L’armée mozambicaine fait face à une insurrection djihadiste dans le nord où se trouvent des gisements gaziers. Washington a décidé de lui donner un coup de pouce.
C’est une annonce publiée, lundi, par l’ambassade américaine à Maputo au Mozambique qui le confirme : les autorités américaines et mozambicaines ont lancé un programme de formation de deux mois, dans le cadre du Joint Combined Exchange Training (JCET).
Il s’agit de contribuer aux efforts des autorités de l’ancienne colonie portugaise pour faire face à la menace terroriste et à l’extrémisme, en particulier dans le nord du pays en proie à une insurrection djihadiste.
Des forces spéciales américaines vont donc dispenser une formation à des unités des Fuzileiros Navais (les fusiliers marins) mozambicains. Ces fusiliers marins ont déjà bénéficié de formations dispensées par des militaires américains ; en 2017 lors de l’exercice Cutlass Express, plusieurs dizaines d’entre eux avaient pu s’entraîner avec des marins et des commandos américains.
Une cérémonie de lancement de cette nouvelle formation a eu lieu lundi en présence du colonel Richard Schmidt, le commandant adjoint de SOCAFRICA (l’US Special Operations Command Africa). Côté mozambicain, le major général Ramiro Ramos Tulcidás représentait le gouvernement.
Sécuriser le Nord
Pourquoi contribuer à la formation de cette unité ? Une unité de la force des Fuzileiros Navais est déployée dans le nord avec pour mission de sécuriser le littoral à proximité des installations de Total. C’est une des rares unités des forces gouvernementales dont la combativité est reconnue, comme le confirmait récemment un spécialiste français de la sécurité qui opère dans la province de Cabo Delgado. Province où les djihadistes sont particulièrement actifs. Un demi-million de personnes ont fui leurs maisons et leurs villages depuis le début des attaques en 2017.
Or c’est une province stratégique où a démarré l’exploitation d’immenses réserves de gaz naturel liquéfié. Outre le projet gazier piloté par le groupe français Total, l’américain ExxonMobil a aussi des ambitions au Mozambique. Mais l’insécurité contribue à retarder le lancement de ses activités. Washington aurait-il décidé de contribuer à l’effort militaire mozambicain pour permettre l’exploitation gazière ?
Liste noire
Un autre facteur est à considérer. La déclaration conjointe de lundi fait suite à une annonce du 10 mars du Département d’État. Le DoS a classé comme organisations terroristes, les branches de l’EI (État Islamique) en République Démocratique du Congo (RDC) et au Mozambique. Les États-Unis ont renommé ces groupes ISIS-DRC et ISIS-Mozambique.
Au Mozambique, la décision concerne le groupe Ahlu Sunnah Wa-Jama et son chef Abu Yasir Hassan. La guerre américaine contre le terrorisme pourrait donc s’étendre à l’Afrique australe. Et cette formation pourrait bien ne constituer que la première étape d’un coup de main américain aux forces armées mozambicaines.
Leave feedback about this