Emmanuel Macron a confirmé cette décision, jeudi, assurant que la France continuerait dans la région « à jouer un rôle fédérateur » dans la lutte contre le djihadisme dans le Sahel, en lien avec ses partenaires européens et africains.
Quitter le Mali, où les conditions de la lutte antiterroriste ne sont plus réunies, pour mieux rester au Sahel et s’adapter aux évolutions de la menace djihadiste en Afrique de l’Ouest. C’est ainsi que la France justifie, en étroite concertation avec ses partenaires africains et européens, le choix de se retirer du territoire malien tout en réorganisant son action dans la région afin de juguler un danger qui s’étend vers les pays côtiers d’Afrique de l’Ouest.
Le redéploiement envisagé a été présenté jeudi 17 février à l’Elysée par Emmanuel Macron, aux côtés des chefs d’Etat sénégalais et ghanéen, Macky Sall et Nana Akufo-Addo, ainsi que du président du Conseil européen, Charles Michel, juste avant un sommet entre pays européens et africains à Bruxelles. « Nous ne pouvons pas rester engagés militairement aux côtés d’autorités de fait dont nous ne partageons ni la stratégie, ni les objectifs cachés », a justifié le président français, assurant que la France continuerait dans la région « à jouer un rôle fédérateur ». « La lutte contre le terrorisme dans le Sahel ne saurait être l’affaire des seuls Etats africains », a pour sa part souligné son homologue sénégalais.
La décision de retrait du Mali a été finalisée mercredi 16 février, à l’issue d’un dîner rassemblant autour d’Emmanuel Macron les représentants d’une vingtaine de pays, africains et européens, associés à « la lutte contre le terrorisme au Sahel ». Les présidents du Niger et du Tchad étaient présents, tout comme le chef du gouvernement italien et plusieurs dirigeants d’Europe centrale ou des pays baltes, associés notamment à la force « Takuba », la coalition de forces spéciales européennes qui épaule l’armée malienne. Si les discussions avaient été préparées en amont, elles ont duré jusqu’au petit matin entre les conseillers diplomatiques chargés de finaliser une déclaration commune.
Ce texte de deux pages, signé par l’ensemble des pays et organisations représentés à Paris, fait d’abord le constat que l’engagement au Mali n’est plus possible. « En raison des multiples obstructions des autorités de transition maliennes, le Canada et les Etats européens opérant aux côtés de l’opération “Barkhane” et au sein de la task force “Takuba” estiment que les conditions politiques, opérationnelles et juridiques ne sont plus réunies pour poursuivre efficacement leur engagement militaire actuel dans la lutte contre le terrorisme au Mali et ont donc décidé d’entamer le retrait coordonné du territoire malien de leurs moyens militaires respectifs dédiés à ces opérations », indique le document. « En étroite coordination avec les Etats voisins, ils ont également exprimé leur volonté de rester engagés dans la région, dans le respect de leurs procédures constitutionnelles respectives », est-il précisé, tout en exhortant une nouvelle fois la junte au pouvoir à Bamako à organiser des élections libres.
Le Monde Afrique
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