Libreville. Libreville – Bulletin vert pour le « oui » ou bulletin rouge pour le « non »? Les Gabonais doivent se prononcer samedi sur le projet de nouvelle Constitution présentée par le régime du général Brice Oligui Nguema comme « un tournant majeur » après le putsch d’août 2023.
Au Gabon, une nouvelle Constitution pour un « président-roi »
Selon le projet de nouvelle Constitution, le général Brice Clotaire Oligui Nguema peut etre candidat à la prochaine élection présidentielle
Le Gabon, sous régime militaire, vote samedi 16 novembre pour l’adoption d’une nouvelle Constitution qui consacre un régime hyperprésidentiel, alors que le général Oligui Nguema ne cache pas son désir de rester à la tête du pays. Le texte fait craindre une « consécration du despotisme ».
Les Gabonais doivent dire « oui » ou « non »
Environ 860.000 électeurs sont appelés aux urnes, ce samedi (16.11.24), pour se prononcer sur le projet de nouvelle Constitution après son adoption par une assemblée constituante.
La tenue de ce référendum est censée marquer l’avant-dernière étape avant le retour à l’ordre constitutionnel, depuis le renversement, le 30 août 2023, du président Ali Bongo Ondimba par un coup d’État militaire.
Mais le texte ne fait pas l’unanimité et le chef de la junte au pouvoir, le général Brice Clotaire Oligui Nguema, est soupçonné de chercher à se maintenir au pouvoir. La nouvelle Constitution qui sera soumise à référendum comporte 173 articles.
Elle consacre un mandat de sept ans renouvelable une seule fois pour le Président de la République, avec un régime présidentiel doté d’un pouvoir exécutif fort. Aussi, elle nouvelle loi fondamentale ne prévoit pas de poste de Premier ministre et interdit la transmission dynastique du pouvoir.
Selon l’analyste politique Apoli Bertrand Kameni, « le Gabon vit un moment historique, si l’on prend en compte le demi-siècle d’histoire écoulé ».
Il ajoute que « les choses suivront le cours des nouvelles autorités, car pour beaucoup de Gabonais, l’armée a produit plus de succès en un an que l’ancien régime en deux mandats ».
L’article 2 de ce projet de Constitution considère la date du coup d’État mené par le général Brice Clotaire Oligui Nguema comme une « fête de la libération » qui marque la chute de la dynastie Bongo après 55 années de pouvoir.
Douglas Yates, politologue à l’American Graduate School de Paris soutient pour sa part que « la nouvelle Constitution qui a été proposée au peuple gabonais comporte de nombreux éléments positifs. Ils sont le fruit du dialogue national que Nguema a tenu au printemps de cette année. »
Le mandat du nouveau Président sera limité, pour éviter une répétition de la dynastie Bongo. De plus, les membres de la famille du nouveau président, quels qu’ils soient, ne seront pas autorisés à hériter de la présidence, ni à occuper d’autres fonctions importantes au sein du gouvernement.
Pas consensus
Cependant, plusieurs dispositions de ce projet de Constitution ne font pas consensus. Par exemple, celle qui indique qu’il faut avoir entre 35 et 70 ans pour être candidat à l’élection présidentielle. Les partisans du Non estiment aussi que ce projet de texte a été taillé sur mesure pour permettre au général Brice Clotaire Oligui Nguema de conserver le pouvoir à l’issue des élections générales, notamment la présidentielle de l’année prochaine.
Un budget de 27 milliards de francs CFA, un peu plus de 41 millions d’euros, a été débloqué par le gouvernement de transition pour l’organisation de ce référendum.
Depuis le lancement officiel de la campagne il y a huit jours, nombreux sont ceux qui arborent des tee-shirts et des casquettes « Votons oui pour l’avenir du Gabon », massivement distribués par les soutiens au « oui ». « Le “oui” est partout dans la ville. Mais on aimerait avoir plus de précisions, pourquoi “oui” ? Certaines personnes pourraient vouloir voter “non” sans le savoir », déplore Neil Amédé Ngonga, un DJ lambarénéen de 25 ans.
« Beaucoup de gens sont moins renseignés sur ce qu’est un référendum. Il aurait fallu qu’ils viennent nous expliquer ça de manière simple », ajoute celui qui hésite à voter samedi, faute de renseignement sur les enjeux des 173 articles du texte publié il y a moins d’un mois.
La nouvelle loi fondamentale, fruit de contributions récoltées lors d’un dialogue national en avril, consacre entre autres un mandat de sept ans renouvelable une seule fois, avec un régime présidentiel doté d’un pouvoir exécutif fort, sans premier ministre, et l’impossibilité d’une transmission dynastique du pouvoir.
Une limite de deux mandats successifs
Son deuxième article grave dans le marbre l’accession au pouvoir de la junte menée par le général Oligui le 30 août 2023, avec l’instauration d’une « fête de la libération » pour marquer la chute de la dynastie Bongo après cinquante-cinq années de pouvoir.
L’article 170 exonère de poursuites et de condamnation « les acteurs des événements allant du 29 août 2023 à l’investiture du président de la transition », le 4 septembre. Plusieurs dispositions ne pourront faire l’objet d’aucune révision future. Parmi elles : la limite de deux mandats présidentiels successifs, le mode d’élection au suffrage universel direct ou encore le mariage réservé à deux individus de sexes opposés.
Jean Moliere. Source AFP
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