21 avril 2025
Paris - France
AFRIQUE

Mozambique : des manifestations après l’élection comme président de Daniel Chapo, le candidat du parti au pouvoir

Deux semaines après les élections au Mozambique, la commission électorale a annoncé l’élection comme président de Daniel Chapo, le candidat du parti au pouvoir. Son principal opposant dénonce une fraude. De violentes manifestations ont éclaté dans le pays.

Investi par le parti Frelimo, qui tient les rênes de ce pays d’Afrique australe depuis un demi-siècle, Daniel Chapo est crédité de 70,67 % des voix au scrutin présidentiel contre 20,32 % en faveur de son principal opposant, Venâncio Mondlane, qui revendique la victoire et dénonce des fraudes.

En troisième position, Ossufo Momade, président de la Renamo, jusque-là le principal parti d’opposition, avec 5,81 %). Lutero Simango, le président du MDM, troisième force politique au Parlement, arrive en quatrième position, crédité de 3,21 %. La participation a été particulièrement faible à 43,48 % seulement, a indiqué la Commission électorale devant la presse.

Des résultats qui doivent encore être validés par le Conseil constitutionnel

Avant l’annonce des résultats, le président de la Commission nationale électorale, Carlos Matsinhe, a expliqué que plusieurs actions ont été menées auprès des tribunaux et du Conseil constitutionnel.

Des contentieux dont on ne connaît pas le résultat. Toutefois, la CNE était tenue d’annoncer les résultats dans les 15 jours après le vote. Les recours engagés, selon Carlos Matsinhe, « peuvent avoir un impact sur les résultats » annoncés aujourd’hui. « L’annonce des résultats ne referme pas le processus, tant que ceux-ci n’ont pas été validés », a-t-il précisé.

Les surprises de cette élection

Jusqu’à sa désignation en mai dernier par le Frelimo, le parti qui dirige le pays depuis l’indépendance, Daniel Chapo était un inconnu aux yeux de la population mozambicaine. Il était gouverneur de la province d’Inhambane, avant donc son élection à la présidence, avec près de 71 % des voix, selon la Commission électorale.

À seulement 47 ans, Daniel Chapo devient le premier président né après l’indépendance du Mozambique en 1975. Il est aussi le premier chef d’État à ne pas avoir participé à la guerre civile qui a suivi, qui a duré 15 ans et tué un million de personnes.

L’autre surprise, c’est justement la percée politique de son principal concurrent : Venâncio Mondlane. À 50 ans, « VM7 » ou Venâncio, comme l’appellent ses partisans, était le candidat du petit parti Podemos, mais il a su s’imposer face aux historiques partis d’opposition. Juste après le scrutin, il a dénoncé un « banditisme électoral » organisé par la Commission électorale. Des irrégularités que relèvent également les observateurs de l’Union européenne. La semaine dernière, deux proches de Venâncio Mondlane ont été abattus en plein centre de la capitale Maputo, provoquant des manifestations en début de semaine, réprimées par la police.

L’opposant appelait aujourd’hui à « paralyser le pays ». Les villes du pays sont restées calmes toute la matinée, jusqu’à cet après-midi, selon l’AFP, quand des centaines de manifestants ont commencé à défiler à Maputo, ainsi qu’à Nampula et Nacala dans le nord-est du pays. Dans la capitale, les manifestants ont tenté de gagner le centre-ville en remontant les grandes avenues depuis les périphéries, et se sont heurtés à un très fort déploiement sécuritaire.

Le Frelimo dispose de 195 sièges sur 250 au Parlement

Au Parlement, le Frelimo s’est adjugé 195 sièges sur 250, soit 78% des députés, bien au-delà des deux tiers nécessaires pour modifier la Constitution et plus encore qu’en 2019 (184 sièges, 74%).

Podemos, porté par Venãncio Mondlane, a ravi au parti historique Renamo le statut de premier parti d’opposition avec 31 sièges contre 20 pour l’ex-faction rebelle, qui en perd 40 par rapport à 2019.

Son principal opposant, Venancio Mondlane a refusé de reconnaître ces résultats, dénonçant une élection truquée. Son avocat allait déposer une plainte pour fraude cette semaine, avant d’être abattu en pleine rue. L’Église catholique a même fini par réagir. Dans un communiqué mardi, les évêques mozambicains ont dénoncé des bourrages d’urnes et des falsifications de procès-verbaux. La mission de l’observation de l’Union européenne a évoqué un net favoritisme pour le parti au pouvoir. Jeudi après-midi, de violentes manifestations ont éclaté dans plusieurs villes. La police annonce plusieurs blessés et un mort dans le nord du pays. L’opposition a appelé à paralyser le pays jeudi et vendredi.

Jean Moliere /  AFP

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