBank, a réaffirmé son soutien au banquier.
Centrafrique – Passe d’armes entre la conseillère spéciale du président et la chef de la diplomatie
Entre la gouvernance officielle et l’officieuse, les relations se révèlent parfois complexes au sein du système du président centrafricain Faustin–Archange Touadéra. La rivalité entre la ministre des affaires étrangères, Sylvie Baïpo–Temon, et sa conseillère spéciale avec rang de ministre, Sandra Boodhun, monte d’un cran. La première se plaint du rôle de la seconde et voit d’un mauvais œil sa relation avec le président.
La cheffe de la diplomatie centrafricaine critique aussi le rôle d’autres prétendus alliés de Sandra Boodhun au sein de la présidence, dont celui des conseillers semi- officieux qui s’invitent dans certains dossiers diplomatiques, tels que la relation avec Abu Dhabi. Fin novembre 2024, lors de la rencontre entre Faustin-
Archange Touadéra et Shakhboot bin Nahyan al- Nahyan, ministre des affaires étrangères des Émirats arabes unis, Sylvie Baïpo–Temon s’est étonnée du rôle de Pascal Bida Koyagbélé. Ministre coordinateur des grands travaux et des investissements stratégiques, il se trouvait aux côtés de Faustin–Archange Touadéra lors de l’audience accordée au diplomate émirati.
Suspectant Sandra Boodhun, particulièrement impliquée dans la relation avec Maurice et Abu Dhabi
(AI du 18/01/23), de chercher à la marginaliser à travers Pascal Bida Koyagbélé, Sylvie Baïpo–Temon a évité la photo avec le ministre d’État émirati et a partagé avec le président sa colère contre la diplomatie parallèle de ses conseillers.
Jean Moliere. Source AI
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