9 février 2025
Paris - France
INTERNATIONAL

Liban : le juge Nawaf Salam nommé Premier ministre, annonce la présidence

(FILES) Nawaf Salam, Lebanon’s Ambassador to the United Nations, speaks to the media after Security Council consultations on the Palestinian request for full UN membership during the General Assembly at the UN headquarters in New York on September 26, 2011. Lebanon’s president whose election a week earlier ended a two-year power vacuum and revived hopes of lifting the war-battered country out of crisis, held consultations with lawmakers ahead of announcing his nominee for a new head of government, with a Lebanese media tally on January 13, 2025 putting Salam ahead of any other candidate including the incumbent Najib Mikati. (Photo by STAN HONDA / AFP)

Le nouveau président libanais Joseph Aoun a nommé ce lundi 13 janvier Nawaf Salam comme Premier ministre. Ce dernier, universitaire puis ambassadeur devenu président de la Cour internationale de justice, est désormais chargé de former un gouvernement.

Un juge international, Nawaf Salam, est devenu ce lundi 13 javier le nouveau Premier ministre du Liban. Il sera chargé de relever des défis majeurs dans un pays en crise, après sa nomination par le président Joseph Aoun.

Diplomate chevronné âgé de 71 ans, Nawaf Salam était jusqu’à présent président de la Cour internationale de Justice (CIJ) à La Haye et a mené sa carrière à l’écart de la classe politique traditionnelle libanaise.

Sa candidature a été principalement soutenue par des forces politiques opposées au mouvement chiite pro-iranien Hezbollah, sorti très affaibli de sa dernière guerre contre Israël.

Joseph Aoun « a convoqué le juge Nawaf Salam », actuellement à l’étranger et attendu mardi 14 janvier au Liban, « pour lui confier la formation du gouvernement », a annoncé la présidence à l’issue de consultations parlementaires.

L’élection le 9 janvier de Joseph Aoun, appuyée par les Etats-Unis et l’Arabie saoudite, selon des responsables politiques libanais, avait mis fin à une vacance de plus de deux ans au sommet de l’Etat.

Dirigé par un gouvernement intérimaire mené par Najib Mikati, le Liban n’avait plus de président depuis octobre 2022 du fait des dissensions politiques, malgré une grave crise économique et le conflit qui a opposé pendant plus d’un an le Hezbollah à Israël, avant un cessez-le-feu fin novembre.

Najib Mikati figurait avec Nawaf Salam parmi les noms évoqués pour diriger le prochain gouvernement.

En vertu du partage du pouvoir entre les communautés religieuses au Liban, le président de la République est un chrétien maronite, le Premier ministre un musulman sunnite et le président du Parlement un musulman chiite.

Le chef de l’Etat, conformément à la Constitution, reçoit les représentants de toutes les formations parlementaires ainsi que les élus indépendants, avant de désigner comme Premier ministre le candidat qui est soutenu par le plus grand nombre de députés.

Au total, 84 députés sur 128 ont désigné Nawaf Salam, contre neuf voix seulement pour najib Mikati, tandis que 35 députés, dont ceux du Hezbollah, n’ont soutenu aucun candidat.

Firas Hamdane, qui fait partie des 13 députés élus à la suite des manifestations populaires contre la classe dirigeante déclenchées en octobre 2019, a affirmé que la nomination de Nawaf Salam était « une initiative libanaise, sans aucune ingérence extérieure ».

Il a salué une nomination en accord avec les « principes » du mouvement de contestation, estimant que Nawaf Salam « incarne les Libanais qui rejettent la corruption et le clientélisme ».

Le député Gebran Bassil, président du Bloc du Courant patriotique libre, qui fut l’allié chrétien le plus proche du Hezbollah, a désigné Nawaf Salam et dit voir en lui « un visage réformiste ».

« Nouvelle ère »

Alors que Joseph Aoun a promis une « nouvelle ère » pour le Liban après son élection par le Parlement, les forces politiques opposées au Hezbollah considèrent que Najib Mikati fait partie d’un système politique dépassé et sous l’emprise de cette formation.

Le député du bloc des Forces libanaises, le plus grand bloc chrétien, George Adwan, a appelé le Hezbollah, après avoir désigné Nawaf Salam, à « s’engager dans le travail politique », ajoutant que « l’ère des armes est révolue pour toujours ».

« Nous leur tendons la main pour collaborer à la reconstruction du pays », a-t-il ajouté.

Un troisième candidat, le député anti-Hezbollah Fouad Makhzoumi, riche homme d’affaires qui entretient de bonnes relations avec les pays du Golfe et Washington, s’était retiré pour se ranger du côté de Nawaf Salam.

Le journal Al-Akhbar, proche du Hezbollah, avait estimé lundi que la nomination de Nawaf Salam serait un « coup d’État complet des Etats-Unis ».

Le professeur d’université Ali Mrad a déclaré à l’AFP, avant cette nomination, que le choix de Nawaf Salam signifierait un « retour à la logique de la réforme, de la souveraineté et de l’unité nationale. »

Le nouveau Premier ministre sera confronté à des défis majeurs, notamment la mise en œuvre de réformes économiques pour satisfaire les donateurs internationaux.

Liban, le Cèdre qui cache la forêt

Il aura la lourde tâche de reconstruire des pans entiers du pays après la guerre entre Israël et le Hezbollah et mettre en œuvre l’accord de cessez-le-feu du 27 novembre, qui prévoit notamment un retrait du Hezbollah de la zone frontalière avec Israël.

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