Abdouramane Ridouane, président de la mosquée de Pessac, est de nationalité nigérienne mais vit en France depuis 1991.
Expulsion du président de la mosquée de Pessac : les fidèles entre colère et incompréhension.
Alors qu’Adbourahmane Ridouane a été interpellé jeudi 8 août dans le cadre d’une procédure d’expulsion du territoire, les fidèles de la mosquée de Pessac, dont il est le président, voient en lui un homme « bienveillant » et « respectueux » de tous
Les uns ont attendu quelques minutes devant le lieu de culte en se disant pudiquement bonjour tandis que les autres, venus au compte-goutte, arrivent tranquillement à l’appel de la prière du midi ce lundi 12 août, se déchaussant rapidement avant de rentrer dans la salle principale de la mosquée Al Farouk de Pessac, discrètement située au cœur du centre d’activité Les Échoppes. La prière se terminant, la quinzaine de fidèles se dit au revoir avant que chacun ne retourne à ses occupations. « Vous savez, à la mosquée, on parle plutôt du travail, de la famille, des choses de la vie quotidienne », sourit Mehdi .
« Idéologie hostile aux valeurs de la République »
L’opération a été menée par les services de la Direction interdépartementale de la police nationale (DIPN33). La police aux frontières (PAF) assistée d’un équipage de la brigade anticriminalité (Bac) et de la Compagnie départementale d’intervention (CDI) ont procédé à l’interpellation d’Abdourahmane Ridouane. Celle-ci a eu lieu dans le cadre d’un arrêté ministériel d’expulsion publié lundi, a confirmé une source proche du dossier. Selon cet arrêté, le ministère de l’Intérieur reproche à Abdourahmane Ridouane, déjà sous le coup d’une assignation à résidence durant la période des Jeux olympiques, la diffusion sur les réseaux sociaux « d’une idéologie hostile aux valeurs et institutions de la République française ».
Les autorités l’accusent également « de publications à teneur antisémite et haineuse à l’encontre d’Israël et des juifs », en relayant notamment, quatre jours après l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre, un dessin de presse présentant l’organisation islamiste palestinienne comme un mouvement « d’autodéfense » et « dédouanant cette organisation de la dimension terroriste de son action ».
« Un recours en urgence »
Pour Me Guez Guez, cette « nouvelle procédure s’assoit sur l’avis du tribunal judiciaire et la décision du tribunal administratif de Bordeaux ». « L’État s’organise pour que l’opération soit menée à un rythme tellement rapide que le tribunal ne peut pas intervenir, c’est scandaleux », a ajouté l’avocat, qui compte déposer un recours « en urgence ».
Car le temps est désormais compté pour Abdourahmane Ridouane qui, sitôt interpellé a été placé en rétention et conduit à l’aéroport de Mérignac pour prendre un vol sous escorte policière vers Paris. Arrivé dans la capitale, il a été dirigé vers le Centre de rétention administrative (Cra) du Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne), à proximité de Roissy-Charles-de-Gaulle.
En 2022, des publications sur les réseaux sociaux avaient déjà conduit à une fermeture administrative de la mosquée de Pessac, finalement annulée par le tribunal administratif de Bordeaux puis le Conseil d’État.
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