Ce qu’il faut savoir sur le regain de tensions entre la République démocratique du Congo et le Rwanda
CONFLIT•L’ONU a avancé à dimanche la réunion d’urgence du Conseil de Sécurité sur la RDC face à une situation explosive dans la région du Nord Kivu.
La République démocratique du Congo (RDC) a annoncé samedi rappeler ses diplomates à Kigali, la capitale rwandaise, après l’intensification des combats dans l’est de la RDC entre l’armée congolaise et le M23, groupe armé antigouvernemental soutenu par le Rwanda et son armée. Les ambassades américaine, allemande et française en RDC et le ministère des Affaires étrangères britannique ont aussi appelé leurs ressortissants à quitter Goma, capitale du Nord Kivu encerclée par les combats.
Dans une lettre adressée par le ministère congolais des Affaires étrangères à l’ambassade du Rwanda à Kinshasa, datée de vendredi et transmise samedi soir à la presse par la présidence congolaise, la RDC informe « du rappel des diplomates de l’Ambassade de la République Démocratique du Congo à Kigali avec effet immédiat », sans plus de précisions.
Les tensions entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda plongent leurs racines dans le génocide rwandais de 1994. Suite à ces événements tragiques, des centaines de milliers de réfugiés hutus, dont certains génocidaires, ont fui vers l’est de la RDC. Cette migration massive a déstabilisé la région, poussant le Rwanda à intervenir militairement en territoire congolais sous prétexte de poursuivre ces groupes armés. Cette ingérence a déclenché une série de conflits, notamment deux guerres régionales entre 1996 et 2003, marquées par l’exploitation illégale des ressources naturelles et l’émergence de nombreux groupes rebelles, dont le M23, soutenu par Kigali malgré ses démentis constants.
Une poudrière aux portes de Goma
L’intensification des combats entre l’armée congolaise et le M23 autour de Goma, capitale du Nord-Kivu, a pris une tournure alarmante en janvier 2025. Le groupe rebelle, appuyé par 3 000 à 4 000 soldats rwandais selon l’ONU, encercle désormais la ville d’un million d’habitants, qui accueille également un nombre équivalent de déplacés. Cette escalade militaire a entraîné la mort de treize soldats étrangers, dont trois Casques bleus, démontrant la gravité de la situation. La Monusco, forte de 15 000 hommes, se trouve engagée dans des « combats intenses » contre les rebelles, tandis que la force régionale SAMIRDC déplore également des pertes significatives.
Une crise diplomatique aux répercussions internationales
La détérioration de la situation a provoqué une rupture diplomatique majeure avec le rappel immédiat des diplomates congolais de Kigali. L’échec des tentatives de médiation sous l’égide de l’Angola n’a fait qu’exacerber les tensions. Face à cette escalade, la communauté internationale se mobilise : le Conseil de sécurité de l’ONU a avancé sa réunion d’urgence, tandis que le président français Emmanuel Macron exige le retrait immédiat des forces rwandaises. L’Union européenne condamne fermement l’implication militaire du Rwanda, qualifiée de « violation manifeste du droit international ».
Une catastrophe humanitaire imminente
La reprise des hostilités aggrave une situation humanitaire déjà critique dans la région. Depuis début janvier, 400 000 personnes ont été contraintes de fuir leurs foyers, s’ajoutant aux millions de déplacés existants. L’évacuation du personnel des Nations Unies et les appels des pays occidentaux à leurs ressortissants de quitter Goma témoignent de la gravité de la situation. L’échec des six précédents cessez-le-feu, dont le dernier signé fin juillet, illustre la complexité d’une résolution pacifique du conflit. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, met en garde contre « le risque d’une guerre régionale », soulignant l’urgence d’une désescalade dans cette région stratégique d’Afrique centrale.
Jean Moliere. avec AFP
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