16 janvier 2025
Paris - France
EUROPE

Cyclone à Mayotte: « situation dramatique », le bilan s’annonce « lourd »

« Un carnage » : le bilan du cyclone Chido à Mayotte pourrait dépasser le millier de morts.

Après le passage du cyclone Chido à Mayotte, les habitants sont sidérés. Le bilan pourrait être extrêmement lourd, peut-être plus d’un millier de morts. Certaines infrastructures sont détruites.

Le cyclone tropical Chido est déjà loin de l’archipel de Mayotte mais ses dégâts sont toujours là. Au bout de plusieurs heures de confinement, les habitants ont pu sortir. Ils ont ainsi découvert l’étendue des destructions. La gendarmerie a publié sur X des images effroyables.

Débris de tôle ondulée, de planches, d’arbres abattus : au lendemain du passage du cyclone Chido qui a ravagé Mayotte, des secours acheminés par un pont aérien ont commencé à arriver dimanche dans le «décor apocalyptique» du département le plus pauvre de France.

Selon un bilan très provisoire, ce cyclone tropical d’une intensité exceptionnelle a fait «certainement plusieurs centaines» de morts, selon le préfet.

«Le bilan humain est très délicat à consolider», a prévenu dans l’après-midi le ministère de l’Intérieur. Les autorités craignent qu’il «soit lourd», comme l’a dit dès samedi soir le ministre de l’Intérieur démissionnaire Bruno Retailleau.

D’après le maire de Mamoudzou Ambdilwahedou Soumaila, neuf personnes blessées ont été prises en charge au Centre hospitalier de Mayotte (CHM) en urgence absolue, et 246 en urgence relative.

DES RAFALES À PLUS DE 220 KM/H

«L’hôpital est touché, les écoles sont touchées. Des maisons sont totalement dévastées. Le phénomène n’a rien épargné sur son passage», a-t-il décrit. Tête de proue d’un pont aérien et maritime organisé depuis l’île de La Réunion, territoire français distant de 1.400 km à vol d’oiseau, le premier avion de la sécurité civile depuis le passage du cyclone a atterri dimanche à Mayotte à 15H30 locales (13H30 heure de Paris), transportant du matériel de secours et des personnels médicaux.

Avec des rafales de vent observées à plus de 220 km/h, le cyclone Chido est le plus intense à frapper le territoire ultra-marin depuis plus de 90 ans, selon Météo-France. Des cases ont été anéanties, des toits de tôle ondulée se sont envolés, des poteaux électriques sont tombés à terre, des arbres et bambous ont été brisés… La plupart des routes sont impraticables, les communications extrêmement difficiles.

L’habitat précaire, qui concerne environ un tiers de la population de l’archipel estimée à 320.000 habitants, est «entièrement détruit» et de nombreuses installations de service public ont été détruites ou endommagées, obligeant les autorités à fonctionner dans des conditions dégradées, selon le ministère de l’Intérieur.

Ibrahim, un habitant de Mayotte, a tenté de rejoindre l’ouest de l’île principale dimanche matin en déblayant les axes au fur et à mesure dans «un décor apocalyptique». «Seules quelques maisons en dur ont tenu. Il ne reste rien des bidonvilles», a-t-il rapporté.

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Nombre d’immigrés sans papiers habitant les bidonvilles n’avaient pas rejoint les abris prévus par la préfecture, «en pensant que ce serait un piège qu’on leur tendait (…) pour les ramasser et les conduire hors des frontières», a expliqué Ousseni Balahachi, infirmier à la retraite et secrétaire départemental CFDT.

«Ces gens-là sont restés jusqu’à la dernière minute. Quand ils ont vu l’intensité du phénomène, ils ont commencé à paniquer, à chercher où se réfugier. Mais c’était déjà trop tard, les tôles commençaient à s’envoler», a-t-il regretté.

UN DÉCOMPTE DES VICTIMES COMPLIQUÉ

Dans ce contexte chaotique, le décompte des victimes est encore compliqué par la tradition musulmane d’une grande partie de la population mahoraise, qui devrait enterrer ses morts dans la journée conformément aux préceptes de l’islam avant qu’ils ne puissent être comptabilisés, a indiqué le ministère de l’Intérieur.

Pour coordonner l’action des secours, le préfet de La Réunion, chargé de la zone de défense et de sécurité du sud de l’océan Indien, a tenu dimanche matin une réunion de gestion de crise.

Poursuivant sa course, le cyclone tropical Chido a frappé le nord du Mozambique dimanche matin. Seuls des dégâts mineurs ont été recensés dans les îles des Comores voisines, sans faire de mort.

L’alerte rouge levée

L’alerte rouge a été levée à Mayotte « pour permettre à chacun de pouvoir se déplacer plus librement, nous avons désormais à reconstruire », explique le représentant de l’Etat. « La France est un grand pays et Mayotte fait partie de la France. La grande qualité de la France c’est de savoir se relever. » Le préfet a défini trois priorités : la sécuriser la population, rétablir la circulation et les services publics essentiels et établir un pont aérien avec La Réunion et l’Hexagone pour permettre l’envoi de renforts et de ravitaillement.  »

Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, et le ministre des Outre-mer, François-Noel Buffet se rendront dès ce lundi à Mayotte. « Les ministres ont décidé de venir au chevet de Mayotte, je pense que c’est un signe extrêmement fort », ajoute François-Xavier Bieuville. Les ministres devraient « annoncer un certain nombre de choses et faire passer le message de rester courageux et solidaire. »

« Si c’était à refaire, j’en ferais encore plus informer »

« Nous l’avons tous vécu dans notre chair. J’étais au centre de commandement avec tous les services mobilisés et le plafond s’est envolé, on s’est retrouvé face à la tempête », raconte le préfet, évoquant un phénomène « extrêmement violent » pour chacun d’entre nous. « Dans une préparation de crise, on essaye de faire tout notre possible. Si c’était à refaire, j’en ferai encore plus pour aller loin dans l’information. » 120 centres d’hébergement d’urgence ont été ouverts, 10.000 habitants ont été mis à l’abri. « Au moment de l’événement, des personnes arrivaient encore dans les centres », constate François-Xavier Bieuville.

Concernant le rétablissement des services essentiels, l’eau a déjà pu être rétablie dans certaines communes comme Chirongui, Sada ou encore M’tsamboro. « J’avais pris la précaution de faire remplir les cuves avant l’événement pour faire en sorte de rétablir l’eau rapidement. C’est ce qui a été fait », ajoute François-Xavier Bieuville. « Les quatre usines ont été terriblement endommagées, l’usine de l’Ouroveni a déjà pu refonctionner. » Du côté de l’électricité, le courant est déjà rétabli progressivement dans certains secteurs. « Il faut remettre des pylônes, retendre des fils, nous y travailler pour que les Mahorais puissent récupérer le courant le plus rapidement possible. »

Jean Moliere avec AFP

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