18 octobre 2025
Paris - France
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Présidentielle en Côte d’Ivoire : 5 questions pour comprendre ce qui va se jouer lors du scrutin 

Alassane Ouattara, candidat à un quatrième mandat, vise << un coup KO » dès le premier tour, le 25 octobre prochain, face à une opposition divisée et dont les principaux leaders ne participeront pas au scrutin

Les candidats Henriette Lagou, JeanLouis Billon, Alassane Ouattara, Simone Ehivet Gbagbo et Ahoua don Mello. O MONTAGE JA : Facebook Henriette LAGOU Officiel ; Vincent Fournier pour JA; Issam Zejly pour JA; Facebook Simone Ehivet Gbagbo 

C’est parti pour quatorze jours de campagne électorale en Côte d’Ivoire. Elle s’est ouverte ce weekend avec les premiers grands meetings des candidats en lice, dont celui du président sortant Alassane Ouattara, favori de ce scrutin, qui s’est rendu dans le centreouest du pays, à Daloa

Quatre autres candidatures ont été retenues par le Conseil constitutionnel sur la soixantaine de dossiers soumis par la Commission électorale indépendante (CEI). Le chef de l’État affrontera dans les urnes l’exministre du 

Commerce et député du PDCI en rupture de ban Jean- Louis Billon, l’ancienne première dame Simone Ehivet Gbagbo, un exmembre du parti de Laurent Gbagbo, Ahoua Don Mello, et enfin, l’éphémère ministre de la Famille au début des années 2000 Henriette Lagou, déjà candidate en 2015

  1. Alassane Ouattara peutil réussir un <<< coup KO »

Le président sortant, 83 ans, part grand favori de cette élection présidentielle. Le scénario du «< coup KO>> tant espéré par ses partisans, soit une victoire au soir du premier tour ce 25 octobre, se dessine alors que ses deux principaux opposants, Laurent Gbagbo (Parti des peuples africainsCôte d’Ivoire, PPACI) et Tidjane Thiam (Parti démocratique de Côte d’Ivoire, PDCI), ne participent pas au scrutin. Après avoir été radiés des listes électorales le premier en raison d’une condamnation judiciaire en 2018, le second pour un problème de nationalité , leurs candidatures n’ont pas été retenues

Sans poids lourd soutenu par une solide formation politique face à lui, Alassane Ouattara devrait s’imposer sans difficulté, porté par le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) qu’il préside, parti dominant sur la scène politique ivoirienne, à la tête d’une majorité de régions et de communes. Le chef de l’État au pouvoir depuis 2011 s’appuie aussi sur un bilan plutôt flatteur, notamment en matière d’économie et d’infrastructures, qu’il a évoqué lors de son premier meeting de campagne promettant de << faire plus >>

SANGA Le don de sang en chiffres 

Il a par ailleurs dévoilé un ambitieux programme basé sur << six piliers » dans lequel on retrouve les promesses << de structures universitaires de classe internationale capables d’attirer les meilleurs enseignants et de former les talents de demain dans chaque région », d’un recrutement 

<< massif» de membres du corps médical ou encore du lancement des travaux d’un TGV reliant Abidjan à Yamoussoukro et Bouaké

 Présidentielle en Côte d’Ivoire : qui peut encore arrêter le rouleau compresseur RHDP

Le président a choisi de confier sa campagne à un cercle de fidèles, dont la plupart ont déjà œuvré à sa réélection en 2020. Cette année, il avait annoncé son retrait au profit d’Amadou Gon Coulibaly, son Premier ministre, avant de se raviser à la suite du décès de ce dernier quelques mois avant l’élection. Pour expliquer sa décision de briguer, cette fois encore, un nouveau mandat, le président a avancé l’exigence de l’expérience << face à des défis sécuritaires, économiques et monétaires sans précédent >> avant de réitérer sa promesse de 2020 d’un renouvellement générationnel dans sa famille politique

  1. Pourquoi l’opposition n’estelle pas parvenue à surmonter ses divisions

Entre les exclus du scrutin, les candidats retenus mais en rupture de ban avec leur parti, les calculs politiques à court terme, les batailles d’ego et les vieilles querelles jamais réglées, l’opposition ne sera pas parvenue à s’entendre sur une stratégie commune pour espérer faire basculer le scrutin en sa faveur

L’absence du pays depuis près de sept mois de Tidjane Thiam, installé à Paris, n’a pas facilité la consolidation d’une dynamique d’union. Ses revirements non plus. Après s’être rapproché de Simone Ehivet Gbagbo au sein de la Coalition pour l’alternance pacifique en Côte d’Ivoire (CAPCI), il s’est finalement allié à Laurent Gbagbo au sein d’un Front commun (divorcés, les exépoux Gbagbo ne se voient plus depuis plusieurs années). Les deux recalés du scrutin se sont opposés à des plans B dans leur famille politique, ont annoncé refuser de soutenir un autre candidat pour le scrutin et multiplient les initiatives pour obtenir leurs réinscriptions sur les listes électorales et l’ouverture d’un dialogue politique

A lire a Côte d’Ivoire : de Simone Ehivet Gbagbo ou Jean- 

Louis Billon, qui peut fédérer l’opposition

L’ancienne première dame a elle aussi fini par faire un pas de côté vis-à-vis de la CAPCI, plateforme qui avait ouvert des négociations avec le RHDP sur la question du 

dialogue politique, pour se consacrer à sa campagne avec le soutien de l’ancien ministre Charles Blé Goudé. Selon nos informations, Simone Ehivet Gbagbo pourrait recevoir d’ici au premier tour celui d’un autre candidat, Ahoua Don Mello, démis de ses fonctions de vice- 

président du PPACI après avoir annoncé sa décision de se présenter

Quant à JeanLouis Billon, député du PDCI en rupture de ban, seul candidat à n’avoir jamais exprimé de désapprobation au sujet du quatrième mandat d’Alassane 

Ouattara, il a débuté sa campagne en exprimant sa détermination : «Ceux qui vous disent de boycotter, n’écoutez pas ! Au contraire, sortez voter massivement, et 

on obtiendra le changement », atil lancé lors de son premier meeting à Abidjan

  1. Les violences peuventelles recommencer

Depuis le 5 octobre, 44 000 femmes et hommes se déploient sur l’ensemble du territoire ivoirien : 18 000 policiers, 18 000 gendarmes et environ 8 000 militaires, près d’un quart de plus que lors du scrutin de 2020, année d’importantes violences avaient éclaté en marge du processus électoral causant la mort d’au moins 85 

personnes sur trois mois, selon un bilan officiel. Les Ivoiriens gardent en mémoire les scènes parfois insoutenables de certaines de ces confrontations intercommunautaires dans plusieurs localités du pays

<<< Tous les meetings et manifestations publiques visant à contester les décisions du Conseil constitutionnel »>, ont été interdits sur décision du Conseil national de sécurité (CNS). L’opposition, dont plusieurs cadres et militants ont été arrêtés et incarcérés ces dernières semaines, notamment pour « appels à l’insurrection et atteinte à la sûreté de l’État »>, a immédiatement dénoncé «< une atteinte aux libertés individuelles et au droit d’expression politique >>

 Côte d’Ivoire : la stratégie jusqu’auboutiste de Thiam et Gbagbo peutelle payer

Une interdiction qu’ont tout de même bravée, ce 11 octobre, plusieurs centaines d’Ivoiriens, principalement à Abidjan, sans qu’aucun cadre de l’opposition ne soit 

présent à leurs côtés. Selon le ministère de l’Intérieur, 237 interpellations ont été effectuées. « Les manifestations pour la démocratie, la justice et la paix se poursuivront tous les jours et sur toute l’étendue du territoire, jusqu’à la satisfaction des revendications par la tenue d’un dialogue politique », a annoncé dans la foulée le Front Commun. Cet appel seratil entendu ? Le 13 octobre, aucune manifestation d’ampleur n’était signalée dans le pays et la ville d’Abidjan était restée calme. Reste que la situation reste versatile à l’aube de ce scrutin

Ce dispositif sécuritaire XXL a par ailleurs été instauré dans un contexte de risque terroriste et d’incursions des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP, supplétifs de l’armée burkinabè) à la frontière nord, et de raidissement des relations avec Ouagadougou

  1. Fautil s’attendre à une participation importante

Les candidats ont quatorze jours pour convaincre plus de 8,7 millions d’électeurs. Combien se déplaceront finalement dans les urnes ? Le taux de participation à 

l’élection présidentielle de 2020 était de 53,90% selon CEI, dans un contexte de boycott de l’élection de l’opposition opposée à un troisième mandat et de vives tensions sur l’ensemble du territoire. Le RHDP espère cette année atteindre les 85%

 Infrastructures, investissements, detteLe vrai bilan économique d’Alassane Ouattara 

Mais outre les questions de sécurité qui permettront, ou non, aux électeurs de se déplacer sans risque, les politiques ivoiriens doivent composer avec une grande défiance des citoyens visàvis d’eux. Désabusés, beaucoup ne croient plus à leurs promesses dans un pays , malgré les progrès enregistrés ces dernières années, les inégalités sociales restent très importantes

  1. Les législatives aurontelles valeur de test

Les élections législatives se tiendront le 27 décembre, soit deux mois après le premier tour de la présidentielle. Cela peut paraître loin, mais elles sont en réalité déjà dans le viseur de l’ensemble de la classe politique ivoirienne

Si le principal enjeu pour le RHDP sera de consolider et d’étendre sa majorité dans l’hémicycle, ces prochaines élections seront surtout un test pour l’opposition ivoirienne en pleine recomposition et qui se cherche toujours un leader. Et en particulier pour le PDCI, dont le groupe parlementaire pourrait ne pas résister aux tensions internes au parti dont certains membres contestent la légitimité du président Tidjane Thiam et sa stratégie

JA

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