16 janvier 2025
Paris - France
POLITIQUE

le bourbier ivoirien

Le troisième mandat d’Alassane Ouattara en Côte d’Ivoire débute dans la douleur… Violences meurtrières, boycott de l’opposition, refus des résultats, poursuites judiciaires… la crise creuse son sillon.

Le site d’information ivoirien Le Point Sur constate les dégâts : « de la crise pré-électorale à celle post-électorale, les discours et les actes des hommes politiques ivoiriens, empreints de violences verbales, provoquent des affrontements intercommunautaires, la déstabilisation des pouvoirs publics, mettant en cause ainsi la fragile cohésion sociale. (…) L’opposition est intimidée et bâillonnée par le pouvoir. Le ton des discours, tant de l’opposition que du pouvoir, reste inchangé. La peur gagne les populations dans un pays qui recolle difficilement les morceaux d’une paix précaire, éclatée, en lambeaux depuis des mois. »

Hier, pointe L’Infodrome, autre site d’information ivoirien, « le président du FPI, Pascal Affi N’Guessan a été placé sous mandat de dépôt, avec pas moins de 30 charges pesant contre lui. » Dans le même temps, « le président Ouattara se dit ouvert au dialogue, souhaite une rencontre avec Henri Konan Bédié pour un échange franc dans les jours à venir et appelle le Conseil National de Transition (formé par l’opposition) à mettre un terme à ses actions. »

Calme et dialogue !

Alors certains crient « halte au feu ! », à l’instar d’Antoine Assalé Tiemoko, maire de la commune de Tiassalé, qui publie une tribune dans l’hebdomadaire L’Eléphant Déchaîné. En voici un extrait : « comme en 1995, comme en 2000, comme en 2002, comme en 2004, comme en 2010, les acteurs politiques Ivoiriens, depuis le mois d’août dernier, se parlent mais ne s’entendent plus. Tout est devenu menaces, rapports de force, accusations et haines réciproques dans la conquête ou la conservation du pouvoir. (…) Devant une telle situation, poursuit Antoine Assalé Tiemoko, devant les dangers graves qui menacent notre pays, on ne peut qu’appeler toutes les parties au calme et au dialogue. On ne peut qu’appeler surtout le pouvoir en place à donner une chance à la discussion à travers des mesures rapides d’apaisement, en suspendant les poursuites aujourd’hui engagées contre des leaders de l’opposition civile afin de donner une chance au dialogue. (…) La réconciliation dont tout le monde se fait le chantre ne peut se faire en excluant une partie des Ivoiriens, qu’on soit du côté du pouvoir ou de l’opposition. »

Regagner la confiance

En effet, renchérit l’analyste politique Sylvain N’Guessan, interrogé par Le Point Afrique, « il n’y a que le dialogue pour sortir de cette situation de crise politique », bien que l’opposition soit divisée et faible. « Ouattara pourrait former un gouvernement d’union nationale et accepter de réformer la commission électorale » en vue des législatives, poursuit-il. Mais avant, indique-t-on du côté du pouvoir « il faut que l’opposition reconnaisse la victoire d’Alassane Ouattara ». « Pour le moment, constate Le Point Afriquele président Ouattara a adopté une attitude ferme envers les opposants. Il doit toutefois sortir du bourbier et regagner la confiance de la communauté internationale qui n’a pas apprécié sa candidature à un troisième mandat. »

Place à la jeune génération ?

Il n’y a pas d’autres solutions que le dialogue, insiste pour sa part Le Pays au Burkina : « si les autorités en place à Abidjan accueillent sans condescendance l’éventualité d’une négociation et évitent de verser dans la répression féroce de toute voix dissonante, comme on le craint dans les rangs de l’opposition, alors, la Côte d’Ivoire pourrait éviter la meurtrière crise post-électorale que des oiseaux de mauvais augure avaient vite fait de lui prédire. On espère que les trois têtes de gondole de la politique dans ce pays que sont Henri Konan Bédié, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara auront à cœur de quitter dignement la scène dans les mois ou les années à venir, sans verser encore une seule goutte de sang de leurs compatriotes à cause de leurs pulsions vengeresses ou mégalomaniaques. »

Enfin, WakatSéra, toujours au Burkina Faso, hausse le ton : « les hommes forts, prêts à se maintenir au pouvoir ad vitam aeternam, le continent noir n’en n’a plus besoin. Les pays africains, en quête de stabilité et de cohésion sociale, cherchent plutôt à asseoir leur développement sur des institutions fortes. Il est temps, poursuit WakatSéra, que le changement intergénérationnel devienne une réalité, pour impulser un dynamisme nouveau à des pays comme la Côte d’Ivoire et la Guinée qui ont sérieusement mal à leurs classes politiques atteintes de sclérose à faire pâlir de jalousie les monarchies ou les anciens régimes de fer à la Idi Amin Dada. »

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