Le vide laissé par la disparition, en mars, du grand maître de Côte d‘Ivoire, le premier ministre Hamed Bakayoko, n‘est toujours pas comblé. Assisté du magnat de la grande distribution Adnan Houdrouge, le grand maître par intérim Sylvère Koyo tente de s‘imposer face à des frères de plus en plus réticents.
C‘est un véritable conseil de famille qui aura lieu ce lundi soir entre gradés de la Grande loge de Côte d‘Ivoire (GLCI). Figure historique et « sage » de la loge, dans laquelle il a initié son beau–fils devenu grand maître, le premier ministre Hamed Bakayoko, l‘avocat Emmanuel Kouadio Tanoh a convoqué ses frères à une réunion de « clarification et de recadrage”. Principal sujet à l‘agenda : les efforts du grand maître par intérim Sylvère Koyo pour pérenniser sa position et écarter ses concurrents avant la prochaine assemblée générale d‘avril 2022, durant laquelle les maçons gradés doivent élire le nouveau grand maître.
Un récent incident a précipité la crise : lors de la cérémonie d‘intronisation, à Cotonou, d‘Eustache Kotingan, nouveau grand maître de la Grande loge du Bénin, affiliée à la GLCI, Sylvère Koyo est apparu en tablier de grand maître, tenue à laquelle son poste d‘intérim ne lui donne théoriquement pas droit. Ses frères béninois, qui comptent de nombreux proches d‘Hamed Bakayoko, au premier rang desquels Maixent Accrombessi, ainsi que les maçons européens présents à la cérémonie, lui ont interdit l‘accès à la loge et demandé de se changer. Des membres de la GLCI ont fait des gorges chaudes de ce dysfonctionnement de
garde–robe, immédiatement diffusé par messagerie.
Promotions électorales
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Pour écarter ses deux concurrents au poste suprême – le docteur–pharmacien Albert Pitté et le ministre des eaux et forêts Alain Richard Donwahi, qui a déjà le titre de député grand maître–, Sylvère Koyo a procédé à de nombreuses promotions au sein de la loge (seuls les maçons gradés votent à l‘assemblée générale). Il a notamment élevé Cole Koffi Anthony, ex–chef du protocole de Hamed Bakayoko, au rang de chancelier, ainsi que l‘actuel ministre de l‘environnement et concurrent d‘Alain Richard Donwahi au sein du gouvernement, Jean–Luc Assi, au grade de très respectable frère.
Convoqué par les Sages de la loge, au premier rang desquels Emmanuel Tanoh, pour s‘expliquer sur ces promotions, qui ne relèvent normalement pas des prérogatives d‘un intérimaire, Sylvère Koyo ne s’est pas présenté : il considère que ses actions sont permises par l‘article 7 des statuts de la GLCI. Plusieurs frères vont jusqu‘à le soupçonner de vouloir organiser une élection anticipée dès le mois de septembre pour se faire élire à la tête de l‘obédience.
Sylvère Koyo a confié les finances de la GLCI, soit près de 2 milliards de francs CFA issus des cotisations et donations des membres (3 millions d‘euros) à son bras droit, l‘homme d‘affaires et résident monégasque Adnan Houdrouge, actionnaire du leader ouest–africain de la grande distribution Prosuma.
AI
