7 décembre 2025
Paris - France
POLITIQUE

En Côte d’Ivoire, la guerre pour la succession de Laurent Gbagbo est déclarée 

Depuis qu’il a annoncé, le 22 octobre dernier, son retrait de la vie politique après les législatives, l’exprésident et patron du PPACI a ouvert la porte aux ambitieux. Si trois de ses cadres ne font pas mystère de leur ambition de lui succéder, ils sont nombreux à revendiquer son héritage. Coulisses

Le 24 novembre, sur le plateau de la chaîne NCI, Charles Blé Goudé a jeté un pavé dans la mare. L’ancien leader de la galaxie patriotique et président du Congrès panafricain pour la justice et l’égalité des peuples (Cojep) s’en est personnellement pris à Hadia Nadiany Gbagbo, dite <<Nady», l’épouse de Laurent Gbagbo, et Stéphane Kipré, l’exgendre de ce dernier. << Il y a Stéphane Kipré qui est parrainé par Nady Bamba avec tout le groupe des anciens UNG [Union des nouvelles générations]. Ce sont eux qui aujourd’hui sont venus diviser la gauche », atil lancé

<<Nady Bamba m’a envoyé mon ancien directeur de cabinet, Diaby Youssouf, à La Haye avec ce message: Dis à Blé Goudé que tant que je suis en vie il ne verra plus jamais Laurent Gbagbo de ses yeux et que tôt ou tard j’aurai sa peau», atil poursuivi. Des déclarations très commentées qui esquissent les coulisses d’une guerre de succession au Parti des peuples africainsCôte d’Ivoire (PPACI) et qui font écho à celles d’Arsène Touho, lequel épingle depuis plusieurs semaines un «< corridor de La Haye ». Cet ancien proche de Stéphane Kipré, qui fut aussi membre de l’équipe de campagne Europe du candidat à la présidentielle Ahoua Don Mello, dénonce un << plan d’appropriation et d’expropriation de l’héritage politique de Gbagbo >>

 En Côte d’Ivoire, Charles Blé Goudé et le pari de la << victoire reportée >> 

Depuis le 6 novembre, après que Laurent Gbagbo a déclaré être << contre l’élection à court terme » pour les élections législatives du 27 décembre, son parti s’enfonce dans la crise. Vingtdeux cadres ont été révoqués, dix- neuf militants suspendus et les Ligues des jeunes et des femmes ont été dissoutes. Une discipline qu’une source proche du parti qualifie sans détour de << soviétisme >>

Trois héritiers << officiels » dans la course 

Malgré les turbulences, trois candidats à la succession ne se cachent pas: Justin Koné Katinan, président du Conseil stratégique et politique (CSP), Hubert Oulaye, viceprésident, et Jean Gervais Tchéidé, secrétaire général. << Ils privilégient le combat pour la succession du président Gbagbo à l’intérieur du parti », explique une source proche de la direction du PPACI. Tous trois ont renoncé aux élections législatives du 27 décembre pour préserver leurs chances. D’ailleurs, au sein du CSP dirigé par Katinan, <«<le président Gbagbo avait été mis en 

minorité » sur la participation au scrutin, avant que le 

Comité central ne tranche finalement en faveur du 

boycott

 Législatives en Côte d’Ivoire : comment le parti de Gbagbo a plongé dans la crise 

Ce sang qui sauve des vies 

Le président exécutif Sébastien Dano Djédjé semble quant à lui hors course. << Il est physiquement épuisé et il a bien compris qu’à un moment donné, il faut savoir 

lâcher >>, poursuit notre source. Pourtant, un cadre récemment sanctionné conteste cette version assurant que l’intéressé fait lui aussi parmi des prétendants

Arsène Touho, joint par JA, distingue les héritiers 

<«<loyaux»>, qui ont respecté la discipline du parti face aux <<< rebelles >> qui veulent acquérir une légitimité électorale et qui sont susceptibles d’apporter des sièges et des financements. Les premiers ne pourront faire valoir que leur fidélité

Gbagbo accepteratil que l’histoire s’écrive sans lui

D’autres figures historiques du combat de Laurent Gbagbo peuvent également revendiquer une part de son héritage politique, à savoir Charles Blé Goudé, Pascal Affi 

N’Guessan ou encore Ahoua Don Mello. Ce dernierancien viceprésident du PPACI, démis de ses fonctions en raison de sa candidature à la présidentielle du 25 octobre, tente de rassembler et ainsi, de se repositionner

Dans un communiqué publié le 23 novembre, il appelle explicitement à << la construction d’une gauche plurielle et démocratique, à même de servir de laboratoire pour 

repenser le contenu de notre modèle de société, bâtir une stratégie et une tactique pour l’avènement de la démocratie et la fin du parti État ». Quant à son éventuel 

retour au PPACI, l’un de ses proches reste prudent  

<< Certains y sont favorables [] mais estce que lui y est favorable? Pour le moment, il émet beaucoup de 

réserves »

 Législatives en Côte d’Ivoire : le PPACI de Laurent Gbagbo au bord du « suicide collectif >>> 

Quant à la suite, un ancien membre de la direction du parti révoqué de ses fonctions évoque trois scénarios: Gbagbo ne se retire pas, ou il joue le jeu démocratique, ou 

il choisit luimême son successeur. << Tout choix va entraîner d’énormes frustrations et certainement une autre fragmentation du parti »>, poursuitil. Jean Bonin, ancien viceprésident du Front populaire ivoirien (FPI

version Affi N’Guessan, est plus pessimiste : « Je ne pense pas que Gbagbo se retirera vraiment, assuretil. Il s’arrangera toujours, même à la retraite, pour continuer à tirer les ficelles >>. Bonin révèle même qu<< en 2010, Gbagbo envisageait de liquider le FPI »>, estimant que «<ce 

n’est pas un parti politique qu’il a créé, c’est son parti politique >>

Paradoxalement, l’annonce du retrait de l’ancien chef de l’État, loin de rassembler, divise. «Quelle serait la substance de l’héritage de Gbagbo quand il interdit à ses 

partisans [] d’aller briguer des postes électifs au moment même il parle de sa retraite ? » questionne Arsène Touho. Selon lui, il s’agit d<< un héritage quasiment saboté, vidé de son contenu». Une guerre qui pourrait bien sonner le glas d’un parti conçu dès l’origine comme l’instrument personnel d’un homme qui, selon ses proches, «peine à accepter que l’histoire puisse s’écrire sans lui»

JA

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