En battant les champions du monde japonais en finales des épreuves de judo par équipes mixtes, samedi 3 août, les Bleus retrouvent leur titre olympique obtenu à Tokyo, en 2021. Teddy Riner termine donc ses Jeux de Paris avec deux médailles d’or. Un exploit.
L’argent ne fait pas le bonheur. Mais l’or, oui. Samedi 3 août, dans l’enceinte du Grand Palais éphémère transformé en enceinte sportive le temps des Jeux Olympiques de Paris, l’équipe de France mixte de judo termine sur la première marche du podium après avoir battu le Japon 4-3. Celle qui leur permet de retrouver le titre de champion olympique décroché à Tokyo, en 2021. Mais aussi celle qui les consacre comme les rois incontestables de la discipline.
Toute la journée, Sarah-Léonie Cysique, Joan-Benjamin Gaba, Marie-Eve Gahié, Clarisse Agbegnenou, Maxime-Gaël Ngayap Hambou, Romane Dicko et Teddy Riner ont combattu certaines des plus grandes équipes de judo du monde. Battant sans difficulté Israël et la Corée du Sud à leur entrée en lice dans la compétition, les judokas français ont montré qu’ils ne jouaient que dans la cour des grands.
Le roi Teddy Riner
Pour certains, cette épreuve par équipes a été l’occasion de prendre sa revanche sur la compétition en individuel. Romane Dicko, dépitée par sa breloque en bronze, a sans conteste maîtrisé ses combats en équipes, terminant plusieurs d’entre eux sur un ippon dévastateur pour ses concurrents. Pour Marie-Eve Gahié, passée à côté du podium en solo, l’épreuve collective a démontré qu’elle était une fervente judoka. Elle aussi a le droit de rentrer chez elle avec une belle médaille autour du cou.
Et puis il y a les autres. Ceux qui ont triomphé en individuel et qui ont de nouveau prouvé leur invulnérabilité. La Guadeloupéenne Sarah-Léonie Cysique d’abord, médaillée de bronze des -57 kg : elle s’est montrée décisive, notamment en demi-finale contre l’Italie. Puis le Martiniquais Joan-Benjamin Gaba, grande surprise de ces Jeux, qui a décroché l’argent dans sa catégorie (-73 kg). Il a ouvert la voie à la victoire des Bleus en quarts de finale, contre la Corée du Sud.
Et puis il y a l’empereur de la discipline. Celui que tout le monde est venu voir et acclamer. Le multiple champion du monde et désormais triple champion olympique en individuel, qui a fait trembler l’Arena Champs-de-Mars vendredi en remportant la finale des +100 kg. Teddy Riner, comme à Tokyo 2021, a prouvé qu’il était le pilier de cette équipe de France mixte, couronnée championne olympique pour la deuxième fois. Et seule détentrice du titre.
Une finale à couper le souffle
L’histoire du judo se répète inlassablement avec le Guadeloupéen. Comme il y a trois ans, il s’est retrouvé face à des Japonais redoutables en finale de la compétition par équipes. Mais lui et ses coéquipiers ont su se montrer encore plus puissants. Tout au long de ses combats, l’immense silhouette de ce grand gaillard a dénoté avec celle, plus petite et bien moins imposante, de ses adversaires. La Corée a même aligné un combattant pesant… 60 kg de moins que le colosse français.
Personne n’a su renverser le mur Riner. Et les autres Bleus se sont montrés relativement solides. Même si le début de la finale a donné des sueurs froides aux Français. Maxime-Gaël Ngayap Hambou (-90 kg) a chuté d’entrée de jeu contre le vice-champion olympique Sanshiro Murao. Après lui, Romane Dicko (+70 kg) aussi s’est fait terrasser par son adversaire.
Arrive alors le maître. Teddy Riner (+100 kg) tente difficilement de déstabiliser le Japonais Tatsuru Saito, énormément hué par le public pour sa passivité dans le jeu. Au bout d’un match interminable, le Guadeloupéen parvient à faire chuter son adversaire et apporte une bouffée d’air frais à la France.
Mais la relayeuse suivante, Sarah-Léonie Cysique, se fait vite propulser dans les airs par Natsumi Tsunoda. Après vérification vidéo, l’arbitre accorde la victoire sur ippon à la Japonaise. La France est menée 3 à 1. Le Martiniquais Joan-Benjamin Gaba (-73 kg) a alors la pression sur ses épaules. Par miracle, il parvient à faire chuter le champion olympique Hifumi Abe. Le sauveur. La France retrouve alors espoir.Aujourd’hui, je me suis dit : « Impossible que je perde en final ». J’avais deux shidos [pénalités au judo]. Cette fois-ci, j’allais pas la laisser passer. [Abe], personne n’arrive à le battre, c’st vrai. Mais là, je me suis dit : « Comment ça, il est invaincu depuis 5 ans ? ». C’est un homme, il peut perdre. Je me suis dit que je pouvais le faire.
Pour le dernier combat, Clarisse Agbegnenou rentre dans l’équipe, remplaçant Marie-Eve Gahié. La championne de judo arrache alors le nul en battant son adversaire japonaise. Égalité entre les deux nations, 3-3. La victoire doit donc se jouer au golden score lors d’un dernier duel tiré au sort. Et c’est… Teddy Riner qui doit combattre pour le match final !
Costaud et déterminé à faire lever le public de l’Arena Champs-de-Mars, le judoka se montre offensif face à Tatsuru Saito, fils d’Hitoshi Saito, légende japonaise du judo. « Teddy ! Teddy ! », clament les spectateurs en tapant des mains. Tout le monde retient son souffle. Le duel n’en finit pas. Le Japonais prend deux pénalités. La Marseillaise retentit dans les tribunes. Et, d’un coup, Teddy renverse son adversaire. Ippon. La France gagne !
Après huit journées intenses, les épreuves de judo des Jeux Olympiques de Paris touchent à leur fin. Une fois de plus, la France s’est illustrée par la combativité de ses champions. Si l’on aurait pu espérer plus de médailles d’or en individuel, celle de Teddy Riner est la plus savoureuse de toutes. Le Guadeloupéen tourne la page de Paris 2024 avec deux médailles d’or autour de son cou. Historique. Au total, il en compte cinq à son palmarès olympique. En attendant de remettre ses titres en jeu à Los Angeles en 2028, le roi du judo peut maintenant s’endormir tranquille sur son trône pour les quatre prochaines années.
Jean Moliere /AFP
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