«Libération» a rencontré le Somalien Mohammad Hanad Abdi, qui a été condamné en mai par les autorités grecques qui le considèrent à tort comme un «passeur».
Et si c’était à refaire ? Mohammad Hanad Abdi, un Somalien de 28 ans, a beau être condamné à 142 ans de prison, la réponse fuse sur un ton empreint de fermeté et de dignité : «Bien sûr, je recommencerais… D’abord pour sauver la vie des gens à bord de l’embarcation. Ensuite, parce que c’est le seul moyen de construire un meilleur avenir pour moi et ma famille», affirme-t-il. Son avenir se limite toutefois aux quatre murs de sa cellule à Chios, une île grecque à quelques kilomètres de la Turquie. Comme ce gros caillou de la mer Egée est le seul à disposer d’une prison, c’est là que le jeune homme a été transféré après sa condamnation en première instance par le tribunal de Lesbos, le 13 mai. Sa faute ? Avoir tenu la barre du rafiot dans lequel lui et 33 autres personnes tentaient de rejoindre une île grecque – donc le sol européen – depuis la Turquie.
«Les juges se sont appuyés sur une loi grecque de 2014, l’article 30 de la loi 4251 /2014, très précisément», explique Alexandros Georgoulis, l’un des deux avocats du Somalien. Il poursuit : «Toute personne qui tient la barre est considérée comme passeur et écope d’une peine de 15 ans par personne transportée et de la prison à vie pour chaque personne morte lors du trajet.» Après une audience de quarante-cinq minutes environ et une délibération d’une heure et demie, le verdict est rendu : 142 ans de prison pour Mohammad Hanad Abdi.
AFP
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