14 juillet 2025
Paris - France
SANTE

L’hospitalisation en urgence à Bruxelles de Faustin-Archange Touadéra inquiète à Bangui 

Central African Republic President Faustin-Archange Touadera looks on during the One Forest Summit at the Presidential Palace in Libreville on March 2, 2023. (Photo by LUDOVIC MARIN / AFP)

Le chef de l’État centrafricain est en Belgique depuis le 21 juin au matin pour des soins d’urgence. Il a été évacué à la hâte de Bangui. Une vacance du pouvoir préoccupante, à quelques mois du scrutin présidentiel, dans un= contexte politico-sécuritaire et diplomatique particulièrement tendu.

Le président centrafricain Faustin-Archange Touadenz a été évacué d’urgence vers la Belgique le 21 juin pour être hospitalisé. Le chef de l’État a quitté Bangui aux alentours de 6 heures, à bord d’un jet privé médicalisé qui l’attendait discrètement en bout de piste. L’appareil appartenant à Groupe Forrest International (GFI) du milliardaire belge George Forrest a été affrété par Dimitri Mozer, consul honoraire de la Centrafrique en Belgique et proche du président (AI du 13/06/25). C’es ce dernier qui a orchestré, dans la plus grande discrétion, cette évacuation sanitaire particulièrement sensible.

Dans l’urgence, Dimitri Mozer a rejoint la capitale centrafricaine dans la nuit avant le départ afin de superviser l’opération. Le 20 juin, l’état de santé du président Faustin-Archange Touadéra s’est brusquement détérioré, avec des symptômes inquiétants survenus lors d’une réunion ministérielle à Bangui. De retour à sa résidence de Boy-Rabe, sa situation s’est encore un peu plus aggravée. Alertée, son médecin personnel a ordonné une évacuation sanitaire en urgence. Le chef de l’État a ensuite embarqué à bord du jet sanitaire privé Bombardier Challenger spécialement affrété de Bruxelles.

Il s’est fait accompagner de son médecin personnel, de sa seconde épouse Tina Touadéra et de Dimitri Mozer. Au regard de la dégradation de l’état de santé du président, un atterrissage anticipé pour une prise en charge médicale à Alger a d’abord été envisagé, avant qu’il ne soit finalement décidé de poursuivre jusqu’à Bruxelles, où le chef de l’État est soigné à l’hôpital Del un établissement réputé pour ses services en soins intensifs. Le président Touadéra – dont l’état s’est

stabilisé – doit encore rester au minimum une semaine à l’hôpital.

Il a toutefois déjà reçu la visite de son directeur de cabinet, Obed Namsio, de son directeur général du protocole d’État, Freddy Mathurin

Mapouka, et de son discret intendant et proche, André Doungoupou.

Climat de peur

À Bangui, dans les sphères du pouvoir, cette absence du chef de l’État suscite des craintes. Le risque d’une éventuelle déstabilisation politique ou militaire est ju élevé. À cela s’ajoutent les incertitudes quant à la réorganisation du pouvoir. Le président, qui se méfie la plupart des collaborateurs qui ne sont pas issus de sa famille, vit dans un climat de peur et laisse à Bangui un flou inquiétant au sein du commandement.

Une poignée de fidèles, notamment le ministre de la défense Claude Rameaux  Bireau, le président de l’Assemblée nationale, Mathieu Simplice Sarandji, et le premier ministre, Félix Moloua, tentent de prendre en main cette vacance du pouvoir gérée dans l’ombre par les membres du clan présidentiel, notamment auniveau des services de sécurité.

Cette évacuation survient dans un contexte particulièrement délicat, à seulement quelques mois du premier tour de la présidentielle, à laquelle Faustin- Archange Touadéra se représente. S’il a davantage verrouillé l’espace politique et fait face à une opposition affaiblie (AI du 27/02/25), celle-ci reste déterminée à dénoncer la légitimité d’un troisième mandat.

Sur le plan sécuritaire, Faustin Archange Touadéra a signé un accord à N’Djamena le 19 avril avec les chefs des groupes armés des 3R (retour, réclamation et réhabilitation) et de l’Unité pour la paix en Centrafrique (UPC) pour éloigner la menace de déstabilisation des élections générales (AI du 25/04/25). Il reste toutefois sur ses gardes face à une insécurité persistante entretenue par la présence résiduelle de groupes armés qui pourraient profiter du retrait progressif de Wagner et de la montée en puissance d’Africa Corps, envisagée  par Moscou (AI du 12/05/25).

Jean Moliere / AI

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