28 mars 2024
Paris - France
SANTE

Moderna choisit le Kenya pour sa première usine de vaccins en Afrique

Critiquée pour ne pas avoir partagé sa technologie vaccinale avec les pays à revenu intermédiaire et faible, la biotech américaine veut investir 500 millions de dollars au Kenya.

Jusqu’à 500 millions de doses de vaccins

Moderna dit espérer que cette usine commencera dès l’année prochaine à distribuer en Afrique son vaccin contre le Covid-19, dans l’optique d’augmenter la couverture vaccinale des pays les moins protégés contre le virus. « L’investissement de Moderna au Kenya aidera à avancer vers un accès mondial équitable aux vaccins et est emblématique des développements structurels qui permettront à l’Afrique de devenir un moteur de la croissance soutenable mondiale », a déclaré le président kényan Uhuru Kenyatta, cité dans le communiqué. « Nous connaissons tous les difficultés auxquelles le Kenya et tout le continent africain ont été confrontés au début de cette pandémie, et qui ont laissé l’Afrique à la traîne. Ce n’était pas une question de volonté, mais de quantité, et Moderna vient combler cet écart », a-t-il ajouté.

Plus d’un an après l’administration de la première dose de vaccin anti-Covid, seuls 12,7 % des 1,3 milliard d’Africains sont entièrement vaccinés. La pandémie a mis en lumière l’immense dépendance du continent aux vaccins importés. L’année dernière, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait annoncé la création d’un hub vaccinal en Afrique du Sud, ayant notamment pour vocation de fournir des transferts de technologies à d’autres pays, dont le Kenya.

Le patron de l’OMS, l’Éthiopien Tedros Adhanom Ghebreyesus, a de nombreuses fois appelé à un accès équitable aux vaccins pour arrêter la pandémie et critiqué les pays riches pour leur rétention des doses anti-Covid. Actuellement, seulement 1 % des vaccins utilisés en Afrique sont produits sur le continent. Les pays africains, ainsi que d’autres pays en développement, réclament auprès de l’Organisation mondiale du commerce la levée des brevets sur les vaccins et traitements contre le Covid, afin de permettre la production de génériques. L’Europe s’est opposée à cette demande, affirmant que la priorité était de construire des capacités de production dans les pays pauvres.

En parallèle, la société de biotechnologie sud-africaine Biologics a annoncé récemment avoir fabriqué le premier vaccin à ARN messager contre le Covid-19 sur le continent, en utilisant le code génétique publiquement disponible que la société américaine Moderna avait utilisé pour concevoir son vaccin.

Des conteneurs pour Pfizer

Toujours à destination de l’Afrique, le laboratoire allemand BioNTech, à l’origine du premier vaccin à ARNm contre le Covid-19, développé avec Pfizer, a dévoilé des unités de production mobiles pour y fabriquer le vaccin sur place. « La question était : est-ce que nous arrivons à rendre le processus de fabrication compact au point de le faire entrer dans un conteneur », a expliqué Ugur Sahin, PDG et cofondateur de BioNTech. Alors que la fabrication du vaccin nécessite quelque 50 000 étapes à respecter minutieusement, « l’idée est de standardiser le conteneur, de valider le processus en avance » avant de l’installer, a-t-il ajouté. Les conteneurs pourront également servir à produire les vaccins de BioNTech contre le paludisme, également basé sur l’ARNm, si les essais cliniques qui doivent débuter cette année aboutissent à son autorisation.

Au total, le laboratoire propose deux modules de douze conteneurs, l’un pour la fabrication de l’ARNm et l’autre pour finaliser le sérum de vaccin, qui doit ensuite être mis en flacons ailleurs. Cette usine mobile baptisée « BioNTainer » sera envoyée au Rwanda ou au Sénégal, peut-être dans les deux pays, « au deuxième trimestre » 2022 et les premières doses devraient être disponibles 12 mois plus tard. L’ouverture d’une usine conventionnelle de ce type prend actuellement trois ans.

Source : Le Point.fr

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