8 décembre 2025
Paris - France
AFRIQUE

Crise à l’Est de la RDC : Vers une harmonisation des médiations entre le Rwanda, le M23 et la communauté internationale

Un tournant diplomatique à Doha

Le 30 avril 2025, Doha a accueilli une réunion diplomatique d’envergure réunissant les médiateurs américains, français, qataris et togolais. L’objectif : œuvrer à une sortie de crise dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC), en proie à une insécurité chronique, exacerbée par l’implication du Rwanda et la résurgence du groupe rebelle M23.

À la question de savoir si l’on avance vers une approche coordonnée des différentes médiations, un diplomate togolais rencontré à Doha répond par l’affirmative : « Des efforts sont en cours pour harmoniser les initiatives, c’est tout le sens de cette rencontre ».

Une crise sécuritaire et humanitaire persistante

Depuis janvier 2025, les violences dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu ont causé des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés. Le M23, soutenu par Kigali, contrôle plusieurs zones stratégiques, notamment les villes frontalières de Goma et Bukavu.

Les précédents processus de paix, notamment ceux de Luanda et de Nairobi, n’ont pas permis d’aboutir à un accord durable, en raison de divergences profondes entre les parties prenantes.

Le rôle-clé du Qatar dans la médiation

Le Qatar a marqué les esprits en mars 2025, en parrainant une rencontre sous haute tension entre le président congolais Félix Tshisekedi et son homologue rwandais Paul Kagame. Un accord sur un cessez-le-feu immédiat avait été acté, mais sa mise en œuvre reste incertaine, faute de mécanismes de vérification efficaces.

Le Qatar a également facilité la publication d’un communiqué conjoint entre le gouvernement congolais et les représentants de la rébellion AFC-M23, une première depuis le retour des combats.

Une médiation multilatérale en construction

La présence des médiateurs togolais, qataris, américains et français à Doha symbolise une volonté de consolidation des démarches diplomatiques. Chacun apporte son expérience, ses réseaux et ses outils.

Le Togo, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Robert Dussey, se positionne comme un acteur de dialogue entre toutes les parties. Les États-Unis, de leur côté, intensifient leur implication directe en facilitant les contacts, tandis que la France agit dans l’ombre par des démarches de bons offices, notamment dans le cadre onusien.

Une réunion stratégique a ainsi été organisée par le ministre d’État qatari aux Affaires étrangères avec :

  • Massad Boulos, conseiller Afrique de Donald Trump,
  • Jérémie Robert, conseiller Afrique d’Emmanuel Macron,
  • Robert Dussey, chef de la diplomatie togolaise.

Les délégations de la RDC et du Rwanda ont été associées à cette rencontre visant à identifier les causes profondes de la crise.

Une paix encore fragile

Alors que les discussions se poursuivent à Doha, le secrétaire d’État américain a informé l’ex-président Trump qu’une rencontre décisive est prévue à Washington le 2 mai, en vue de la signature d’un accord de paix entre la RDC et le Rwanda.

Mais sur le terrain, les défis restent nombreux :

  • Suspension des pourparlers en avril 2025 à cause de divergences sur les mesures de confiance (comme la libération de prisonniers du M23),
  • Refus de Kinshasa de reconnaître politiquement le M23,
  • Reprise des violences, notamment à Walikale, zone stratégique de l’Est congolais.
Conclusion : une paix conditionnée à la volonté politique

Malgré les avancées diplomatiques récentes et les efforts d’harmonisation en cours, la résolution de la crise à l’Est de la RDC demeure incertaine. La mise en œuvre des engagements pris, la construction de mécanismes robustes de contrôle, et surtout, une volonté politique affirmée de toutes les parties seront les clés pour transformer cette dynamique en une paix durable.

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