Lors de son séjour à Paris, l’honorable Jacques Djoli, professeur de Droit constitutionnel, Rapporteur à l’Assemblée Nationale et Député de la Tshuapa en République démocratique du Congo, invite à une vision plus grande qui amène tous vers un Congo tel que l’avaient rêvé les Lumumba, Kasa-Vubu et Mobutu : construire le Congo. Pour le professeur Jacques Djoli il est impératif de construire le Congo, situé au cœur de l’Afrique, le Congo a besoin de paix et de stabilité pour que tout le continent en bénéficie.
Qui est le professeur Jacques DJOLI ?
Élu député de la province La Tshuapa plus précisément de la Circonscription de Boende Territoire, il appartient à l’ Organisation politique “A Nous de Bâtir le Congo” (ANB), composante du Groupe parlementaire Dynamique Agissons. Le Prof. Jacques Djoli est le président initiateur du parti politique les Bâtisseurs du Congo (BC).
Actuellement, il exerce son deuxième mandat de député, le premier mandat était de 2018-2023.
Auparavant, il a été sénateur de toute la province de la Tshuapa de 2007-2012, dont le mandat a réellement pris fin en 2018. Tels sont les mandats politique du prof. Jacques Djoli en République Démocratique du Congo. Interrogé, le professeur Jacques Djoli s’est exprimé sur la situation de son pays, la vision de son parti politique “Les Bâtisseurs du Congo et son engagement à la cause des droits des femmes.
Vous êtes rapporteur de l’Assemblée Nationale : A quoi consiste-t-il ?
Le pouvoir législatif en République Démocratique du Congo est constitué de deux chambres, formant ainsi un système bicaméral. L’Assemblée est dirigée par un bureau collégial composé de sept membres : le Président, le Vice-Président, le 2ème Vice-Président, le Rapporteur, le Rapporteur adjoint, le Questeur et le Questeur adjoint.
“Le Rapporteur a pour mission d’organiser les travaux techniques du parlement. Cela inclut la convocation des plénières, la planification des activités des onze commissions, et il agit en tant que porte-parole de l’Assemblée Nationale tout en supervisant le service de presse. Je coordonne la cellule de communication pour maintenir le lien entre les élus et leurs électeurs afin que le Parlement puisse être en osmose avec les aspirations de la population dont nous sommes les représentants”.
Vous êtes membre influent du Parti politique Les Bâtisseurs du Congo et quel est son positionnement?
“Créé il y a un peu plus de deux ans, le Parti Les Bâtisseurs du Congo s’apprête à célébrer sa troisième année d’existence. Dès sa première participation aux élections de 2023, le BC s’est allié au regroupement politique « À Nous de Bâtir le Congo », intégré à la coalition majoritaire « Union sacrée pour la nation », dirigée par le président Félix Tshisekedi.
Le parti BC a un projet de société centré sur l’État de droit et se donne pour mission de bâtir, au cœur de l’Afrique, un État de droit véritablement démocratique, au service de la population congolaise. Dans son discours, Jacques Djoli insiste sur la nécessité de mettre en place une gouvernance qui place l’homme congolais au centre des préoccupations, afin de transformer les immenses potentialités du pays en richesses tangibles pour ses citoyens”.
Vous affirmez que le Congolais doit être comblé, mais que faire lorsque la guerre ravage l’Est du pays depuis des années, et que la population, notamment les femmes congolaises, en souffrent le plus ?
Le Congo, comme de nombreux pays africains, est un État à bâtir, c’est pourquoi nous devons parler des bâtisseurs du Congo. Nous avons hérité des États qui sont en réalité des structures d’origine coloniale, et ces États doivent devenir des unités cohérentes. Les peuples, souvent réunis par le hasard de l’histoire, doivent désormais apprendre à vivre ensemble. Ainsi, la mission des Bâtisseurs du Congo commence sur le front politique : construire l’unité de la nation (l’idée d’État-nation), favoriser le bien-vivre ensemble, instaurer la solidarité et créer une cohésion sociale nationale. Cela deviendra l’élément fondamental d’un développement harmonieux. Quand le peuple congolais prendra conscience de son unité, les menaces, agressions et guerres de prédation prendront fin, car elles se heurteront à un bloc uni. Ce bloc solidaire pourra alors développer un projet économique visant à sortir la population de la pauvreté. En effet, ces guerres trouvent leur origine dans la pauvreté ; il est donc crucial de bâtir un État politiquement cohérent et fort, accompagné d’un projet économique solide (redistribution des richesses). Un troisième axe essentiel est le front militaire, c’est-à-dire un outil de défense capable de protéger ses populations et ses ressources communes. Enfin, le volet culturel ne doit pas être négligé. Le Congo possède un potentiel culturel immense ; nous sommes le pays de la Rumba, reconnue comme patrimoine culturel mondial par l’UNESCO, et le premier pays africain à avoir participé à la Coupe du Monde. Au-delà de cette richesse folklorique, notre densité culturelle est considérable et doit être mise au service de notre peuple.
Le schéma que nous proposons vise à sortir ces pays des nombreuses problématiques et des guerres dont le Congo subit les conséquences depuis son indépendance en 1960. Nous faisons face à de multiples crises ; par conséquent, la mission de tout homme politique devrait être de construire cet État. Malheureusement, nous sommes souvent davantage préoccupés par la quête du pouvoir et les discours que par l’action concrète (le projet de bâtir le Congo). C’est pourquoi notre parti se définit comme « Les Bâtisseurs du Congo ». Il est essentiel de construire le Congo et d’édifier un État-union, qui évoque l’idée et la fierté d’appartenir à une nation. Cette nation est plurielle, mais il est nécessaire de cultiver le vivre-ensemble, soutenu par un modèle de gestion politique capable de créer l’harmonie, l’espoir et la paix. Voilà la base de ce vivre ensemble, qui sera enrichie par les dimensions économique, socio-culturelle et mythologique.
Nous avons besoin d’une vision plus grande qui unisse tous vers le Congo que rêvaient les Lumumba et Kasa vubu, que Mobutu a tenté de construire et que d’autres ont continué. Il est impératif de construire le Congo, car le bonheur des Congolais en dépend. Situé au cœur de l’Afrique, le Congo a besoin de paix et de stabilité pour que tout le continent en bénéficie.

Les premières victimes des conflits sont les femmes, et notre parti prône leur autonomisation.
Depuis 1960, nous sommes en proie à des troubles, et ces 30 dernières années, nous avons souffert de guerres de prédation visant deux objectifs : d’une part, il y a des États voisins soutenus par des puissances invisibles, notamment les capitales mondiales de la prédation, qui cherchent à détruire et affaiblir le Congo afin qu’il ne puisse pas assurer sa souveraineté sur ses ressources naturelles. D’autre part, il existe une volonté délibérée de décimer la population congolaise en s’attaquant à ce que nous avons de plus cher : la femme, symbole de vie.
Ces guerres ont pour but de déshumaniser et de chosifier les femmes. Des viols sont commis en toute impunité depuis 30 ans, avec un viol signalé toutes les 30 minutes au Congo, comme documenté par des organisations internationales. Les jeunes subissent des attaques et des enlèvements, et lors de nos visites dans les camps de réfugiés, nous constatons que ce sont principalement les femmes qui sont constamment déplacées.
Les enfants, en particulier les jeunes filles, ne sont plus scolarisés et deviennent des cibles faciles pour ces terroristes et groupes armés sanguinaires.
Je vous affirme qu’on dénombre actuellement plus de 140 groupes armés qui pullulent et qui se livrent au pillage des villages et les incendient comme le M23 qui est un des groupes supplétifs du Rwanda et qui ont pour cible principale ; la femme , la jeune fille inoffensive et vulnérable.
Voila pourquoi cette femme congolaise qui a montré toute sa résilience doit être soutenue et que ce génocide, ces massacres que l’on dit être le grand massacre depuis la seconde guerre mondiale mais malheureusement se passe dans un silence assourdissant mais la communauté internationale ne réagit pas.
Il y’a des gens qui se pavanent avec des tee-shirts avec l’écriteau VISIT RWANDA, les bourreaux sont célébrés et cela n’émeut personne.
En tant que juriste quelles sont les actions à mener pour punir ces criminels , ces bourreaux….. ?
Les leviers juridiques ont été actionnés au niveau des Nations Unies, l’organisation la plus universelle, au sein du conseil de sécurité, ces actes ont été condamnés et les bourreaux ont été identifiés au niveau de l’Onu et ont reconnu que le groupe M23 est un mouvement postiche derrière lequel se cache l’armée rwandaise. L’armée rwandaise compte 5000 miliciens dénombrés sur le sol congolais. Aujourd’hui, on parle également de 20 000 rwandais avec des armes. Cette guerre est une guerre d’agression et de prédation qui a été qualifiée telle quelle par le conseil de sécurité et des sanctions sont enclenchées notamment au niveau des Etats Unis, de l’ UE. Certains Etats comme la Belgique dont nous saluons leurs actions mais il faut aller plus loin, avec des sanctions ciblées.
Ce n’est pas seulement des condamnations programmatiques mais la Cour pénale internationale doit lancer des mandats d’arrêts internationaux contre le principal auteur qui est M. Paul Kagamé qui utilise ces bourreaux et organise depuis 30 ans ces massacres, donc l’auteur matériel et intellectuel de ces crimes. Mais condamner quelques officiers en leur bloquant leurs comptes bancaires ou les priver de visas, ce n’est pas négligeable cependant, il est primordial d’aller vers de vraies sanctions.
Mot d’espoir pour le Congo?
Le Congo que ça soit avec C ou K, c’est un pays formé autour d’un fleuve. Et ce fleuve est le fleuve Congo qui donne son identité à ce pays. Le fleuve puise sa source le Lualaba jusqu’à son embouchure dans le Haut du Congo central à Banana puis se jette dans l’océan Atlantique au niveau de la petite ville de Muanda. Ce Congo montre là toute sa résilience.

Son peuple a démontré sa volonté de vivre en harmonie et de poursuivre cette vision mythique d’une nation forte au cœur de l’Afrique, désireuse d’être à la fois la lumière et le moteur de la reconstruction du continent. En observant la carte de l’Afrique, on voit que le Congo en est le centre. Comme le disait Frantz Fanon, l’Afrique a la forme d’un revolver, et la gâchette se trouve au Congo. Ainsi, pour que l’Afrique puisse s’élever, elle doit soutenir le Congo.
Le Congo a la capacité de fournir de l’électricité à toute l’Afrique. Avec le plus grand potentiel hydroélectrique, il peut également offrir de l’eau douce au continent. Des projets existent pour transporter l’eau du fleuve Congo vers le lac Tchad, et revitaliser ce dernier aidera à résoudre des crises humanitaires et écologiques, ainsi qu’à atténuer les conflits dans la région du Sahel.
Le Congo dispose de plus de 80 millions d’hectares de terres irrigables, capables de nourrir 40 millions de personnes, avec un total de 120 millions d’hectares, ce qui est plus que la Chine. Nous avons la capacité de nourrir toute l’Afrique et une partie de l’Europe. Le Congo est véritablement le château d’eau de l’Afrique. Que ce soit pour les huiles ou les grands lacs, c’est toujours le Congo, représentant 40 % des frontières aquatiques. Nous avons le lac Tanganyika, le plus grand et le plus profond du monde après le lac Baïkal, ainsi que le lac Kivu, le lac Albert, le lac Moero et d’autres encore.
Jean MOLIÈRE

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