14 septembre 2024
Paris - France
CULTURE

Rentrée littéraire : Gaël Faye revient avec une fresque familiale au Rwanda

La relation glaciale que sa mère entretient avec son fils donne la mesure du traumatisme qui l’a condamnée au silence, comme tant d’autres mères. L’auteur partage ici avec Milan son apprentissage d’un pays, au passé, au présent, qu’il veut faire sien : là s’ouvre son futur. Pour cela, il faut raconter.

«On dit que les paroles s’envolent et les écrits restent, mais que faire quand il n’y a ni paroles, ni écrits ? » Aux bougainvilliers de Petit Pays succède le jacaranda. De l’arbre aux fleurs violettes, Gaël Faye a fait le titre et le symbole de son second roman, étape toujours délicate dans la jeune vie d’un écrivain… D’autant que l’auteur-compositeur-interprète franco-rwandais sort à peine de l’exceptionnelle aventure de son premier, traduit dans le monde entier, multiprimé, devenu film, pièce de théâtre et, tout récemment encore, huit ans après sa sortie, bande dessinée…

Souvenez-vous : le regard de Gaby, 10 ans, sur ses parents désunis, sur le Burundi en guerre, tandis qu’au Rwanda de sa mère Yvonne le génocide des Tutsis était en route. C’était la fin de l’enfance.

Avec Jacaranda, c’est la fin de l’adolescence qu’aborde Gaël Faye. Milan, 12 ans, fils unique d’un Français et d’une Rwandaise, a grandi dans la banlieue ouest de Paris et n’a jamais entendu sa mère évoquer son pays natal. Et puis à la télévision, un jour de 1994, on parle du génocide des Tutsis du Rwanda. Et alors ? Rien. Venancia demeure muette.

Mais peu de temps après, elle annonce à son fils qu’il devra partager sa chambre avec le petit Claude, son neveu, arrivé du Rwanda blessé, tête rasée. Et dans leur face-à-face se reconnaît le talent de Gaël Faye à moduler d’émotions les voix de l’enfance. Sauf que Claude repart aussi soudainement qu’il était arrivé.

Allers-retours

Il faudra tout un roman avant qu’ils ne se retrouvent jeunes adultes au Rwanda. Car le divorce de ses parents va conduire l’adolescent au pays inconnu, avec sa mère, en juillet 1998, quatre ans après le génocide. Dès lors, le parcours de Milan, fait d’allers et retours entre ses deux pays, marqué par ses rencontres avec la famille, liée à celle de Gaby, enjoint au jeune narrateur de transmettre la mémoire du Rwanda, sur cinq générations, avec le concours de la petite Stella qui voit en lui un grand frère.

 Isabelle, Carole, Hope… Elles ont reconstruit la culture au Rwanda

Dans ce beau livre, Gaël Faye donne intensité à chacun des personnages, aussi bien dans l’intimité que dans les scènes de groupe – avec la sacrée bande de jeunes du « Palais » de Kigali plein de livres et de musique. La relation glaciale que sa mère entretient avec son fils donne la mesure du traumatisme qui l’a condamnée au silence, comme tant d’autres mères.

L’auteur partage ici avec Milan son apprentissage d’un pays, au passé, au présent, qu’il veut faire sien : là s’ouvre son futur. Pour cela, il faut raconter. Et dire ce que signifie, pour Stella, le jacaranda.

Jean  Moliere.  Source Le Point

Leave feedback about this

  • Quality
  • Price
  • Service

PROS

+
Add Field

CONS

+
Add Field
Choose Image
Choose Video
X