Les juges ont prononcé une peine d’inéligibilité de 5 ans avec exécution provisoire à l’encontre de la députée, également condamnée à 4 ans de prison dont 2 ferme aménagés sous bracelet électronique.
- Marine Le Pen, reconnue coupable de détournement de fonds publics dans l’affaire des assistants parlementaires du Front national (devenu RN), a été condamnée à une peine de quatre ans d’emprisonnement dont deux ans ferme, aménageable avec un bracelet électronique, à 100 000 euros d’amende, et à cinq ans d’inéligibilité, avec application immédiate.
- Sa peine d’inéligibilité étant assortie d’une exécution provisoire, Mme Le Pen ne pourra se présenter à aucune élection dans un délai de cinq ans, ce qui inclut donc l’élection présidentielle de 2027, y compris en cas d’appel, dans l’attente d’une décision future.
- La cheffe de file du Rassemblement national (RN) va faire appel de sa condamnation, a annoncé lundi après-midi son avocat, Rodolphe Bosselut.
- Outre Mme Le Pen, 23 personnes et le parti ont été condamnés. Une seule a été relaxée.
- Invitée au « 20 heures » de TF1, Mme Le Pen a fustigé une « décision politique » et un « jour funeste pour notre démocratie », et réaffirmé ses ambitions pour la présidentielle de 2027 en demandant une audience en appel rapide. « Des juges ont mis en place des pratiques que l’on croyait réservées aux régimes autoritaires », a-t-elle lancé, dénonçant un « état de droit violé ».
- Le président du RN, Jordan Bardella, a estimé que « c’est la démocratie française qui est exécutée » et appelé à une « mobilisation populaire et pacifique » et lançant une pétition sur le site du parti.
- Mme Le Pen a reçu plusieurs soutiens à l’étranger, en particulier de l’extrême droite européenne. Le Kremlin a déploré une « violation des normes démocratiques », quand le premier ministre hongrois, Viktor Orban, a écrit « Je suis Marine ! » sur X.
- En France aussi, les réactions se sont multipliées. « Il n’est pas sain que, dans une démocratie, une élue soit interdite de se présenter à une élection », a réagi le chef de file des Républicains, Laurent Wauquiez regrettant « une décision très lourde et exceptionnelle ». Du côté des Ecologistes, Marine Tondelier a estimé que Mme Le Pen « doit payer sa peine », car elle est une « justiciable comme les autres ». Jean-Luc Mélenchon, pour sa part, a fait valoir que « la décision de destituer un élu devrait revenir au peuple. »
- En réponse « aux réactions virulentes », le Conseil supérieur de la magistrature a publié un rare communiqué pour dire son « inquiétude », les jugeant « de nature à remettre en cause gravement l’indépendance de l’autorité judiciaire ».
Les Etats-Unis jugent « préoccupante » l’exclusion de candidats « du processus politique » français
L’administration Trump a estimé lundi qu’il était « préoccupant » d’exclure des candidats de la vie politique, en réaction à la condamnation à une inéligibilité immédiate de cinq ans de la cheffe de file de l’extrême droite française, Marine Le Pen.
« L’exclusion de personnes du processus politique est particulièrement préoccupante compte tenu de la guerre judiciaire agressive et corrompue menée contre le président Donald Trump ici aux Etats-Unis », a déclaré à la presse la porte-parole du département d’Etat, Tammy Bruce.
Interrogée lors d’un briefing au département d’Etat, Mme Bruce a encore affirmé que « nous devons faire plus dans l’Occident pour défendre les valeurs démocratiques ». Elle a rappelé, à cet égard, le discours prononcé par le vice-président américain, J. D. Vance, lors de la conférence de Munich à la mi-février dans lequel il avait épousé les vues des partis populistes et affirmé qu’« à travers l’Europe, la liberté d’expression, je le crains, est en retrait ». « Nous soutenons le droit de chacun à exprimer son point de vue sur la place publique, que l’on soit d’accord ou non », a-t-elle dit.
Jean Moliere. AFP
Leave feedback about this