26 janvier 2025
Paris - France
INTERNATIONAL

Haïti : au moins 200 morts ce week-end dans des violences orchestrées par un chef de gang

Les soldats kenyans déployés au sein de la force multinationale soutenue par l’ONU subissent des attaques répétées des gangs qui contrôlent une grande partie de Port-au-Prince, capitale haïtienne. Ils sont plus que jamais décidés à venir à bout de la violence.

Les Kenyans, qui ont été déployés en Haïti plus tôt cette année pour aider à réprimer la violence des gangs, ont été confrontés à des attaques incessantes.

Jeudi, des coups de feu ont éclaté à Port-au-Prince alors que des officiers kenyans repoussaient des gangs lourdement armés qui contrôlent 85 % de la ville et se battent pour en prendre le contrôle total.

Les Kenyans, rejoints par des officiers haïtiens, se sont accroupis derrière des sacs de sable et un mur de béton devant les anciens bureaux de la police nationale que les autorités ont été forcées d’abandonner ces dernières années à cause des gangs envahissants. Les balles sifflaient alors que la police gardait la tête basse et ripostait.

« Rien que le week-end dernier [vendredi 6 et samedi 7 décembre, NDLR], au moins 184 personnes ont été tuées dans des violences orchestrées par le chef d’un puissant gang », a indiqué Volker Türk, le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, lors d’une conférence de presse à Genève, en Suisse.

« Ces derniers meurtres portent le bilan des morts en Haïti cette année au nombre faramineux de 5 000 personnes », a-t-il souligné, ne donnant pas donné d’autre détail sur les événements survenus durant le week-end dans la capitale haïtienne.

Le chef de l’ONU Antonio Guterres a condamné des actes « terrifiants », appelant les autorités haïtiennes à s’assurer que les responsables soient « traduits en justice », selon son porte-parole.

Le quotidien américain New York Times a rapporté pour sa part le meurtre de plus de 100 personnes ce week-end dans la capitale haïtienne en se référant à une ONG basée à Port-au-Prince, National Human Rights Defense Network. Jointe par l’AFP, l’organisation n’a pas répondu dans l’immédiat.

Corps mutilés et brûlés

« Il [le chef de gang] a décidé de punir cruellement toutes les personnes âgées et les pratiquants vaudous qui, dans son imagination, seraient capables d’envoyer un mauvais sort à son fils », a expliqué l’ONG haïtienne Comité pour la paix et le développement (CPD) dans un communiqué.

« Les soldats du gang étaient chargés d’identifier les victimes dans leurs maisons et de les emmener au fief du chef pour y être exécutés », a ajouté CPD qui précise que la plupart des personnes tuées vendredi et samedi étaient âgées de plus de 60 ans, mais des jeunes, qui ont essayé de s’interposer, figurent également parmi les victimes.

« Des sources fiables au sein de la communauté indiquent que plus de 100 personnes ont été massacrées, leurs corps mutilés et brûlés dans la rue », précise le communiqué de l’organisation.

Depuis des dizaines d’années, Haïti pâtit d’une instabilité politique chronique et d’une crise sécuritaire liée à la présence de gangs armés accusés de meurtres, d’enlèvements et de violences sexuelles à large échelle.

La violence des gangs, déjà endémique dans ce pays des Caraïbes, s’aggrave depuis février. Ces derniers contrôlent 80 % de la capitale Port-au-Prince.

Ces violences ont poussé plus de 700 000 personnes, pour moitié des enfants, à fuir leur domicile, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). S’y ajoutent près de 5 000 personnes ayant fui les attaques ces derniers jours, a fait savoir lundi l’OIM.

Soutenue par l’ONU et Washington, une mission multinationale de soutien à la police menée par le Kenya a commencé à se déployer cet été.

Sur le réseau social X, Sean Savett, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, a exhorté lundi la communauté internationale à « apporter une assistance immédiate en matière de sécurité » à la mission multinationale et aux forces de sécurité haïtiennes.

D’origine africaine et pilier de la culture du pays, le vaudou est arrivé en Haïti avec les esclaves africains. Il avait été interdit pendant l’occupation coloniale française (indépendance en 1804) et n’a été reconnu comme une religion officielle par le gouvernement qu’en 2003.

« Les jours sont comptés pour les gangs« , a déclaré à l’Associated Press Godfrey Otunge, commandant de la mission soutenue par les Nations Unies et dirigée par le Kenya. « Soit vous vous rendez… soit nous venons vous chercher« .

La police est confrontée à une tâche ardue. Plus de 4 500 personnes auraient été tuées en Haïti cette année et 2 060 autres blessées, selon l’ONU.

Jean Moliere /  AFP

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