“Coutumier des déclarations cinglantes, au risque de déclencher une vive polémique”, le locataire de l’Élysée y a “ciblé les personnes non vaccinées”, en affirmant qu’il avait “très envie de les emmerder” en limitant “autant que possible l’accès aux activités de la vie sociale”, grâce au pass vaccinal, rapporte Le Temps. Pour le quotidien suisse, le chef de l’État “hausse le ton pour marquer l’importance de la campagne de vaccination alors que le variant Omicron fait grimper les contaminations dans le pays”.

Accord autour de l’épineuse question du pass vaccinal pour les mineurs

Des “déclarations matamoresques”, estime le quotidien belge L’Écho, qui n’ont pas manqué de mettre le feu aux poudres à l’Assemblée nationale, où l’examen du projet de loi sur le pass vaccinal a de nouveau été suspendu en pleine nuit.

Les débats s’étaient pourtant dans un premier temps assagis mardi en fin de journée : les députés étaient parvenus à s’accorder sur l’épineuse question du pass vaccinal pour les mineurs, reporté de 12 à 16 ans pour les sorties scolaires et activités péri et extrascolaires, mais pas pour les activités privées comme aller au restaurant.

La diffusion des déclarations d’Emmanuel Macron a de nouveau fait tanguer l’hémicycle un peu plus tard dans la soirée. Plusieurs élus d’opposition ont notamment réclamé en vain la venue immédiate du Premier ministre, Jean Castex, à l’Assemblée pour expliquer la ligne de l’exécutif après le propos du président.

“Un calcul politique prudent”

“En s’en prenant aux non-vaccinés”, Emmanuel Macron montre qu’il semble “déterminé à politiser encore plus le débat sur les vaccinations, trois mois avant l’élection présidentielle française”, note Euronews, en remarquant aussi que la petite phrase du président français pourrait être un clin d’œil à un commentaire de Georges Pompidou, qui avait déclaré en 1966 qu’il était temps d’“arrêter d’emmerder les Français”, lorsqu’il était Premier ministre.

“Même si le langage est grossier et pourrait provoquer des réactions extrêmes voire violentes de la part des antivaccins, les analystes estiment que les remarques du président semblent refléter un calcul politique prudent”, souligne le correspondant du Guardian à Paris Jon Henley. Car “les sondages montrent qu’une grande majorité des électeurs français sont de plus en plus frustrés par la pandémie et qu’ils soutiennent le pass vaccinal comme un moyen efficace d’y mettre fin”, conclut le journaliste. Parmi ceux qui sont opposés [au pass], très peu sont susceptibles de voter pour Macron.”

Noémie Taylor-Rosner