22 janvier 2025
Paris - France
ECONOMIE

Finance africaine, poids de la dette et start-up tech

Trump, Zlecaf, inflation… Les analyses de Jeremy Awori, CEO d’Ecobank

AFIS 2024. Le banquier Kényan, patron de l’une des plus grandes banques d’Afrique subsaharienne, a accordé un entretien en vidéo à Jeune Afrique et The Africa Reportà la veille de l’Africa Financial Summit*, qui se tient les 9 et 10 décembre à Casablanca, au Maroc.

Décideurs politiques, gouverneurs de banques centrales, cadres dirigeants de banques et de compagnies d’assurance, champions de la fintech, opérateurs du marché de capitaux… Plus d’un millier d’acteurs du secteur financier africain s’y retrouvent pour échanger sur les réformes structurelles nécessaires pour renforcer la résilience de l’écosystème financier africain, et lever les obstacles au financement des économies du continent.

Trump et l’Agoa. C’est l’un des sujets qui, ces dernières semaines, concentre l’attention du secteur financier africain : quelles vont être les conséquences du retour prochain de Donald Trump à la Maison-Blanche ? Jeremy Awori ne cache pas que l’enjeu est, potentiellement, de taille, en particulier sur la renégociation de l’African Growth and Opportunity Act (Agoa) prévue en 2025.

« Nous espérons vraiment que l’Agoa ne sera pas affecté parce qu’il touche une grande partie des exportations des pays africains, commente Jeremy Awori. Pour ce qui est de la Chine – même si nous attendons de voir ce qu’il en sera –, la question des droits de douane beaucoup plus élevés sur les produits chinois pourrait avoir un impact indirect sur les importations de produits de base. »

Maintenir la pression. La Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), présentée comme l’un des instruments qui pourraient réduire la très forte sensibilité des économies africaines aux aléas économiques et géopolitiques, est encore loin d’être passée des promesses à la réalité. Sur ce sujet, Jeremy Awory pointe deux urgences : combler les « énormes lacunes en matière de financement des infrastructures » et « faciliter la circulation des personnes ». Et un moyen, pour y parvenir : « maintenir la pression » sur les décideurs politiques.

1 400 milliards de dollars. C’est la somme qu’ont dû débourser, en 2023, les pays en développement au seul titre du service de la dette. C’est-à-dire uniquement sur les intérêts. « Les paiements d’intérêts ont augmenté de près d’un tiers et se sont élevés à 406 milliards de dollars, grevant, dans de nombreux pays, les budgets pouvant être alloués à des domaines critiques tels que la santé, l’éducation et l’environnement », alerte la Banque mondiale dans le rapport qu’elle a publié le 3 décembre sur cet abysse de la dette. « L’argent sort des économies pauvres alors qu’il devrait y entrer », déplore Indermit Gill, l’économiste en chef de l’institution de Bretton Woods.

 Sénégal, Algérie, RDC… Quel pays d’Afrique est le plus endetté ?

Bons et mauvais élèves. En Afrique subsaharienne, le stock de dette s’élevait, fin 2023, à 864 milliards de dollars. Soit une hausse de plus de 250 % par rapport à 2010. Mais dans le détail, la situation est plus contrastée, rapporte Thaïs Brouck dans l’analyse qu’il livre de ces données pour le moins inquiétantes. Il relève notamment que le Sénégal est, après le Mozambique, le deuxième pays le plus endetté du continent, avec un stock de dette de 40 milliards de dollars, soit 133 % de son revenu national brut (RNB).

Disrupt Tech : Matta, la start-up qui veut booster l’industrie africaine

Problème africain, solution africaine. Pour le deuxième épisode de notre série vidéo Disrupt, qui vous propose de partir à la rencontre de celles et ceux qui font bouger la tech africaine, nous vous proposons de découvrir Matta, la start-up créée par le Nigérian Mudiaga Mowoe.

Le principe de l’application qu’il a lancée est simple, et pourtant potentiellement révolutionnaire : mettre en relation directe les industriels avec les acteurs du secteur des produits chimiques et des matières premières. Si des systèmes de ce type existent aux États-Unis, en Europe ou en Asie, c’est une première en Afrique. Et il s’agit d’une « solution africaine à un problème africain », insiste le fondateur de l’entreprise.

600 milliards de dollars. C’est ce que représente, chaque année, le marché des produits chimiques et des matières premières sur le continent. Le potentiel est donc gigantesque pour la start-up nigériane. Et en deux ans, Matta semble être parvenue à se faire une place dans le secteur : elle compte, parmi ses clients, plusieurs acteurs internationaux, de Coca-Cola à BASF en passant par Air Liquide.

Jean  Moliere

JA et l’Africa CEO Forum, en partenariat avec la Société financière internationale (IFC), l’Africa Financial Summit – AFIS soutient l’industrie financière africaine dans sa transformation.

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