10 décembre 2024
Paris - France
SPORT

La Rwandaise Salima Rhadia Mukansanga, pionnière de l’arbitrage féminin africain

L’arbitre rwandaise Salima Rhadia Mukansanga entre dans l’histoire du football africain.

Salima Mukansanga, née en 1988 dans le District de Rusizi, est titulaire d’une formation supérieure en soins infirmiers et sages-femmes de l’Université de Gitwe. Avant de se lancer dans le football comme arbitre, Salima a pour ambition de devenir une basketteuse professionnelle. Son rêve n’ira pas plus loin car le pays pendant ces temps là manquait de la logistique adéquate pour l’accompagner. Elle opte finalement pour l’arbitrage dans le football1. Elle obtient son premier certificat en arbitrage un an après la fin de ses études secondaires.

Carrière professionnelle 

Elle commence sa carrière internationale d’arbitre en 2012, tout d’abord comme arbitre assistante puis comme arbitre centrale. Son premier match international comme arbitre centrale est celui qui oppose la Zambie et la Tanzanie lors des qualifications pour le Championnat d’Afrique féminin de football 2014. Puis elle exerce aux Jeux africains de 2015 à Brazzaville, en République du Congo. Elle y est notamment chargé du match d’ouverture du tournoi féminin entre le Nigeria et la Tanzanie, ainsi que de la demi-finale entre le Ghana et la Côte d’Ivoire. Elle intervient également dans le Championnat féminin du CECAFA 2016 qui se déroule en Ouganda. En 2016, elle est l’une des 47 arbitres intervenant pour la Coupe d’Afrique des nations féminine de football. Elle a notamment la responsabilité de l’arbitrage de la finale, entre le Cameroun, pays hôte, et le Nigeria : c’est le Nigeria qui l’emporte 1-0.

En 2017, elle arbitre un match de qualification pour la coupe du monde féminine des moins de 20 ans entre le Kenya et l’Éthiopie. En 2018, elle est arbitre centrale lors de la Coupe du monde féminine des moins de 17 ans, qui se déroule en Uruguay, unique arbitre africaine dans cette compétition. Elle arbitre également des matchs de l’Algarve Cup.

Elle exerce également dans le championnat Premier League au Rwanda, seule arbitre centrale féminine retenue dans ce contexte durant les années 2010. Elle est considérée comme l’arbitre la plus célèbre du pays. En 2019, elle est sélectionnée pour officier comme arbitre centrale lors de la Coupe du monde féminine 2019, qui se tient en France. Elle y arbitre le  le match opposant l’équipe de Suède à celle de Thaïlande. Elle est ensuite sélectionnée pour arbitrer lors du tournoi féminin de football aux Jeux olympiques d’été de 2020

Pour la première fois, un match de Coupe d’Afrique des nations (CAN) a été arbitré par une femme. La Rwandaise Salima Rhadia Mukansanga a en effet officié en tant qu’arbitre central lors de la rencontre entre le Zimbabwe et la Guinée  CAN 2022.

La Rwandaise Salima Rhadia Mukansanga a inscrit une nouvelle ligne de l’histoire du football africain, mardi 18 janvier, en devenant la première femme à arbitrer un match de Coupe d’Afrique des nations lors de la rencontre entre le Zimbabwe et la Guinée (2-1), à Yaoundé.

La Camerounaise Carine Atemzabong et la Marocaine Fatiha Jermoumi et la Marocaine Bouchra Karboubi devaient initialement l’assister. La CAF a finalement préféré lui adjoindre trois arbitres masculins, sans communiquer sur la raison du changement.

La Rwandaise a assuré le rôle avec brio. Elle ne s’est pas particulièrement fait remarquer, ce qui est toujours un bon signe en matière d’arbitrage. Dans un match haché par les fautes, elle a ainsi sifflé à 34 reprises et distribué ses premiers cartons : 3 pour chaque équipe.

La Rwandaise Salima Rhadia Mukansanga est devenue la première femme à arbitrer une rencontre de phase finale de Coupe d’Afrique. Derrière cette avancée historique, la ténacité d’une passionnée de sport venue à l’arbitrage par hasard.

Salima Rhadia Mukansanga est entrée dans l’histoire du football africain le mardi 18 janvier dernier à l’occasion du match entre le Zimbabwe et la Guinée (2-1), à Yaoundé. Ce jour-là, sur la pelouse du stade Ahmadou-Ahidjo, cette Rwandaise de 33 ans est devenue la première femme à arbitrer une rencontre de phase finale de Coupe d’Afrique des Nations masculine. Un match sans histoires pour Mme Mukasanga, mais un match pour l’histoire aux yeux d’Eddy Maillet, directeur des arbitres de la Confédération africaine de football. « Nous sommes extrêmement fiers de Salima car elle a travaillé dur pour être là où elle est aujourd’hui, a déclaré le Seychellois. Nous savons qu’elle a dû surmonter de sérieux obstacles pour atteindre ce niveau et elle mérite qu’on lui accorde du crédit. »

La portée de cette grande première n’a pas davantage échappé aux compatriotes de Salima Rhadia Mukansanga. Présente à la CAN, la journaliste Clarisse Uwimana en témoigne. « Tout le monde au Rwanda est très heureux et fier d’elle, raconte notre consœur. Après son premier match, je me souviens avoir fait une interview avec elle et quand j’ai posté la vidéo, le nombre de réactions a été considérable, jusqu’à l’une des filles du président Paul Kagamé ! Certains Rwandais la connaissaient déjà mais cette CAN l’a fait basculer dans une nouvelle dimension aux yeux de l’opinion publique. » La trajectoire de Salima Rhadia Mukansanga fut tout sauf un long fleuve tranquille. D’abord attirée par le basket, la future « femme en noir » se heurte au manque d’infrastructures. Désireuse de rester dans l’univers du sport, elle se découvre sa vocation au lycée, un jour qu’il manquait un arbitre pour un match de football entre élèves.

Une patiente ascension

Des matchs de deuxième division masculine rwandaise et diverses rencontres féminines lui permettent ensuite de lancer sa carrière. En 2012, elle est promue par la CAF et commence à participer à des rencontres de compétitions continentales, comme arbitre assistante. Deux ans plus tard, une nouvelle étape est franchie : elle est désignée pour la première fois comme arbitre centrale lors d’un match international, un Zambie-Tanzanie comptant pour les éliminatoires du Championnat d’Afrique féminin 2014. La progression de la jeune arbitre continue, et elle devient arbitre centrale lors du Mondial féminin organisé en France, en 2019, puis aux Jeux Olympiques de Tokyo, l’année suivante. Jusqu’à l’aboutissement que l’on connaît, le mois dernier à la CAN.

Pas réapparue ensuite lors du tournoi, Salima Rhadia Mukansanga n’en joue pas moins un rôle important pour le sport féminin, dans toute Afrique comme dans son pays natal. « Ce moment n’est pas seulement pour Salima mais pour chaque jeune fille en Afrique qui a la passion du football et qui se voit comme arbitre dans le futur », estime Eddy Maillet. Un avis partagé par Clarisse Uwimana. « Salima Rhadia Mukansanga peut devenir un modèle pour les jeunes femmes. Parce que tout le monde pense encore que le sport, et en particulier le football, est un jeu d’hommes uniquement, alors quand vous cassez ces barrières comme elle l’a fait, tout le monde commence à réfléchir à deux fois et cela conforte d’autres femmes dans leurs ambitions. » Des ambitions qui ne seront pas de trop pour combler le fossé qui sépare le sport féminin du sport masculin sur le continent en général, et au Rwanda en particulier. « Pour le football féminin rwandais, la situation s’est dégradée, déplore Clarisse Uwimana. Nous avions une équipe nationale et nous n’en avons plus, nous avions un championnat compétitif et c’est aujourd’hui niveau zéro. » Un arbre ne peut pas cacher toute la forêt…

Jean Moliere. 

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