Les assaillants semblent avoir tiré au hasard sur la clientèle de bars de Soweto, près de Johannesburg, et de Pietermaritzburg, dans l’est du pays, dans la nuit du samedi 9 juillet au dimanche 10 juillet.
Deux fusillades se sont produites dans deux villes d’Afrique du Sud, pourtant distantes de 500 kilomètres, dans la soirée de samedi et la nuit de samedi à dimanche. A Soweto, près de Johannesburg, quinze personnes, dont deux femmes, ont été tuées par les assaillants, qui ont ouvert le feu, avec des armes de gros calibre, sur la foule, « qui s’amusait », tandis qu’à Pietermaritzburg, dans la région zouloue de l’est du pays, quatre personnes ont été tuées par deux hommes qui ont tiré au hasard sur les clients attablés.
« Nous ne pouvons permettre que de violents criminels nous terrorisent de la sorte », a réagi le président du pays, Cyril Ramaphosa, dans un communiqué. Ces morts violentes sont « inacceptables et inquiétantes », a-t-il ajouté, présentant ses condoléances aux familles.
La police a été appelée dans la nuit, vers minuit et demi, à Soweto, le plus grand township historique de Johannesburg, dans le sud-ouest de la capitale économique sud-africaine. « Quand nous sommes arrivés sur place, douze personnes étaient mortes, portant des blessures par balle », a précisé à l’Agence France-Presse Nonhlanhla Kubheka, commandante du commissariat d’Orlando, le quartier de Soweto où le drame s’est déroulé.
Une dizaine de blessés ont été transportés à l’hôpital et trois d’entre eux y sont morts peu après leur arrivée, a-t-elle fait savoir en début de matinée. Les victimes sont jeunes, âgées de 19 à 35 ans.
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Des enquêtes ouvertes, pas encore d’arrestation
Aucune précision n’était disponible à propos des agresseurs. « Ils sont arrivés et ont tiré sur les gens qui s’amusaient », a décrit Mme Kubheka. « Selon des témoins, ils ont tiré au hasard » avant de repartir dans une camionnette blanche, a confirmé Elias Mawela, le chef régional de la police.
Les forces de l’ordre n’ont procédé à aucune arrestation, mais une enquête a été ouverte. Une équipe de la police scientifique était encore sur place à la mi-journée pour collecter tous les indices possibles.
Des centaines de personnes du quartier étaient massées derrière les cordons de la police judiciaire. Les corps ont été emmenés. Devant l’établissement, seule une petite pancarte annonçant les prix de la bière était visible. Des proches en pleurs ont tenté d’approcher mais ont été pris en charge par les policiers.
Fusillades fréquentes
Dans le township de Sweetwaters, près de Pietermaritzburg, la fusillade a éclaté vers 20 h 30 dans un bar et a fait quatre morts et huit blessés, a confirmé le porte-parole local de la police, Nqobile Gwala. « Un groupe de personnes buvaient des verres dans une taverne et une voiture s’est garée devant [l’établissement] » , a expliqué le lieutenant-colonel dans un communiqué. « Deux hommes ont sauté de la voiture, sont entrés dans le bar et ont ouvert le feu indistinctement sur les clients », a-t-il ajouté.
Douze personnes ont été touchées ; deux sont mortes sur place, suivies par deux autres victimes à l’hôpital, a détaillé M. Gwala. Les huit autres restent hospitalisées. Les personnes tuées ont entre 30 et 45 ans ; une enquête a également été ouverte.
Selon le maire, Mzimkhulu Thebola, tout est allé très vite. Pas de vol, aucune conversation ni bagarre. « Chaque semaine, nous apprenons que des gens ont été abattus au hasard », a commenté l’élu, vêtu d’une doudoune aux couleurs de l’ANC, le parti historique au pouvoir en Afrique du Sud. Le bar, à une bonne vingtaine de kilomètres du centre de Pietermaritzburg, se situe dans une zone semi-rurale, près d’une station de lavage de voitures et d’un magasin d’alcool.
Ces faits surviennent un an après les pires violences connues par le pays depuis la fin de l’apartheid et l’avènement de la démocratie. Déclenchés, au départ, par l’incarcération de l’ancien président Jacob Zuma, condamné pour outrage à la justice et poursuivi pour des faits graves de corruption, ces soulèvements s’inscrivaient dans un climat social et économique tendu.
En juillet 2021, ces émeutes, pillages massifs et destructions de sites industriels, principalement à Johannesburg et dans la province du Kwazulu-Natal, dans l’est du pays, avaient fait plus de 350 morts.