En proie à la dictature des gangs, Haïti n’en finit plus d’avancer sur son chemin de croix. Le pouvoir légitime est désarmé devant la crise économique, le pouvoir des gangs et la corruption institutionnalisée, qui génèrent l’anarchie. La communauté internationale, dans un sursaut d’intérêt, promet une force d’intervention et appelle à des élections.
Premier tour le 30 août 2026
En Haïti, les élections générales reportées sur fond de crise sécuritaire
L’ONU fait pression sur les dirigeants haïtiens pour l’organisation d’élections générales avant le 7 février 2026
Les membres du Conseil de sécurité de l’ONU ont averti mercredi (22 octobre) les dirigeants haïtiens que le temps presse pour rétablir la sécurité et organiser des élections générales, à l’approche de la date limite pour l’installation d’un nouveau gouvernement.
Le Conseil présidentiel de transition d’Haïti est chargé d’organiser des élections générales avant le 7 février 2026, date à laquelle ses neuf membres doivent se retirer.« Le temps de la transition est compté. Je crains qu’aucune voie stable vers le rétablissement de la gouvernance démocratique ne se dessine encore. »
Carlos Ruiz Massieu, représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU pour Haïti et chef du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti
La date exacte des élections générales, les premières depuis près de dix ans, n’a pas encore été annoncée, alors que la violence des gangs embrase la capitale haïtienne et au-delà. Les préparatifs techniques sont malgré tout en cours.
Le Conseil électoral provisoire d’Haïti a évalué les centres de vote dans neuf des dix départements du pays, et en a identifié 1 309 pour environ 6,2 millions d’électeurs.
Le premier tour de ces élections coûterait près de 137 millions de dollars. Le ministère haïtien de la Justice a annoncé mardi soir que plus de 220 partis politiques avaient entamé leur processus d’enregistrement.
Mais la violence des gangs reste préoccupante. L’ONU a recensé 2 123 victimes entre le 1er juin et le 31 août en Haïti, avec une recrudescence des meurtres dans les départements de l’Artibonite et du Centre.
« Haïti se trouve véritablement à la croisée des chemins« , a déclaré Mike Waltz, ambassadeur des États-Unis auprès de l’ONU, lors de la réunion de mercredi.
« La communauté internationale doit soutenir Haïti dans la reprise en main du pays… La classe politique et le secteur privé haïtiens doivent également contribuer au soutien d’un gouvernement démocratiquement élu. »
Mike Waltz, ambassadeur des États-Unis auprès de l’ONU
La campagne électorale intervient près d’un mois après que le Conseil de sécurité de l’ONU a autorisé la création d’une force dite de répression des gangs. Elle est destinée à remplacer une mission plus réduite, dirigée par la police kenyane, en sous-effectif et sous-financée.
Peu d’informations ont été communiquées sur le calendrier de déploiement de cette nouvelle force, qui compterait 5 550 hommes, disposer d’un mandat de 12 mois et pouvoir arrêter des membres présumés de gangs. Une prérogative qui manque à la force actuelle.
Mercredi, la Russie a exprimé sa préoccupation concernant l’implication de mercenaires étrangers en Haïti, et dénoncé les meurtres de civils dans la lutte contre les gangs.
L’ONU a indiqué dans un récent rapport que les opérations de drones ont tué 527 membres présumés de gangs et 20 civils, dont 11 enfants, entre le 1er mars et le 20 septembre.
Les gangs contrôlent environ 90 % de Port-au-Prince, et les violences persistantes ont déplacé un nombre record de 1,4 million de personnes à travers Haïti.
De janvier à juin, plus de 3 100 personnes ont été tuées en Haïti et 1 100 autres blessées, selon les Nations Unies.
Source AP

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